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20 oct. 2021
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Biarritz Good Fashion met la mode au défi des solutions responsables

Publié le
20 oct. 2021

Sans à peine dire son nom, les intervenants du Forum Biarritz Good Fashion ont tous marqué leur volonté de lutter contre le greenwashing. L’évènement, qui se tenait ce 14 octobre à l’Estia de Biarritz, rendait compte des avancées des projets de la chaire Bali. Créée en 2017 par l'école d'ingénieur avec le soutien de la région Nouvelle Aquitaine cette chaire Biarritz Lifestyle Active Industry est un programme d’enseignement et de recherche appliqué à l’industrie de la mode et du textile, dont l’objectif est d'aider les marques à innover pour mettre en œuvre leurs démarches de RSE, d’écoconception, de circularité et de relocalisation de leurs activités industrielles. Après une première session de trois ans, un deuxième plan d'action a été initié l'an passé. La journée qui s'est tenue la semaine passée avait pour ambition d’inciter marques et industriels à "s’engager vers la mode de 2030". Entre recherche avec des thésards, tests en conditions réelles et intervention de l’association Paris Good Fashion, il était donc question d’implication, d’efforts, de changements de modèle… avec des orateurs ne cachant parfois pas leur agacement face aux grandes annonces marketing.


Isabelle Lefort, président de Paris Good Fashion et Chloé Salmon-Legagneur, responsable de la chaire Bali - DR



"Nous entendons beaucoup d’annonces cette année d’acteurs du secteur qui disent pouvoir atteindre 80% à 100% de produits écoconçus, en matières recyclées d’ici à 2024 ou 2025. Pour être proches de la recherche et des technologies qui vont permettre d’arriver à recycler nos produits en fin de vie et recréer une matière de qualité, il y a là un parcours technologique extrêmement complexe et ambitieux. Face à ces annonces, il va falloir une structuration des industries, des investissements et voir comment vont être menés ces plans. Cela peut concerner des territoires en France et en Europe. Mais en l’état, nous avons le sentiment que ces annonces de marques sont sans doute prématurées. Quoi qu’il en soit, nous serons à leurs côtés pour mener ces changements", expliquaient de concert Chloé Salmon-Legagneur, qui dirige la chaire Bali, et Isabelle Lefort, cofondatrice de Paris Good Fashion, cofondatrice de Paris Good Fashion.
 
Loin d’être défaitiste, ce forum, le quatrième porté par la chaire Bali, a plutôt donné à voir les avancées possibles en réunissant les différents acteurs d’un secteur pour tenter de trouver des approches pragmatiques pour mettre en place la circularité dans la mode. Un défi majeur et passionnant qui attire les étudiants de l’école d’ingénieurs Estia, par le passé focalisés sur les domaines de l’aéronautique ou de l’automobile. Une association d’étudiants en ingénierie textile, baptisée Estiarropa, a même vu le jour en 2021. Face à la transformation des modèles et des opportunités de relocalisation, ceux-ci devraient voir se multiplier les opportunités.

La journée a donc permis à l’auditorium comble de suivre les avancées des quatre groupes de travail lancés l’an passé pour des projets de trois ans. Ceux –ci concernent la "collecte ciblée pour une circularité concrète", "la conception de produits circulaires pour une mode responsable", "la fabrication agile pour une mode raisonnée et rapprochée" et enfin "la traçabilité augmentée pour plus de transparence".

Sur chacun des axes, les intervenants ont présenté leur approche et l’état de leurs travaux après un an d’échanges et d’essais, car l’ambition est de proposer un modèle qui pourra être industrialisable et duplicable par des acteurs établis du secteur.

En ce qui concerne la collecte, pour l’heure si Refashion annonce plus de 517.000 tonnes de textiles, linge et chaussures mises sur le marché en 2020, l’organisme explique avoir collecté moins de 205.000 tonnes d’anciens produits. Mais dans cette part de produits récoltés, la grande majorité part pour de la seconde main à l’international.


Dalien Saumurau de Decathlon a abordé la question de la collecte des vêtements - DR



Le groupe de travail sur la collecte, emmené par Damien Saumureau de Nabaiji et Decathlon, a pour ambition d’améliorer les process de collecte pour rendre potentiellement viable le recyclage des matières. "Ce sont des gisements conséquents qu’il faut collecter et valoriser. L’idée c’est que nous disposons de la matière première ici. Il faut parvenir à redessiner le paysage de la collecte pour réduire les coûts. C’est pourquoi nous faisons différents tests. Il ne suffit pas de faire des produits recyclables, il faut que leur collecte en fin de vie soit possible, et donc permettre que ces gisements soient compétitifs et puissent être développés."

