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19 avr. 2018
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Dominique Ropion (Maître parfumeur) : "On ne fait pas de plus mauvais parfums qu’il y a 30 ans"

Publié le
19 avr. 2018

Very Irresistible de Givenchy,  La nuit de l’homme d’Yves Saint Laurent, La vie est belle de Lancôme, Jungle Elephant de Kenzo, Alien de Thierry Mugler ou Carnal Flower de Frédéric Malle sont quelques-unes des créations ou cocréations olfactives de Dominique Ropion. Maître parfumeur au sein de la maison de composition International Flavors & Fragrances (IFF), Dominique Ropion est une figure de la parfumerie internationale. A l’occasion de la sortie de son livre Aphorismes d’un parfumeur dans lequel il raconte ses premiers souvenirs parfumés et décrit la réalité de son métier, le créateur français livre à FashionNetwork.com sa vision de l’industrie du parfum.


Dominique Ropion - DR


FashionNetwork.com : Comment est née votre envie de devenir parfumeur ?


Dominique Ropion : Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été attiré par les odeurs. Je connaissais le métier car mon grand-père, comme mon père et ma mère, ont travaillé un moment chez Roure (qui a fusionné en 1991 avec Givaudan, ndlr) qui était l’une des sociétés du parfum les plus prestigieuses et a fait naître des senteurs comme L’air du Temps ou Opium pour ne citer qu’elles. J’ai pourtant fait des études de physique et de mathématiques, et c’est lors d'un stage chez Roure, dans un laboratoire d'analyses, que j’ai appris qu’un des étudiants qui devait aller en école de parfumerie s’était désisté. J’ai alors rencontré les parfumeurs Jean-Louis Sieuzac et Pierre Bourdon, ainsi que Jean Amic qui était à l’époque le président de Roure, et toutes leurs explications correspondaient à ce que je recherchais. Je me suis décidé vite alors qu’il me faut habituellement toujours des mois.

FNW : Comment aimez-vous qu’on vous appelle : nez, parfumeur ? Et comment définissez-vous votre métier ?

DR : Nez, je ne trouve pas ça génial comme terme ; c’est comme si on disait qu’un peintre est une main ou un œil. Parfumeur finalement c’est bien, ça correspond au métier. Nous sommes des compositeurs de parfums ou compositeurs d’odeurs. Le parfumeur crée des formes olfactives, c’est ce que j’explique dans mon livre en faisant des analogies avec d’autres formes artistiques existantes.

FNW : Au cours de votre carrière vous avez créé ou cocréé combien de parfums ?

DR : …. Oh, je ne sais pas trop exactement. Enfin ça n’a pas trop d’importance, il faut surtout voir ce qui reste 20  ou 30 ans après (rires)… Quoique 30 ans après, il ne reste plus grand-chose, bien qu'Ysatis (Givenchy, ndlr) soit  toujours en vente et ait ses clients réguliers.   

FNW : Les normes européennes concernant les ingrédients et les matières premières évoluent fréquemment. Cela influe-t-il sur votre façon de travailler ?  

DR : Cela concerne avant tout la cosmétique, beaucoup moins la parfumerie. Mais c’est intéressant d’aborder ce sujet-là car, avec les normes qui changent, j’entends « ce parfum ne sent plus comme avant… ». Moi je pense qu’Il faut se méfier de la mémoire olfactive, à moins d’avoir les deux parfums sous le nez au même moment pour pouvoir faire la différence et se dire "ah oui effectivement, il y a un écart considérable". Il y a peut-être des différences, mais que cela trahisse le parfum, j'en doute. Je ne connais aucun grand classique qui a perdu son identité.  
 
FNW : Il semble que le parfumeur soit remis dans la lumière : Jacques Cavallier-Belletrud chez Louis Vuitton, Olivier Polge chez Chanel...  Est-ce-que cela traduit une évolution du métier de parfumeur ?

