M1992 surfe sur la noirceur des océans

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
16 juin 2018

C’est une collection pour homme et femme très réussie qu’a présenté samedi matin, à Milan, Dorian Stefano Tarantini. Le DJ, qui a bifurqué vers la mode début 2017, confirme son talent avec des silhouettes à fort impact visuel dans de superbes matières et des tissus techniques. Pour le printemps-été 2019, son label, M1992, connu pour son style sartorial haut de gamme mêlé de streetwear, amorce un virage sport s’inspirant d’un univers surf revisité.

Le designer ne nous propose pas de blonds surfeurs californiens, mais plutôt une plongée inquiétante dans la noirceur des océans pollués par le plastique et le pétrole. Les mannequins, à l’allure gothique, les cheveux englués de mazout, se présentent dans des smokings noir ou blanc fluides et dans des costumes de banquier ou de flanelle grise aux proportions oversized, impeccablement taillés, la ceinture élastique toujours à portée de main dans une poche.

Quelqu’un a même enfilé une grosse chaîne autour du cou avec une dent de requin ! Plateformes pétrolières et banquier se noyant dans l’océan décorent certaines chemises, tandis qu’ici et là, des gueules de requin ou des têtes de squelette coiffées d’une vague bleue ornent des t-shirts blancs. Un filet de pêcheurs couvre une tête. En guise de galons, ce sont des ronces qui grimpent sur les jambes des larges pantalons ou s’enroulent sur le col des vestes.

Tout est extrêmement graphique. La palette vire ainsi soudain au rouge sang avec, là encore, des total looks couture ou plus sportif, comme cette chemise aux bords coulissés, lui donnant l’allure d’un blouson. Le même modèle est proposé dans un cuir façon crocodile doré.

Le sport est clairement présent dans les pantalons et combishorts techniques de surfeurs. Ou encore dans les nylons ultra-light et organza utilisés pour façonner des costumes transparents teintés d’un vert sauge. Le denim ne manque jamais dans les collections de M1992. On le retrouve dans des sweaters à capuche, des vestes et des pantalons baggy. Il s’agit de double jeans en trompe-l’œil donnant l’impression d’avoir enfilé une paire bleue sur une paire noire.

Côté féminin, les modèles sont moulés dans des micro robes-manteaux aux boutons métalliques et de petits tailleurs très « Armani », qu’ils alternent avec des costumes d’homme extra larges.