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Clémentine Martin
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18 sept. 2020
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Comment a réagi Inditex face au défi du coronavirus

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Clémentine Martin
Publié le
18 sept. 2020

« Nous avons toujours une entière confiance en notre modèle d’activité, basé sur l’intégration des canaux physique et en ligne », a rappelé Pablo Isla lors de la conférence de présentation des résultats d’Inditex qui a eu lieu mercredi 16 septembre. Un discours qui revient régulièrement dans la bouche du président du groupe espagnol, qui commence à reprendre des couleurs après les mois de confinement et de fermeture mondiale des boutiques. Après un premier trimestre difficile, ayant entraîné des pertes record de 409 millions d’euros pour la société, Inditex semble sortir la tête de l’eau et retrouve le chemin de la rentabilité en mai et juin. « Le deuxième trimestre de l’exercice a été déterminant pour Inditex », affirme le dirigeant, soulignant la « reprise rapide de l’activité ». Le groupe prévoit un deuxième semestre marqué par la croissance des marges brutes.


Pablo Isla, le président d’Inditex - Inditex


La vente en ligne accélère la reprise d’Inditex



Il y a quelques mois, personne n’aurait imaginé qu’une chute des ventes de 37 % « seulement » serait vue comme une performance positive. Mais tout a changé, et ces 8,033 milliards d’euros de chiffre d’affaires indiquent une reprise de l’activité du groupe, qui enregistre malgré tout un recul de 44 % de ses résultats au trimestre précédent. D’après les dernières données publiées, l’activité en ligne a été déterminante pour la redynamisation des ventes d’Inditex avec un rythme de croissance « soutenu » atteignant 74 % au premier semestre de l’année. « Je suis particulièrement satisfait de l’évolution des ventes en ligne. Elles démontrent l’importance de notre stratégie d’intégration des canaux », insiste Pablo Isla.

« Nous faisons partie des leaders mondiaux de la vente en ligne », se félicite le président. L’entreprise connaît en effet des « taux de croissance et de rentabilité impressionnants pour le secteur ». À l’occasion du confinement, le groupe s’est concentré sur le développement de son activité sur le web et a étendu la présence de Zara à une quinzaine de nouveaux marchés au cours du premier semestre. Pendant les premiers mois de l’année, la e-boutique de la chaîne espagnole a commencé à opérer en Algérie, en Albanie, en Argentine, au Paraguay, en Uruguay et en Bosnie-Herzégovine. Cet été, ce sont les marchés du Chili, du Monténégro et de Macédoine du Nord qui ont été ouvert. Et au cours de ce mois de septembre, Zara va faire son entrée virtuelle en Tunisie et en Andorre, ainsi qu’au Nicaragua, au Honduras, au Costa Rica et au Guatemala au cours des prochaines semaines. La boutique en ligne de Stradivarius, elle, vient d’être lancée en Israel et en Arabie Saoudite.

Comme l’avait annoncé le dirigeant lors de l’assemblée générale des actionnaires ayant eu lieu en juillet dernier, la stratégie de transformation digitale d’Inditex, débutée en 2012, a des objectifs clairement définis. L’un d’entre eux est d’arriver à 25 % de chiffre d’affaires générés par la vente en ligne d’ici 2022. En 2019, le e-commerce représentait déjà 19 % des ventes du groupe. Et malgré le contexte complexe provoqué par la pandémie, les chiffres semblent se ranger du côté de Pablo Isla. Au cours du deuxième trimestre de l’année, Inditex a dépassé le million de commandes en un seul jour. Entre février et août, les boutiques en ligne des chaînes du groupe espagnol ont enregistré près de 3 milliards de visites, alors que leurs profils sur les réseaux sociaux totalisaient 190 millions d’abonnés.

« Mode boutique », une expérience de plus en plus intégrée



Pour financer sa transformation digitale, l’entreprise a investi plus de 10 milliards d’euros en sept ans et va injecter 2,7 milliards d’euros supplémentaires au cours des deux prochaines années. En plus du développement de sa propre plateforme technologique, « Inditex Open Platform » (IOP), l’entreprise poursuit ses efforts d’implantation de son système de gestion intégrée des stocks, qui permet de mettre tout son inventaire à disposition des clients en permanence. C’est dans ce cadre que le « Mode boutique » a récemment été déployé dans plusieurs de ses établissements.


Le «Mode boutique» d’Inditex est déjà déployé dans 25boutiques Zara en Espagne - Inditex


Actuellement, cette fonctionnalité de l’application existe déjà dans 25 boutiques de Zara en Espagne (à Madrid, Barcelone, Bilbao, La Corogne, Séville, Pampelune, Malaga et Badajoz). Elle permettra aux clients de naviguer dans les boutiques physiques en même temps qu’ils achètent en ligne ou qu’ils viennent chercher leurs commandes physiquement, de consulter la localisation géographique des vêtements dans le magasin à l’aide d’un plan, de réserver une cabine d’essayage pour éviter les queues, de payer à l’aide de leur téléphone mobile, ou encore de consulter l’historique de leurs tickets de caisse, entre autres.

Qui vend le plus et où ?



