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Chanel attend la décision de justice rendue le 11 décembre dans le procès pour "contrefaçon"

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10 déc. 2009

PARIS, 10 déc 2009 (AFP) - La justice doit rendre sa décision vendredi 11 décembre dans le procès, rarissime dans le milieu feutré de la mode, opposant la prestigieuse maison de haute couture française Chanel à un ancien petit sous-traitant, World Tricot, qui l'accuse de "contrefaçon".

Chanel
Carmen Colle - Photo : Bruno Ferrandez/AFP

Le tribunal de commerce de Paris doit se prononcer dans l'après-midi. Il s'est donné un mois de reflexion après l'audience du 6 novembre où les avocats des deux parties se sont affrontés pendant quatre heures, à l'issue de quatre ans de procédure et de médiations restées vaines.

Signe de l'importance de ce procès pour Chanel, le président de la division mode Bruno Pavlovsky, a prévu d'être présent au tribunal.

World Tricot, qui demande à la justice la reconnaissance d'un "droit d'auteur-créateur" pour les façonniers, a assigné Chanel en 2005 pour "contrefaçon", l'accusant d'avoir fait produire en Italie un motif au crochet créé par son atelier. La société demande 2,5 millions d'euros de dommages et intérêts.

Chanel réfute toute "contrefaçon" et revendique "la propriété intellectuelle" du motif. "Cette création a été réalisée sur la base de consignes précises et de matières premières (fils de coton, mousselin de soie) fournies par le studio de création", explique Chanel.

La maison de haute couture dénonce en outre un "dénigrement" de la griffe Chanel vis-à-vis des clients et demande 500.000 euros pour "préjudice commercial d'atteinte à son image" et un euro de dédommagement pour "préjudice moral".

"C'est une situation exceptionnelle qui ne rend pas compte des relations que nous développons, parfois depuis plus de 20 ans avec nos façonniers et nos fournisseurs", assure-t-elle.

De son côté, Carmen Colle, fondatrice de World Tricot, se veut confiante: "Pour moi, qu'on ait raison ou non, j'ai défendu la création et les artisans. Depuis quatre ans j'ai défendu cette liberté de la personne et de sa création", ajoute-t-elle.

L'affaire a pris un relief particulier en raison de la personnalité et du parcours exceptionnels de Carmen Colle qui a bénéficié du soutien de toute une région dans son combat. Son histoire a fait le tour du monde.

Cette fille d'immigrés italiens, ouvrière devenue animatrice de quartier, a crée à la fin des années 1980 et avec l'aide de l'Abbé Pierre la société World Tricot à Lure (Haute-Saône), en vue de réinsérer des femmes sans emploi.

En quelques années, cette femme joviale a réussi à propulser son entreprise artisanale spécialisée dans la maille de luxe auprès des plus grands noms de la haute couture dont Dior, Christian Lacroix, Givenchy, Kenzo. Chanel devient son principal client.

Reste qu'aujourd'hui, ella a perdu tous ses clients du luxe: "elle est fichue", regrette Nicole Logerot, ancien agent qui a travaillé quarante ans avec les grandes maisons de couture.

D'autres professionnels confirment: "elle s'est tiré une balle dans le pied", "elle s'est fait hara kiri".

"Dès lors que vous touchez à l'un d'entre eux, puisque c'est une petite famille, c'est fini. Vous avez semé la pagaille", commente un sous-traitant.

Placée à nouveau en redressement judiciaire en 2007, World Tricot, qui a créé sa marque "Angel Baptist" tente de survivre. L'entreprise, qui emploie aujourd'hui douze salariés contre 90 entre 1999 et 2001, a été autorisée en janvier à poursuivre son activité pendant dix ans.

Le gouvernement a lancé en novembre un plan pour sauver les façonniers de la couture et prévoit une charte pour "refonder les relations" entre maisons de luxe et sous-traitants.Par Ingrid BAZINET

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