DR : Dans la mesure où on met en lumière des parfumeurs de top niveau qui prennent la main sur ces maisons, c’est fantastique… Mais je n’ai pas l’impression que cela traduise une évolution du métier. Nous sommes peut-être mis un peu plus en avant dans la presse, la preuve vous êtes là. Mais à chaque lancement, il y a la presse et je suis là, même à celui d’Ysatis en 1984. Le vrai changement vient du fait qu’il y a bien plus de lancements qu’avant donc, mécaniquement, on me demande de prendre la parole plus souvent.
 
FWN : Vous avez noté une hausse significative du nombre de lancements de parfums ?

DR : Entre deux grands piliers, il y a peut-être le même temps d’attente. Par exemple, entre Very Irrestible de Givenchy et celui qui sortira très bientôt, presque dix ans se sont écoulés. Mais, entre-temps, il sort beaucoup de flankers (déclinaisons du parfum initial, ndlr).
 
FWN : L’industrie change aussi, beaucoup de maisons de niche ont été rachetées comme celle de votre ami Frédéric Malle par le groupe Estée Lauder ? Est-ce que ce mouvement d’intégration restreint la liberté des parfumeurs ?  

DR : Il reste tout de même un nombre considérable de marques de niche, seulement il y en a très peu qui sortent du lot. Mais avec Frédéric Malle ça n’a rien changé, car il est toujours aux commandes et travaille de la même manière qu’avant. Je pense que comme n’importe qui dans un grand groupe, comme moi avec l’IFF, en tant que créateur, lorsque vous êtes entouré d’un effectif important, cela ralentit les procédures mais pas la créativité. Et ces rachats apportent tout de même un nouveau souffle.

FWN : Vous n’avez jamais eu envie de créer votre maison de parfum comme Francis Kurkdjian par exemple ?

DR : Non, franchement je ne crois pas que ça m’intéresse particulièrement. Mais si quelqu’un venait me chercher, si un mécène arrive un jour… Bon, en fait, je n’ai pas envie d’avoir toutes les contraintes qui vont avec. Ca flatterait peut-être mon égo…mais non même pas (rires).
 
FWN : Découvrez-vous encore de nouvelles odeurs ?

DR : On trouve des produits d’origine botanique complètement nouveaux, mais cela prend du temps. Le temps qu’on les cherche, il faut ramener les plantes, faire une extraction, voir ce que ça donne… Donc quelques mois s’écoulent. Après si on dit "banco", il faut enregistrer la variété botanique au niveau mondial ce qui coûte beaucoup d’argent et prend beaucoup de temps. Et puis, il faut ensuite faire des analyses de toxicité… Jusqu’à ce qu’on fasse une première production, donc cela s’échelonne sur plusieurs années.

FWN : Y a-t-il une odeur que vous n’avez jamais réussi à encapsuler ?

DR : L’odeur de la peau est intéressante, mais c’est très difficile à reproduire… Ou refaire un oud (ingrédient boisé originaire d'Orient, ndlr) avec des produits de synthèse et arriver à une odeur très proche, c’est dur. Mais j’essaie et dans tous les cas vous en tirez énormément d’enseignements.

FWN : Quels sont les changements auxquels va être confronté le métier de parfumeur ?

DR : Si on regarde ce qui s’est passé ces 30 dernières années, est-ce que c’est fondamentalement différent maintenant ? Je n’en ai pas l’impression, parce qu’on ne fait pas de plus mauvais parfums qu’il y a 30 ans. Alors c’est vrai qu’il y a plus de contraintes aujourd’hui, mais on a aussi beaucoup plus de choses nouvelles. Par exemple, je pense que bientôt nous n’aurons plus de notes animales. Eh bien tant mieux ! on fera autre chose. Un autre mouvement concerne les marques qui créent leurs fragrances en interne comme Dior, Louis Vuitton ou Hermès. Mais c’est un mouvement qui reste tout de même très lent.

Aphorismes d'un parfumeur de Dominique Ropion
Aux Editions Le Contrepoint, collection Nez Littérature

 

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