Avec des acteurs comme Kiabi, Decathlon et les Galeries Lafayette, le groupe de travail teste donc actuellement différentes approches de collecte afin d’identifier celle qui apportera le meilleur résultat pour un jour récolter des matières qui pourront être recyclées pour faire de nouveaux vêtements.

Ce qui est intéressant dans les travaux de la chaire Bali, c’est la connexion manifeste entre tous les sujets traités, même si chaque groupe intervient sur un axe très spécifique. Ainsi le groupe avançant sur le sujet de la conception de produits circulaires aura nécessairement un impact futur sur la pertinence des stratégies de récolte des produits. Surtout, les acteurs qui se penchent sur ce chantier constatent l’ampleur des travaux à mener.

"Notre ambition est de définir un chemin pour l’écoconception. Il nous faut définir un processus de développement des produits avec une dimension industrielle, explique Gauthier Bedek, responsable recherche & développement du groupe Eram. Mais nous avons besoin de moyens d’action rapides pour avoir des gains environnementaux dans les prochaines années. La première action est de réaliser le bilan carbone pour évaluer la marge de progression. L’analyse du cycle de vie d’un produit est intéressante mais c’est un processus très long, nous avons besoin d’outils agiles simples et robustes, que tout le monde puisse appréhender. Ensuite, nous avons deux axes essentiels sur lesquels travailler: la matière et la fabrication. A présent, nous tentons de définir une grille via un retour opérationnel."


Gauthier Bedek du groupe Eram a présenté les avancées du groupe travaillant sur la conception de produits circulaires - DR



Pour ce faire, le travail est nécessairement collectif afin de construire un outil qui pourra être utilisé par les groupes qui ont plusieurs centaines de produits dans chaque collection."Nous avons testé un indice, explique Alice Bardet, responsable de projet chez Petit Bateau. Nous nous sommes amusés à passer les produits au filtre d’une grille de critères. Nous avons encore besoin de retour opérationnel mais c’est un enjeu de filière. L’objectif c’est que cet outil puisse être utilisé par les chefs de développement produit comme par les stylistes. Notre ambition est d’avoir cette grille pour 2022."

Celle-ci permettra ainsi d’évaluer les produits selon leur potentiel de réparabilité, de recyclabilité et de durabilité. Comme les injonctions des Etats et de l’Europe vont être de plus en plus importantes sur ces questions, c’est aussi une question de compétitivité pour les groupes que de savoir définir bientôt l’indice de circularité de leur produit. Plus qu’un barème, celui-ci devrait modifier en profondeur la sélection des matières et les méthodes de production des vêtements et chaussures.
 

Vers une fabrication agile



La fabrication a déjà commencé à se transformer. Les tensions sur les ateliers de production en Asie, mais aussi l’envolée des coûts de transport croisent actuellement les préoccupations d’une partie des consommateurs quant à l’origine des produits. Si l’échelle continentale apparaît pour les acteurs de l’industrie la plus appropriée, il n’en reste pas moins que rapatrier une partie de la production en Europe, voire en France, nécessite un changement d’approche. Les récentes inaugurations des usines ASX 4 .0 de Chamatex dans la chaussure ou de 3Dtex pour la production de pulls en sont la démonstration. L’industrie textile, pour se réimplanter, nécessite de la recherche et développement et de la technologie.

Côté Petit Bateau, c’est l’expérimentation d’une fabrication agile qui est à l’œuvre à Troyes dans le cadre de la chaire Bali. "En tant que fabricant, nous nous interrogeons sur la manière de revoir nos process de production, explique Anne Masanet, directrice produit de la société française.  Nous pensons qu’il faut s’attacher à produire moins, au plus vite et au plus proche de nos clients. C’est pour cela que nous avons décidé de participer à la preuve de concept de la chaire Bali. Nous avons engagé ce test sur un programme matières. Nous devions expérimenter ce que cela voulait dire produire à la demande. Nous avons accepté de nous tromper, d’analyser les avancées. Nous avons d’abord produit 10.000 pièces et nous avons été 'challengé' en partageant les résultats avec les autres membres, le Ceti, Eram, Decathlon, Mulliez-Flory, mais aussi la manufacture de la Layette, XLC et Tekyn, afin de mesurer les résultats et évaluer au mieux les impacts. L’ambition est de produire moins et mieux. Nous voulons donner les clés pour que ce modèle soit duplicable, pour que chez les fabricants ou chez les distributeurs qui commandent à leurs fabricants, la production agile devienne naturelle dans les usines."


Anne Masanet de Petit Bateau et Isabelle Cornu du Ceti - DR



Cette approche, au-delà de changer l’approche de très grandes séries avec des lignes de production thématiques, a donc pour objectif d’inverser la logique industrielle, là où auparavant les entreprises textiles devaient vendre les produits confectionnés. Le challenge est à présent de mettre sur pied des unités hyper agiles permettant de produire de courtes séries en quelques jours, voire quelques heures. Le Ceti (centre européen des textiles innovants, basé dans le Nord) est pleinement impliqué dans le projet, avec à l’horizon la création d’une réponse la plus précise possible pour organiser l’agencement des unités de production et la disponibilité des matières et composants, mais aussi des machines.

