Reuters
Paul Kaplan
20 mars 2020
Au Bangladesh, les annulations de commandes inquiètent les fabricants
Reuters
Paul Kaplan
20 mars 2020
Plusieurs fabricants bangladais l'ont annoncé jeudi : les annulations de commandes des grandes marques mondiales représentent d'ores et déjà un manque à gagner de 129 millions d'euros, ce qui pourrait entraîner des suppressions d'emplois.
Plus de 100 usines au Bangladesh ont déjà été touchées par des annulations de commandes : dans le monde entier, les ventes au détail sont en chute libre, et des géants de l'habillement comme Inditex, le propriétaire de Zara, ou H&M ont temporairement fermé une partie de leurs magasins en Europe, l'épicentre de l'épidémie de coronavirus.
"Nous sommes totalement dépendants de nos recettes d'exportation", rappelle Rubana Huq, présidente de l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh, qui compte plus de 4000 membres. Pour elle, le coronavirus peut être perçu comme la "malédiction du siècle".
"Nous appelons les marques à maintenir leurs commandes jusqu'au mois de juin. Et à nous soutenir sous quelque forme que ce soit, afin que les travailleurs ne souffrent pas de la faim... comment leur niveau de vie et leur gagne-pain seront-ils garantis face à ces annulations ?"
Le Bangladesh, deuxième fournisseur mondial de vêtements après la Chine, est fortement tributaire des grandes marques de mode. Le secteur emploie plus de 4 millions de personnes, principalement des femmes, et représente plus de 80 % de ses exportations.
Jeudi, les nations les plus riches du monde ont décidé d'augmenter leurs dépenses et de verser une aide sans précédent à l'économie mondiale, en réaction à l'explosion des nouveaux cas de coronavirus, qui a entraîné une mise en confinement quasi-généralisé à l'échelle de la planète.
Le groupe H&M prévient qu'il a enregistré une forte baisse de la demande mondiale, mais qu'il entretient un dialogue étroit et transparent avec ses fournisseurs. "Notre engagement à long terme envers les fournisseurs restera intact", assure un porte-parole du groupe suédois dans un échange d'emails avec la Thomson Reuters Foundation.
"Dans cette situation extrême, nous devons réagir rapidement, en collaboration avec nos partenaires, prendre des décisions qui peuvent être difficiles à court terme, mais nécessaires à long terme... et trouver des solutions qui conviennent à toutes les parties concernées".
Selon les militants syndicaux, aucun travailleur n'a été licencié à cause du coronavirus pour le moment, mais tous ont peur de perdre leur emploi. "Ces travailleurs vivent au jour le jour, et ils sont paniqués parce qu'ils ont entendu parler des annulations de commandes", rapporte Kalpona Akter, fondatrice du Centre de solidarité des travailleurs du Bangladesh.
Selon elle, les travailleurs ont peur d'attraper le coronavirus, le Bangladesh ayant signalé jeudi 17 cas et un décès. Selon l'Organisation internationale du travail, des équipements de protection, de nouvelles procédures de travail et des mesures d'hygiène sont nécessaires dans les usines de confection du Bangladesh pour prévenir la propagation du coronavirus. Rubana Huq assure que les usines bangladaises font preuve de la plus grande prudence et d'une hygiène correcte.
Le gouvernement a déclaré ce mois-ci qu'il évaluerait les dommages économiques causés par le coronavirus avant de décider des mesures de soutien aux entreprises.
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