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Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
23 févr. 2023
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Copenhagen Fashion Week: divertissement, diversité et différentes formes d’influence

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
23 févr. 2023

La Semaine de la mode de Copenhague a fait le bonheur d’un public enthousiaste. L’événement s’est tenu dans la capitale danoise du 31 janvier au 3 février derniers. Malgré une pluie intense et des températures avoisinant les 0°C, cette Fashion Week dirigée par Cecilie Thorsmark n’a pas manqué de célébrer la mode locale avec le soutien d’une communauté fidèle. Dans une ambiance franchement festive, des défilés-spectacles ont eu lieu dans une multitude d’espaces emblématiques de la ville, devant un public rivalisant d’imagination pour créer des "street styles" originaux. Résultat: des premiers rangs débordant de jeunes gens, mêlant les artistes, les journalistes et les influenceurs de la Gen Z, pour qui l’extravagance teintée de bonne humeur de la mode scandinave est une seconde nature.

Le positionnement de la Fashion Week de Copenhague se veut différent de celui des grandes capitales de la mode, avec une stratégie de niche qui justifie pleinement sa place dans le calendrier de la mode internationale. De moindre envergure et avec un public plus pointu, l’événement est avant-gardiste et pionnier en matière d’écoresponsabilité. La création de synergies avec les salons professionnels Revolver et CIFF, qui ont eu lieu en même temps et ont même hébergé certains défilés, est centrale.


Ganni - Automne/hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Affichant de claires ambitions internationales, le calendrier officiel de l’événement comptait 25 défilés. Les marques représentées ont dû se plier à des critères stricts de respect de l’environnement: défilés zéro déchet, bannissement des plastiques à usage unique et utilisation d’au moins 50% de matières recyclées ou provenant de stocks dormants dans les collections présentées. Dans la mode durable, Copenhague fait figure de pionnière et est la première capitale de la mode à imposer de telles exigences.

Ganni, le joyau de la couronne

Interviewée par FashionNetwork.com la veille de sa présentation, la directrice artistique de Ganni, Ditte Reffstrup, décrivait elle-même sa collection comme "l’une des plus spéciales [qu’elle ait] jamais créées". Inspirée de la métamorphose des papillons, "Butterflies" retrace l’évolution de l’une des marques danoises les plus connues (et reconnues) à l’étranger. Dans la lignée de ses dernières collaborations avec des firmes comme Levi’s et Barbour, la griffe a à nouveau misé sur une synergie avec le monde de la culture. L’univers de la collection a été imaginé avec l’artiste Esben Weile Kjær, tandis qu’une ligne de bijoux dorés, qui sera disponible dès mars prochain, a été conçue par la designer Veneda Carter, installée à Los Angeles.

Le défilé a eu lieu au musée Arken d’Art Moderne, à un peu plus de 20 kilomètres du centre de Copenhague. Parmi les invités, figuraient les influenceuses Blanca Miró, Sophia Roe et Pernille Teisbaek. En toile de fond, une projection numérique dépeignait les mouvements d’un papillon surréaliste. Les looks, plus féminins et sophistiqués que ceux des collections antérieures, conservaient l’originalité et la fantaisie propres à la marque.

Les coupes épurées signaient un vestiaire aux lignes minimalistes, avec de brillantes démonstrations du talent de confection de la maison, comme un costume trois-pièces en laine grise ou des ensembles en denim avec des chemises ouvertes sensuelles et des pantalons taille basse. Une robe voluptueuse en bleu marine, un modèle à sequins rouges et une autre en velours vert ajusté étaient remarquables. Le nouveau logo de la marque, rappelant un papillon, était mis en scène à travers des détails brillants.

La responsabilité environnementale reste au cœur de la démarche du label, qui a présenté un sac élaboré dans une nouvelle matière innovante et durable, composée d’écorce d’orange et de cactus et développée par le fabricant italien Ohoskin, spécialisé dans les bio-matériaux. Des bus fuchsia portant le logo de Ganni avaient été mis à disposition des invités, afin de pouvoir se rendre l’événement en transports en commun. Les confettis jaunes lancés à la clôture du défilé, pour leur part, étaient recyclés.

