Nourredine Amir, l'art qui se porte

Auteur :

Godfrey Deeny

Traduit par
Paul Kaplan

Publié le
2 juil. 2018

Il y a un moment où la mode dépasse l'idée du vêtement pour affirmer un véritable point de vue artistique : ce point a été atteint, lundi matin, sur les rives de la Seine, par Nourredine Amir. Le couturier, d'origine marocaine, est plus un sculpteur qu'un créateur : il façonne, tresse, retisse et tord des matières improbables, pour les transformer en véritables oeuvres d'art, dans lesquelles une femme peut se glisser.

 
La plupart des quatorze tenues de la collection semblaient avoir été confectionnées à partir de câbles métalliques, même s'il s'agissait en fait de mousseline tubulaire, de soie froissée ou de taffetas. Deux silhouettes présentaient de petits éléments de métal, mais l'effet général des vêtements donnait l'impression qu'ils avaient été moulés directement sur les mannequins, plutôt qu'assemblés et cousus. Comme s'ils étaient attachés de manière organique à ses muses, qui défilaient au septième étage de l'Institut du Monde Arabe, dans le Ve arrondissement de Paris.

Nourredine Amir peut compter sur un illustre soutien : celui de Pierre Bergé, qui a organisé une exposition de ses vêtements sculpturaux à la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent à Paris, en 2015. Depuis, le travail du couturier a également fait l'objet d'une exposition au Musée Yves Saint Laurent à Marrakech, où il réside.

Aux rythmes électroniques de la musique de Conforce et d'un morceau industriel nommé Excess Mortality, on a assisté à l'énoncé d'une vision artistique splendide, comme on en attend lors de la semaine de la couture à Paris. 
 
« Pourquoi avoir invité Amir à l'Institut du Monde Arabe ? Car c'est un véritable artiste, qui utilise le tissu et les métaux pour sculpter sa vision unique. Nous sommes très fiers de l'avoir à Paris », a déclaré un très enthousiaste Jack Lang, président de l'Institut.