Publié le
22 mars 2022
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Chaine d'approvisionnement: quels chantiers prioritaires pour la filière mode ?

Publié le
22 mars 2022

Transformation digitale, éco-responsabilité, organisations, optimisation des productions… Les écueils induits par la crise sanitaire ont poussé une vaste majorité d'acteurs de l'habillement à accélérer leur travail sur différents chantiers prioritaires, indique une étude menée auprès d'une cinquantaine de dirigeants d'entreprises françaises et européennes.



Lectra



Réalisée de septembre à février par l'agence Nelly Rodi et le spécialiste des solutions industrielles Lectra, cette enquête montre que 93% des répondants ont accéléré les projets de transformation, à l'occasion de la pandémie. Pandémie qui pour 100% des répondants a rimé avec une création ou amélioration des ventes en ligne. Ils sont par ailleurs 59% à avoir connu des annulations de commandes de la part de leurs fournisseurs, tandis qu'ils étaient 50% à renforcer leur présence sur les marketplaces. S'ajoutent à ceux-ci 48% évoquant des rétentions d'articles afin de préserver les marges (sur les pièces non saisonnières) ou des réductions de largeur d'offre. Seuls 20% indiquent avoir opté pour une stratégie prix plus agressive, à travers soldes et démarques.

Dans les quatre grands chantiers stratégiques considérés comme prioritaires, la transformation digitale a naturellement sa place. Pour 72% des répondants, il s'agit d'évoluer vers une production agile, avec des quantités ajustables en temps réel. Ils sont en outre 73% à évoquer l'intégration des métadonnées dans les processus de création des collections. Autre grand chantier, l'éco-responsabilité a également sa place. Les dirigeants consultés sont 72% (et même 85% chez les marques premium) a évoquer les conceptions intelligentes prenant en compte le cycle de vie du produit. Ils sont également 70% (79% chez les premium) a évoquer la nécessaire traçabilité dans la chaine d'approvisionnement.

Repenser l'organisation des entreprises s'impose également comme un chantier stratégique jugé prioritaire. Pour 70% du panel, l'avenir réside dans le travail collaboratif et la fluidité accrue dans les flux de travail. Un point jugé particulièrement sensible par les dirigeants de grandes structures. Ils sont par ailleurs 67% à souhaiter consolider les partenariats afin de fiabiliser les relations avec leurs fournisseurs sur le long terme. Point sur lequel ce sont cette fois les petites structures qui s'investissent particulièrement.

Un point qui renvoie par ailleurs au quatrième grand axe stratégique identifié dans cette enquête: l'optimisation du sourcing et de la production. Ainsi, 67% des répondants entendent fiabiliser leur approvisionnement via le retour au multi-sourcing. Et en particulier les grands donneurs d'ordres. L'arrêt de production chez des fournisseurs-clefs durant les confinements internationaux laissent donc logiquement des traces. Les dirigeants sont en outre 66% à vouloir renforcer le retour sur investissement des outils de production. Dans le domaine spécifique du luxe, ils sont même 57% à estimer cette question prioritaire "mais maitrisée".

Relocalisation, time-to-market, production à la demande…



A ces grands défis s'ajoutent des chantiers jugés plus secondaires. Parmi ceux-ci figurent ainsi les relocalisations, que seule une moitié de répondants estiment prioritaires. Par ailleurs, seul un tiers des dirigeants perçoivent l'utilisation d'outils de visualisation 3D comme une priorité.

Mais qu'en est-il de l'avancement sur ces différents chantiers ? Parmi les chantiers en cours ou à venir, les répondants citent principalement le multi-sourcing (72% du panel), la réduction du délai de commercialisation que ce soit par relocalisation ou automatisation (72%), ou les prévisions des besoins clients via l'analyse et l'intégration de données (69%). Arrive ensuite l'amélioration de la transmission d'informations entre les différentes étapes de productions (55%), point qui intéresse particulièrement les PME. Puis la digitalisation des processus de conception et développement (49%), sujet essentiel pour les grands structures et entreprises du luxe. Et enfin le recours accru à de plus petites séries (34%).


Shutterstock



Sur le seul plan du design produit, l'enquête montre un attrait pour le co-design (47%) et la production à la demande (43%). Les répondants sont en outre 61% à priser les plans d'animation commerciale, pour aligner calendrier et rythme sur les opportunités de vente. Ils sont en outre 42% à évoquer la désaisonnalisation des collections et la réactivité intersaison comme chantiers d'importance.

Ils demeurent par ailleurs des chantiers qui n'ont pas encore été engagés et qui, pour certains, ne le seront apparemment jamais. Sont ainsi listés recours à des plans de collection générés par intelligence artificielle (64%), automatisation des process de validation des produits (44%), création 3D (66%) et fabrication à la demande (44%). Un "sujet qui divise", pointe Nelly Rodi concernant ce dernier élément.

Sont également cités dans cette même catégorie la consolidation des partenaires sur le long terme (68%), la quête de nouveaux partenaires pour atténuer les risques (35%), la traçabilité (23%), la transparence sur les caractéristiques environnementales (17%) et la relocalisation (17%).

L'étude se penche par ailleurs sur les obstacles organisationnels à surmonter, dans le cadre de ces chantiers. Il ressort que, pour 83% des dirigeants, l'obstacle est humain. Via un manque de ressources et compétences en internes, voire en raison de la culture d'entreprise elle-même. Ils sont par ailleurs 66% à percevoir la technologie comme un obstacle. Ceci en raison d'un "manque de maturité dans l'intégration des outils numériques", et dans l'innovation. Entre identifier les grands chantiers prioritaires et entamer les transformations, un grand pas reste donc à franchir.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com