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29 oct. 2015
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Anatole Amavi (Modzik) : "La génération actuelle a tout compris"

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29 oct. 2015

Depuis 15 ans, le magazine Modzik rapproche dans ses pages sur papier glacé artistes et mode. Dans son numéro 45, qui bénéficie d’une édition spéciale à tirage numéroté et de deux unes avec Lilly Wood & The Prick et Disclosure, Modzik adresse un clin d’œil sans nostalgie à ses quinze années de rencontres. Instigateur de cette parution indépendante, Anatole Amavi a progressivement renforcé le projet installant son site Internet, mais aussi son agence événementielle et d’accompagnements de marques Hop pop pop. Via cette aventure éditoriale, il a aussi vu l’évolution des relations entre mode et musique.
 

Anatole Amavi, observateur privilégié de la relation entre marques et artistes - DR


Fashionmag : Modzik fête ses quinze ans. Comment est célébré cet anniversaire ? 

Anatole Amavi : Dans ce numéro, l’idée était de rassembler une sélection des personnages et des moments forts vécus durant ces quinze années. Nous n’avons pas voulu faire dans la nostalgie, mais nous avons repris de manière créative les portraits parus. On retrouve les portraits de Beth Ditto, d’Adèle et d’autres avant qu’ils ne connaissent le succès. On a voulu montrer que le mag n’a pas tant changé. Dans le fond, nous défendrons toujours les artistes qui ont le potentiel pour devenir grand. Si un jour on a la chance de faire la une de Beyoncé, il faudra une cohérence. Ce sera pour mettre en avant un engagement de sa part, pas pour vendre du papier.

FM : Quinze ans, dans la presse indépendante, ce n’est pas si simple à atteindre. Comment avez-vous évolué ?
 
AA : 
En 1998, j’avais un magazine, OpenMag, distribué dans les Fnac et qui dressait l’actualité musicale. Il existe toujours d’ailleurs. A l’intérieur, nous avions une double-page appelée Modzik dans laquelle on avait déjà l’idée de rapprocher des artistes et de la mode. A l’époque, je rencontre les personnes du Printemps. Ils sont intéressés par l’idée de cette double-page et je leur dis que ce serait intéressant de développer un concept. On met six mois à se voir avec la direction. Mais en 15 minutes de présentation, le projet a été validé. Modzik était lancé, avec une double-page intérieure de présentations de produits référencés au Printemps de l’homme. La diffusion était gratuite et dans tous les lieux branchés. Je m’occupais ensuite de faire venir des artistes et des DJs au Printemps de l’Homme. Je faisais aussi des événements pour les marques. Les budgets marketing étaient beaucoup plus importants qu’aujourd’hui. Pendant sept ans, le magazine était gratuit.
 
FM : Qu’est-ce qui a changé ?
 
AA :
 En 2008, suite à un changement de direction du Printemps, je décide de prendre en main l'édition du magazine avec une formule payante en kiosque et une couverture avec l'artiste Micky Green. En 2010, nous avons lancé la plate-forme digitale. L’ADN est là, mais le contenu est forcément plus commercial. Dans le magazine, nous avons conservé les contenus exclusifs, les rencontres. Avec le net, nous avons l’actualité quotidienne de la mode et de la musique. Avec l’agence, nous nous sommes aussi diversifiés. Nous faisons toujours de l’événementiel, mais nous réalisons des look-books, nous produisons du contenu pour les marques, nous faisons aussi du placement de produits.
 

Unes de Modzik - DR


FM : Cette relation entre mode et musique, qui est au cœur de Modzik, a-t-elle évolué en quinze ans ?
 
AA :
Elle a toujours existé. Mais la montée en puissance du net et la crise de 2008 ont renforcé ce lien. Avant, les marques parlaient directement à leurs clients avec des publicités dans les magazines. A présent toutes les marques peuvent être visibles sur Internet. La plupart des marques vendent moins. La concurrence est encore plus forte. Et certaines se rendent compte que leur identité n’est pas assez forte. Celles qui ont les moyens se créent une identité pour soutenir leurs ventes. Actuellement, elles cherchent celles-ci dans l’univers pop-électro. 
 
FM : Mais les artistes jouent le jeu ?
 
AA :
La situation économique dans l’industrie musicale demande aussi aux artistes d’être de plus en plus créatifs. Aujourd'hui, tu peux observer une multitude d'artistes qui ont une relation forte avec la mode, dont l'exemple le plus parlant est bien sûr Pharell  Williams, mais aussi des artistes plus indé comme le groupe Brigitte, la chanteuse Zooey Deschanel, Lykke Li, etc. Ils sont moins liés aux labels et ils sont de plus en plus ouverts. Pour moi, la génération actuelle a tout compris. Ce sont de bons artistes, mais ils savent aussi faire du marketing, sont décomplexés, tentent des choses. Et les marques aiment ces créatifs.

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