A Milan, une mode graphique chez Missoni et Benetton, sexy-chic chez Bally et MSGM

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
26 févr. 2023

Les styles les plus éclectiques se sont croisés samedi sur les podiums milanais, avec d’un côté des collections pour l’automne-hiver 2023/24 très visuelles et graphiques, comme chez Missoni et Benetton, et de l’autre plutôt sensuelles et sexy, à l’image des vestiaires concoctés par Bally et MSGM.

Voir le défilé

 
Filippo Grazioli, qui a repris la saison dernière le flambeau d’Angela Missoni, rentre cette fois dans le vif du sujet avec une collection fort riche, qui s’inscrit dans la continuité stylistique de l’historique maison italienne, tout en vibrant d’une nouvelle énergie. Le style est jeune. Qu’elle soit en culotte et tricot moulant avec un joli cardigan, en combinaison de Catwoman, en robe scintillante ou dans une tunique transparente, la femme Missoni se sent à l’aise partout.
 
Le designer repart de la maille et de l’emblématique motif zigzag, qu’il fait évoluer avec un twist contemporain, aussi bien dans les textures que dans les effets graphiques. Manteaux, pantalons, robes moulantes, pièces en maille se succèdent dans un mix and match de rayures et zébrures. Les striures s’entrechoquent composant des tableaux au graphisme abstrait, qui se transforment parfois en losanges. Le célèbre chevron court également à la verticale, dans différentes bandes colorées, le long de vêtements bariolés.

L’incontournable zigzag Missoni, encore, est revisité dans toutes les tailles, du petit au maxi format, et dans toutes matières, de la maille flammée, aux effets 3D, en passant par le velours dévoré, ou encore la fourrure, où le motif explose littéralement. Sans oublier ces rangées de guirlandes en lurex qui bordent les robes ou envahissent certains manteaux de leurs ondulations zigzagantes. Autre leitmotiv de la saison, de grosses roses disséminées en dessins, broderies ou imprimés sur une série de tenues.

Collection hypnotique chez Benetton

Voir le défilé

 
Chez Benetton, le directeur créatif Andrea Incontri livre une collection hypnotique jouant sur imprimés, géométries et graphismes, qui se répètent à l’infini comme dans un kaléidoscope. Cet effet de répétition est accentué par les parois miroirs du décor, qui simule des ascenseurs en métal dont les portent s’ouvrent et se referment au début et à la fin du show, laissant transiter les mannequins juchés sur des chaussures colorées à hautes plateformes en vinyle.
 
La force de la collection tient dans cette notion de répétition et de jeux d’optique, où les pièces, a priori semblables et pourtant toujours différentes, s’assemblent pour composer et recomposer des looks à l’infini. Tout comme les motifs reproduits en série sur tous les types de vêtements. Il y a les lapins, fruits et autres fleurs stylisés, repris sur costumes, twin-sets, jupes, gilets. Les rayures diagonales de toutes les tailles, les bandes horizontales qui s’entrechoquent avec celles verticales. Ou encore les cercles blancs sur fond noir (ou coloré) ou vice versa qui s’emparent de vestes, chemises, mini-jupes et fichu assorti, avec effet psychédélique garanti.
 
Le tout est passé au shaker avec la couleur, multipliant d’autant les possibles, avec une préférence pour les teintes pop (rose, orange, vert, mauve, bleu ciel, jaune, rouge). Les vêtements bicolores sont agencés dans des total looks ou jouent sur les contrastes. Comme cet ensemble top-jupe à bandes épaisses roses et vertes. Le styliste élargit ses propositions dans plusieurs matières (cuir, coton, viscose, vinyle, fausse fourrure, peau renversée, laine), en portant l’accent sur la maille, symbole de Benetton par excellence, où Andrea Incontri joue avec différentes techniques : pulls torsadés, effets bouclés, jacquard et crochet. A signaler notamment les  cardigans et tailleurs mini réalisés au crochet à grosses maille dans des teintes pastels avec bonnet de bébé assorti.
 

Nouveau chapitre convaincant chez Bally

Voir le défilé

 
Après une première collection applaudie l’été dernier, le nouveau directeur artistique de Bally, Rhuigi Villaseñor, poursuit avec un deuxième chapitre convainquant, dessinant une garde-robe ultra luxueuse pour la jet-set, où les matières précieuses, notamment les cuirs et les peaux de reptile ont la part belle.
 
Crocodile, python ou autres serpents… Le designer californien d’origine philippine y taille de superbes manteaux vernis rouge vermillon, des vestes sahariennes et des blousons, et confectionne de très chics bottes de cavalier, dans lesquels enfiler le pantalon, ainsi que de vertigineuses cuissardes, déclinées aussi en peau de daim, et bien-sûr une série de sacs-à-mains.
 
L’attitude est dynamique et sexy, mais toujours très classe, le carré de soie noué au cou, virevoltant dans le dos, une chaîne dorée en guise de bracelet ou de ceinture. La femme Bally ne passe pas inaperçue, qu’elle soit emmitouflée dans d’importantes pelisses ou en simples corsage et jupe droite, vêtue d'une microrobe hyper échancrée ou d’un ensemble-pantalon en maille lie de vin, qui souligne les courbes de son corps. Le soir, elle attire tous les regards dans de sinueuses robes fourreaux en velours, fendues jusqu’en haut des cuisses.

Chez MSGM, l'adolescente mûrit 

Voir le défilé

 
Pour l’hiver prochain, la garde-robe de MSGM évolue vers un style plus minimal et sophistiqué. L’adolescente insouciante des saisons passées laisse place à une jeune femme adulte, qui privilégie un habillement plus sobre dans des total looks d’une seule et même couleur. A commencer par le noir archi-classique, qui domine la première partie du défilé.
 
Une veste d’homme, une paire de leggings, un t-shirt, un pantalon, une jupe fendue, la petite robe noire moulante. Sans oublier la robe de soirée drapée en satin et une fourrure volumineuse. Les pièces sont clean, faciles à associer. A rehausser avec un accessoire original, comme les sandales et escarpins fourrés ou un couvre-chef poilu style garde britannique ou perruque. Sans oublier le sac carré en fourrure, assez grand pour couvrir torse et poitrine nue, quand on veut sortir juste en mini-jupe.
 
Si elle a mûri, la femme MSGM n'en reste pas moins juvénile ! Le noir laisse place aux éclats d’une micro robe mosaïque réfléchissante et, bien sûr, à la couleur avec de vibrants ensembles rouge, jaune d’or, violet et vert. Elle mélange pantalons cargos en velours avec chemisier à imprimés psychédéliques ou à rayures qu’elle referme par le biais de gros nœuds sur le côté. Elle enfile des chandails lâches ou ébouriffés de fils de laine sur des tenues courtes.