(Di)vision, la coqueluche des réseaux sociaux





(Di)vision - Automne-hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


C’est une marque pratiquement inconnue à l’étranger qui a décroché le palmarès de l’impact médiatique sur les réseaux sociaux. La vidéo montrant l’une des mannequins, cachée dans le public, qui se lève de la table pour aller défiler en emportant la nappe, les couverts et la vaisselle faisant partie de la traîne de sa robe, a été partagée d’innombrables fois. On est encore loin du buzz généré par la griffe Coperni et la mannequin Bella Hadid avec la fameuse robe en spray, mais la performance s’inscrit dans cette nouvelle lignée d’actions spectaculaires destinées aux objectifs des téléphones pour être vues sur différentes plateformes.

Fondée en 2018 par le duo frère et sœur Nanna et Simon Wick, la marque signe des créations unisexes et décontractées, rendant un hommage affirmé aux années 1990. La dernière collection aurait parfaitement pu habiller les stars de la pop de l’époque. Présentés sur fond de bande-son de Linkin Park, des looks streetwear composés d’ensembles monochromes laissaient entrevoir les sous-vêtements. Les invités ont aussi pu voir défiler des pulls en maille à logo, des superpositions d’imprimés camouflage, des bombers et des sweats ou encore des tops semi-transparents portés avec des pantalons et des jupes taille basse, révélant la ceinture élastique des sous-vêtements.

Des bonnets, des mitaines, des guêtres et des maquillages grunge venaient compléter le tout. Détail intéressant: les vêtements étaient principalement confectionnés à l’aide de fins de stocks et de pièces vintage. (Di)vision a aussi présenté une collaboration avec Asics, portant sur vingt-cinq paires de baskets upcyclées mises en vente chez le spécialiste danois de la sneaker Naked, juste après le show.

Mais ce qu’il faut vraiment retenir de ce défilé qui s’est tenu dans les salons de l’hôtel Josty n’était pas sa mode inspirée des années 2000 et semblant née d’une improbable fusion entre les tenues de gala des invités du Met et les festivaliers de Woodstock en 1999: sa singularité, c’est sa capacité à mobiliser une communauté jeune et fascinée par son univers. Actuellement, la maison n’emploie que cinq employés, mais compte déjà un flagship à Copenhague. Distribuée chez Tomorrow, c’est la marque à suivre du moment, d’après les experts de la mode danoise.

Les spectacles de Saks Potts et Rotate





Saks Potts - Automne/hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Chez Saks Potts et Rotate, les défilés étaient eux aussi tournés vers le public des réseaux sociaux. Ces deux marques déjà connues à l’étranger ont proposé des défilés spectaculaires et animés. Le dernier défilé de Saks Potts, la maison fondée par Barbara Potts et Cathrine Saks, avait eu lieu l’été dernier sur la place Kongens Nytorv, dans le centre de Copenhague. La griffe a à nouveau opté pour un lieu emblématique de la capitale danoise avec un spectacle au Concert Hall des jardins du parc d’attractions Tivoli, fondé en 1843.

Les invités devaient suivre un chemin illuminé de lampions entre les carrousels et les stands en bois avant de s’installer dans un impressionnant auditorium à rideaux blancs. Et le défilé en lui-même faisait l’objet d’une mise en scène ambitieuse, avec une centaine d’enfants déguisés en petits soldats de garde, jouant une marche militaire traditionnelle pour marquer le début du spectacle, qui avait lieu sur la scène, mais aussi entre les files de sièges.

Les deux créatrices, qui ont fondé cette firme aujourd’hui adorée des influenceuses alors qu’elles n’avaient encore qu’une vingtaine d’années, ont choisi de rendre hommage à la famille nordique. Certains mannequins défilaient d’ailleurs avec des enfants dans les bras. Dans des tonalités alliant le rouge vif, le vert acide, le marron et même le violet et l’imprimé léopard, la collection célébrait une fonctionnalité sophistiquée remontant aux origines de la griffe, avec des jupes midi, des manteaux longs et des pantalons cintrés avec des blouses semi-transparentes.


Rotate Birger Christensen - Automne-hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Le défilé de Rotate, pour sa part, a eu lieu dans un immense espace industriel dans la banlieue de Copenhague, au Bella Center qui hébergeait également le salon professionnel CIFF. L’ambiance était électrique, avec une bande-son de Kiss et des centaines d’invités qui n’hésitaient pas à manifester leur enthousiasme en sifflant au passage des mannequins, menées par Lisa Rinna, une célébrité de la télévision nord-américaine, et l’influenceuse Emili Sindlev.

