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31 août 2011
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Carrefour lance un avertissement sur ses résultats 2011

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31 août 2011

PARIS (Reuters) - Carrefour a finalement renoncé à ses objectifs financiers pour 2011, après la confirmation de la chute de ses résultats au premier semestre liée à ses mauvaises performances en France.

Le premier distributeur européen, qui avait déjà dit prévoir, mi-juillet, une chute de 23% de son résultat opérationnel courant (Ebit) à 760 millions d'euros, a fait état mercredi d'un chiffre de 772 millions d'euros, en baisse de 22%.

Conformément aux attentes des analystes, qui ne croyaient pas à la capacité du groupe à redresser la barre dans la deuxième partie de l'année, Carrefour a renoncé à son objectif de progression du résultat opérationnel sur l'ensemble de l'année, disant tabler sur un résultat en baisse de 15%.

Cette baisse s'inscrit dans le haut de la fourchette des prévisions des analystes, qui anticipaient un repli compris entre 11% et 15%.

Le distributeur a également dévoilé avoir passé des charges exceptionnelles massives totalisant 884 millions d'euros, principalement liées à des dépréciations de ses actifs en Italie (516 millions d'euros) après ses tests sur les écarts de valeur, ainsi qu'à 244 millions d'euros de charges au titre "d'impôts d'exploitation".

Ces charges ont fait basculer le résultat net dans le rouge, avec une perte semestrielle de 249 millions d'euros.

Le groupe, qui a indiqué que ses économies de coûts étaient en ligne avec ses objectifs 2012, reste en retard sur ses ambitions de réduction des stocks. En outre, la hausse des tarifs de ses fournisseurs ne lui a pas permis de réaliser les gains aux achats anticipés.

CHIFFRES JUGÉS DÉCEVANTS

"Les chiffres sont très décevants et les charges exceptionnelles, ça fait désordre", commente un analyste qui a souhaité garder l'anonymat.

Très attendu sur son plan de relance de ses hypermarchés en France, qui subissent une érosion continue de leur part de marché, Carrefour indique simplement, dans un communiqué, qu'un plan baptisé "Reset" serait mis en place, axé sur "une nouvelle stratégie commerciale pour ses hypermarchés et un plan d'action pour stimuler la compétitivité".

Les détails de ce plan devraient être dévoilés lors d'une conférence de presse prévue à 9h00, suivie d'une conférence avec les analystes à 11h00.

Le groupe, déjà perçu par les consommateurs comme plus cher que ses concurrents, a lourdement pâti d'un relèvement de ses prix en mars, pour répercuter les hausses de ses fournisseurs, alors que Leclerc et Auchan n'ont pas suivi.

La question des prix est centrale pour les distributeurs qui se livrent à une concurrence féroce pour gagner des parts de marché et l'écart atteint 4% à 5% dans les hypermarchés face à Leclerc et 3% dans les supermarchés face à Intermarché.

Reconnaissant ses erreurs, la direction de Carrefour a assuré, en juillet, qu'elle se devait d'offrir "en permanence" des prix plus bas et de remettre à plat des programmes de promotion et de fidélisation trop coûteux.

Le groupe devrait aussi faire le point sur la performance de son nouveau format d'hypermarchés Carrefour Planet, sur lequel il mise pour son redressement en France et en Europe.

Il est également attendu sur sa stratégie dans les pays émergents, après son échec au Brésil et la nomination de Pierre Bouchut, son directeur financier, à la tête des opérations de ces marchés en pleine croissance que les deux grands actionnaires, Groupe Arnault (holding familiale de Bernard Arnault, PDG de LVMH) et Colony Capital ont déjà, par le passé, voulu céder.

Entrés chez Carrefour pour un prix de revient estimé entre 47 et 50 euros, Groupe Arnault et Colony accusent de très lourdes pertes sur leur investissement.

Carrefour a fini à 18,65 euros à la Bourse de Paris mardi, accusant une chute de 40% depuis janvier alors que son concurrent français côté Casino limite sa perte à 22% et le britannique Tesco la sienne à 14%.

Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot

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