Comme il fallait s’y attendre, le coronavirus a durement affecté le chiffre d’affaires du conglomérat fondé par Amancio Ortega, qui est passé de 12,820 milliards d’euros de ventes au premier semestre 2019 à 8,033 milliards d’euros à la même période de l’exercice en cours. Par chaîne, Zara reste la figure de proue du groupe et réalise encore la majeure partie de son chiffre d’affaires (5,532 milliards d’euros au premier semestre 2020 contre 8,895 milliards d’euros pour le premier semestre 2019).


Répartition du chiffre d’affaires par chaîne - Inditex


Bershka suit de loin avec 692 millions d’euros au premier semestre 2020 contre 1,080 milliard d’euros à la même période en 2019. Arrivent ensuite Pull&Bear avec 578 millions d’euros au premier semestre 2020 contre 873 millions d’euros à la même période en 2019, Stradivarius (502 millions d’euros en 2020 contre 776 millions d’euros en 2019), Massimo Dutti (490 millions d’euros en 2020 contre 844 millions d’euros en 2019) et Oysho (208 millions d’euros en 2020 contre 301 millions d’euros en 2019). La plus petite enseigne du groupe, Uterqüe, est passée de 52 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre 2019 à 31 millions d’euros cette année. Le groupe assure constater « une reprise progressive de l’activité sous toutes ses formes » pour la saison en cours et justifie les différences de performances de ses différentes marques par « leur présence géographique, la localisation des boutiques et le profil des produits ».

Inditex dispose par ailleurs d’une « plateforme de ventes mondiale » et a réalisé la majeure partie de ses ventes en Europe (hors Espagne) au premier semestre de l’année. À cette période l’an dernier, l’Europe représentait 44,4 % du chiffre d’affaires du conglomérat. Cette proportion est passée à 48,9 % cette année. De son côté, l’Espagne représente 14,7 % des ventes contre 15,6 % il y a un an. L’Amérique concentre 12 % du chiffre d’affaires, contre 16 % en 2019. Quant à l’Asie et aux autres régions, elles réalisent 24,4 % du chiffre d’affaires du groupe, en légère croissance par rapport aux 24 % de l’exercice précédent.

Mais qu’en est-il des boutiques physiques ?



98 % des boutiques du groupe ont maintenant rouvert, après une période de fermeture forcée en raison de la pandémie. Inditex assure que la vente physique « reprend progressivement ». Après une « bonne réception » des collections automne/hiver, le groupe estime pouvoir tabler sur « une reprise rapide » au deuxième semestre de l’année. Un processus qui s’inscrit dans le plan d’optimisation de la surface commerciale d’Inditex. Cette stratégie mise en œuvre depuis 2012 consiste à miser sur des espaces de grande taille dans des endroits privilégiés. Comme l’a annoncé Pablo Isla lui-même lors de la dernière présentation annuelle de résultats, cela va se traduire par 1 200 fermetures brutes.


Évolution du nombre de boutiques ouvertes de toutes les chaînes d’Inditex au cours des derniers mois - Inditex


Cependant, le groupe voit dans ces fermetures un nécessaire tribut à payer pour poursuivre sa croissance. En parallèle, il révélait une augmentation de 2,5 % de sa surface commerciale avec jusqu’à 150 ouvertures brutes programmées. « Inditex reste très actif dans la différenciation de son espace commercial, avec des projets très précis d’ouvertures, d’agrandissements et de rénovations au cours des prochains mois », assurent ses dirigeants, convaincus que la croissance de l’espace prévue pour cette année « correspondra aux prévisions antérieures ».

En nombre de boutiques, Inditex possédait au 31 juillet 83 établissements de moins que l’année dernière, pour un total de 7.337 espaces sur 96 marchés, contre 7.420 établissements en 2019. La chaîne qui a subi le plus grand nombre de fermetures brutes est Massimo Dutti : 26 établissements affichent maintenant porte close, mais 728 restent ouverts. Pull&Bear la suit de près, avec 24 établissements fermés pour 946 enseignes ouvertes au total. Vient ensuite Bershka, qui se sépare de 15 boutiques et en compte désormais 1.086. Stradivarius se maintient stable avec la fermeture de 5 boutiques seulement, et conserve 994 établissements. Oysho n’enregistre pour sa part que deux fermetures et compte 665 lieux de vente, et Uterqüe dispose de 89 boutiques avec une seule fermeture. De son côté, Zara (qui comprend maintenant Zara Kids et Zara Home) voit croître son nombre de boutiques ouvertes par rapport à juillet 2019, avec 10 ouvertures et 2.133 espaces de vente.

Le groupe textile a tenu à signaler l’ouverture de boutiques de grande surface sur 14 marchés au premier semestre, ainsi que la rénovation de 72 établissements (dont 35 sont des agrandissements, dans la logique du pari sur des surfaces plus importantes). Au cours des six premiers mois de l’année, Inditex a inauguré et rouvert des boutiques dans des villes comme Moscou, Paris, Berlin, Madrid, Lisbonne, New Dehli et Amsterdam. Le géant table par ailleurs sur des « ouvertures importantes » au cours du second semestre de l’exercice à Monaco, Pékin, Paris, Londres et Doha.

 

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