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19 avr. 2023
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A Paris, comment le 51-53 boulevard Haussmann a été repensé pour séduire les enseignes premium

Publié le
19 avr. 2023

Dans les prochains mois, un flagship de marque (ou deux) sera installé sur les quelque 1.600 mètres carrés de surface du 51-53 boulevard Haussmann. Une renaissance qui est encore de l'ordre du pari pour BNP Paribas REIM qui a repris en 2019, pour le compte de BNP Paribas Diversipierre, cet espace auparavant occupé par Benetton mais fermé depuis mi-2015.


Thibaut Bergal, de BNP Paribas REIM, et Grégoire Plasson de l'agence d'architecture Moatti-Rivière entendent livrer le bâtiment rénové en mai 2023 - FNW


Pour l'heure, la bétonneuse orange tourne toujours devant ce qui sera l'une des futures entrées des lieux. Les ouvriers, veste fluo sur le dos et casque vissé sur le crâne, s'activent sur les différents niveaux et les palissades masquent encore les façades de ce bâtiment haussmannien de 1866 situé au croisement du boulevard Haussmann et des rues Auber et Caumartin.

L'ensemble doit être finalisé fin mai. Et si les façades historiques ainsi que les ferronneries qui rappellent que le bâtiment a accueilli à l'origine une succursale du Crédit Lyonnais sont toujours là, c'est l'ensemble de la structure du bâtiment qui a été revue en profondeur pour proposer un schéma totalement différent de celui déployé par le groupe Benetton, alors propriétaire de l'immeuble, en 2004.

"Les gens de Benetton avaient déjà beaucoup revu la structure des lieux lorsqu'ils ont repris le bâtiment au début des années 2000, explique Thibaut Bergal, chef de projet pour la maîtrise d’ouvrage. Ils avaient déployé un agencement du commerce sur cinq niveaux et 4.000 mètres carrés, notamment avec la création du mezzanine et avec un bloc central pour les accès aux étages supérieurs. Dès le rez-de-chaussée, de nombreux piliers empêchaient la fluidité de la circulation. La boutique n'a jamais réellement fonctionné. En 2014, lorsque Thor Equities l'a reprise (pour 140 millions d'euros, ndlr), ils ont tenté un coup de poker, en pensant trouver rapidement un preneur. Cela n'a pas marché. Quand en 2019, nous avons repris l'actif, il était clair qu'il fallait le repositionner et gommer ce qui n'attirait pas."


Le bâtiment en travaux - Potion médiatique



L'équipe de BNP Paribas REIM n'a en effet pas d'alternative: même si le bâtiment est idéalement placé, en face du Printemps et dans une zone qui voit, selon les études de flux, passer plus de 351.000 personnes chaque semaine devant sa façade, les volumes et la conception du lieu ne correspondent pas aux attentes des enseignes des années 2020. Elle fait alors appel aux services de l’agence d’architecture Moatti-Rivière, spécialiste des rénovations dites lourdes, et de l’entreprise générale Bouygues Bâtiment IDF - Rénovation Privée. Car, clairement il ne s'agissait pas d'un simple projet cosmétique: escaliers et escalators ont été supprimés; au rez-de-chaussée, les multiples petits piliers ont été supprimés; un étage en sous-sol a été excavé et une terrasse, accessible pour les locataires des bureaux des étages supérieurs, a été créée.

Trois niveaux commerciaux



"Pour un dossier comme celui-ci nous travaillons six mois en amont pour verrouiller tous les process avec les bureaux d'études avant la demande de permis de construire, explique Grégoire Plasson, associé de Moatti-Rivière. Cela représente treize mois de travaux préparatoires et procédures administratives, puis dix-huit mois de chantier, ce qui est assez rapide au vu de l'importance des travaux. Nous avons libéré les espaces en supprimant les piliers et mis en place d'importants portiques en superstructure qui permettent d'assumer les charges, bougé les verticalités avec un accès pour les bureaux et un escalier pour les commodités des espaces commerciaux. Pour créer la terrasse, nous avons dû rehausser la toiture d'un mètre. Et pour la reprise en sous-sol du bâtiment, nous avons créé des puits métalliques puis excavé 2.200 mètres cubes de terre. Et comme le métro passe de l'autre côté du mur, du sous-sol, nous avons aussi fait en sorte d'isoler le bâtiment au niveau sonore et des vibrations."


Les piliers ont été supprimés et une architecture modulable a été mise en place - Potion médiatique



Au final, il n'y a plus que trois niveaux commerciaux dont les hauteurs ont été modifiées. Le premier étage propose une hauteur de 3m40, le rez-de-chaussée dispose d'une hauteur sous-plafond de 5m80. Le niveau -1 a ainsi gagné un mètre de hauteur pour proposer aussi 3m40 et accueillera une surface commerciale, tandis que le niveau -2, qui n'existait pas, accueillera les espaces techniques et des bureaux des commerces. Le montant total des travaux n'est pas avancé, mais se chiffrerait à plusieurs milliers d'euros le mètre carré. Les équipes de BNP Paribas ont trouvé une entreprise pour occuper les quatre plateaux de bureaux et comptent séduire des enseignes premium pour les espaces commerciaux.

"Je pense que ce bâtiment sera un exemple de l'adaptation nécessaire que les bailleurs doivent opérer pour répondre aux besoins des enseignes, explique Vianney d'Ersu de Knight Frank, qui fait visiter l'espace à des preneurs potentiels. On est dans le cadre d'un ou deux flagships en termes de surface, mais ce qui intéresse les enseignes, ce sont les espaces dégagés et la flexibilité d'installation."

Pour l'heure, dans les espaces commerciaux, aucune cloison intérieure, aucun escalator et aucun escalier n'a été installé. Les architectes ont préparé plusieurs propositions, selon si une ou plusieurs enseignes s'implantent. La modularité, avec par exemple la possibilité d'intégrer une mezzanine au niveau du rez-de-chaussée, est donc un élément clé. Elle devrait permettre aux preneurs, qui pourraient ouvrir en 2024, de développer leur concept, mais aussi de permettre, sur le long terme, une transformation simplifiée des lieux.

 

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