"Demain l’opérateur de confection devra changer de machine. Cette transformation est un challenge pour tous les métiers, admet Anne Masanet. Ce n’est pas juste l’industrie et la production qui vont changer. Cela va modifier les repères de tous les métiers. La donnée sera clé et il faudra être en capacité d’analyser les besoins. L’anticipation sera essentielle pour les matières mais aussi les fournitures. Donc le développement produit sera impliqué tout comme les stylistes. Ce sera un challenge mais je pense que cela va générer une nouvelle créativité. C’est une révolution pour une maison de 130 ans comme Petit Bateau d’être en 'open innovation'. Mais nous avons la volonté d’aller jusqu’en 30% de production agile. Et nous sommes déjà passés bien au-delà des 10.000 pièces." 
 

La data, au cœur de tous les sujets



Afin de définir au plus juste les besoins de production, les ressources nécessaires et les plannings, la data va figurer dans les éléments incontournables à maîtriser dans l’industrie. Celle-ci sera aussi utilisée pour renforcer la traçabilité de produits et des matières.

Le quatrième groupe de travail, animé par la société Belharra, spécialiste des questions d’optimisation de la chaîne d’approvisionnement, a pour ambition de créer un pilote pour assurer la traçabilité depuis l’approvisionnement de matières premières jusqu’au produit fini chez la marque. Des informations qui pourraient ensuite être présentées au client final pour lui offrir une transparence sur l’ensemble des éléments du produit.

"La réflexion initiale était de savoir comment aider les marques à communiquer différemment autour de leur politique RSE, explique Pantxika Ospital, doctorante qui mène un travail de thèse sur la traçabilité. L’idée était de passer d’une communication institutionnelle à la livraison d’informations fiables et précises fournies avec le produit via un QR code apportant ces données de traçabilité." Pour élaborer sa preuve de concept, la chaîne étudiée est celle d’une filière en renaissance. Il s’agit de celle de la laine française via le projet Tricolor qui vise à constituer une filière complète pour la laine des moutons élevés en France. Et les informations collectées ne se limitent en fait pas seulement à la sensibilisation du consommateur final.




"Nous avons rapidement identifié cinq usages, détaille la doctorante. Cela fournit une information aux clients. Mais ce sont aussi des informations intéressantes pour les équipes de sourcing et de conception. Pour les équipes de vente, ce sont des atouts dans leur travail. C’est également un avantage pour répondre aux besoins légaux afin de fournir les certificats de matières ou d’audits mas aussi pour réaliser les analyses de cycle de vie. Enfin, cela permet d’évaluer s’ils sont recyclables ou comment les entretenir pour allonger leur durée de vie. Tout cela sera disponible dans le passeport digital."

Du côté du collectif Tricolor, qui vient de décrocher un soutien de France Relance pour pérenniser sa démarche, la disponibilité des données doit offrir des atouts supplémentaires dans le défi de reconstruire une filière depuis zéro, avec une matière première qui aujourd’hui est un coût pour les éleveurs.

"C’est un gisement de 7 millions de moutons qui apportent 14.000 tonnes de laine brute chaque année. En 2018, nous avions pu réunir quelques éleveurs, acteurs de la transformation et marques. Mais aujourd’hui, nous avons créé un groupe de travail de cinquante acteurs. L’ambition est de revaloriser la matière, mais il n’y a quasiment plus de savoir-faire sur certains métiers. L’outil de traçabilité permettra d’avoir l’assurance que la qualité sera à la hauteur. Automatiser la collecte d’infos va nous permettre de donner un retour à l’acteur précédent et ainsi améliorer les qualités. Cela permet de recréer un dialogue entre les acteurs. Aujourd’hui la plupart utilisent la laine d’import. Avec un plateforme d’amélioration de la qualité, les acteurs pourront savoir où sont les lots, pourront précommander, les marques pourront choisir une laine venue d’une région spécifique. Cela pourrait permettre de faire d’une faiblesse une force et faiblesse."

Si le modèle est dédié à la laine française, il devrait pouvoir cependant être déployé sur différentes matières et à un niveau international. Ces informations sécurisées aux différents niveaux de la chaîne d’approvisionnements apparaissent aujourd’hui centrales pour redéfinir l’industrie du secteur et faciliter l’émergence de nouveaux modèles plus vertueux imaginés partout dans le monde et notamment par les membres de la chaire Bali. Ses membres donnent déjà rendez-vous dans un an pour juger de l’avancée de leurs projets.
 
 
 
 

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