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 Galliano revient sous les projecteurs ce lundi à Londres avec son premier défilé Margiela

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AFP
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10 janv. 2015

Le monde de la mode aura lundi les yeux braqués sur Londres, où John Galliano fera son grand retour avec son premier défilé haute couture pour Maison Martin Margiela, près de quatre ans après son retentissant licenciement par Dior.


Le talentueux et provocateur couturier britannique de 54 ans, mis au ban du secteur en 2011 à la suite des injures antisémites qu'il avait proférées, ivre, dans un café parisien, est très attendu sur ce show.

Est-ce pour alléger la pression? Ou le signe d'une volonté de faire autrement, de repartir du point de départ? Maison Margiela avait annoncé en décembre que cette collection "artisanale" haute couture serait présentée de façon exceptionnelle à Londres, ville où le designer a grandi et où il a fait ses premiers pas dans la mode, et non à Paris.

Initialement prévu dans le cadre de la semaine de la haute couture parisienne, le show sera finalement organisé à "l'heure du thé" dans un immeuble moderne du centre de la capitale britannique.

La nouvelle en octobre de la nomination de John Galliano chez Margiela avait mis un terme à des semaines de spéculations sur le retour du couturier qui a réinventé Dior pendant ses 15 ans passés dans la maison.

Après trois ans et demi d'une quasi-excommunication, Renzo Rosso, le président du groupe OTB détenant Maison Margiela, avait salué l'arrivée d'un "couturier unique et exceptionnel au sein d'une maison qui a toujours innové et bousculé le monde de la mode".

Outre la question de savoir s'il était temps de pardonner à John Galliano, l'association a surpris, en raison du minimalisme caractérisant l'esthétique de la griffe, qui contraste avec la flamboyance des créations du Britannique.

Et du profil très médiatique de Galliano, en rupture avec la culture de l'anonymat de la maison créée et dirigée de 1988 à 2009 par le très secret créateur belge Martin Margiela: la direction artistique était assurée jusqu'ici par une équipe et tous les employés sont vêtus d'une blouse blanche.

"Il sera intéressant de voir si le temps passé par John Galliano à l'écart de l'industrie de la mode l'a incité à une évolution créative, et s'il a essayé d'adapter son esthétique à celle de la marque qu'il représente. Espérons qu'il saura répondre à ces deux questions, sinon il risquerait le hors-sujet", commentait sur son blog début janvier Vanessa Friedman, journaliste mode du New York Times.

"Du côté de Margiela, il y a toujours eu une valorisation du côté banal du vêtement, du détail qui généralement n'est pas valorisé, le froissé, les doublures... alors que chez Galliano il y a eu une exacerbation de la magnificence du vêtement", rappelle l'historienne de la mode Lydia Kamitsis, interrogée par l'AFP.

L'experte insiste toutefois sur les points communs entre le couturier et la maison: "les deux sont dans une même perspective du rapport à la technique vestimentaire, de la valorisation du fait main, de l'attachement au détail, de l'analyse de l'histoire".

"Indépendamment du coup médiatique ou du buzz, je pense que Renzo Rosso a bien compris cette parenté qu'il pouvait y avoir", juge-t-elle.

Ce défilé pourrait marquer une renaissance pour le designer, qui affirme ne plus boire, avoir fait un gros travail psychologique et a présenté ses excuses à plusieurs reprises, niant être raciste ou antisémite.

"Le monde de la mode a la mémoire très courte, adore ce qu'il a détesté, déteste ce qu'il a adoré, tue comme il fait naître", souligne Lydia Kamitsis.

Le couturier a en tout cas pu compter sur quelques soutiens indéfectibles pendant sa traversée du désert, qui pourraient être présents lundi, comme Kate Moss, dont il avait créé la robe de mariée.

Et la rédactrice en chef de Vogue US, Anna Wintour, apparue dans une robe Margiela par Galliano lors d'une soirée en décembre à Londres, lui a apporté une caution de poids.

Par Anne-Laure MONDESERT

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