Fondée en 2018 par deux influenceuses, Thora Valdimars et Jeanette Friis Madsen, la maison a proposé une collection résolument festive, avec des paillettes, des sequins, du velours et des imprimés léopard à profusion. Un style qui vaut à cette marque scandinave de pouvoir se targuer d’un des plus forts taux de croissance du secteur, avec 400 points de vente dans le monde.

Le minimalisme chic de The Garment




The Garment - Automne/hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Fondée en 2020 par deux directrices artistiques, Sophia Roe et Charlotte Eskildsen, The Garment s’est rapidement fait un nom dans le milieu. Des matières de qualité, des palettes de couleurs neutres, un positionnement écoresponsable et une esthétique minimaliste forment les composantes principales de l’univers de cette marque dont le style pourrait s’apparenter à celui de The Row, sur un autre continent.

La dernière collection, présentée à l’espace industriel Fabrikken for Kunst og Design devant une poignée d’invités, mettait à nouveau à l’honneur des silhouettes intemporels, faisant de discrets clins d’œil aux années 1990 et à l’esthétique scandinave. Des pièces en maille douces et chaleureuses, des manteaux et des pantalons oversize, des tailleurs inspirés de leurs pendants masculins et des coloris allant jusqu’au jaune pastel formaient une sélection jouant sur les contrastes de formes et de proportions. L’accessoire phare des défilés danois cette saison, le passe-montagne, était aussi de la partie.

Couleurs intenses chez Helmstedt

et Stine Goya




Helmstedt - Automne/hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Le musée d’Histoire naturelle de Copenhague, situé dans l’un des recoins de l’immense jardin botanique de la capitale danoise, a accueilli le défilé de Helmstedt. Une collection regorgeant d’imprimés originaux et colorés, avec une palette de nuances vibrantes: orange, bleus, verts et marron, que l’on retrouvait sur des manteaux matelassés légers, des combinaisons décontractées, des tops péplum, des robes à volants et même une impressionnante robe finale composée de voluptueux tentacules de couleurs.

Fondée en 2018 par Emilie Helmstedt, qui a salué avec son bébé dans les bras à la fin du défilé, cette griffe indépendante distribue déjà ses designs ultra-originaux sur vingt-cinq marchés dans le monde entier.


Stine Goya - Automne/hiver 2023/2024 - Prêt-à-porter femme - Danemark - Copenhague - © ImaxTree


Stine Goya fait aussi partie des labels danois en vogue. L’été dernier, la marque avait défilé entre des colonnes de sable qui explosaient et se désagrégeaient progressivement, en une claire référence au changement climatique. Pour ce nouveau défilé, la griffe a créé un décor similaire, cette fois-ci composé de colonnes de glace. Du côté des produits, les invités ont pu découvrir des mini-robes à détails métallisés, des pantalons oversize et des robes longues à sequins, des costumes noirs, des jupes et des manteaux en fausse fourrure, des ensembles en denim rose et des blazers et vestes à touches vert fluo.

Lancée en 2006 par la designer du même nom, cette maison danoise fait partie des plus reconnues à l’étranger, grâce à ses créations festives et minimalistes. Présente dans trente pays, la marque possède trois boutiques en propre au Danemark et est aussi distribuée dans certains grands magasins, chez des multimarques indépendants et sur plusieurs sites de luxe. Stine Goya a récemment inauguré son premier showroom à Londres, à l’espace 180 the Strand.

TG Botanical, Stamm et Selam Fessahaye, les coups de cœur de Zalando




TG Botanical


Trois marques ont par ailleurs défilé lors de la cinquième édition du prix Zalando Sustainability. Cette récompense "célèbre et soutient les marques qui s’engagent en faveur d’un changement positif et contribuent à rendre l’industrie de la mode plus responsable", faisant profiter les vainqueurs de la production d’une collection capsule, d’une distribution sur Zalando et d’une dotation de 20.000 euros. Cette saison, c’est la griffe scandinave Stamm qui est arrivée en haut du podium, avec des vestes en duvet recyclé, des broderies sur cuir et des tissus traditionnels indiens Khadi qui ont séduit le jury.

L’Ukrainienne TG Botanical était aussi en lice. Ses silhouettes suggestives, teintées de pigments naturels, sont produites à Kiev. La Suédoise Selam Fessahaye, pour sa part, a été fondée en 2019 à Stockholm et conçoit ses créations comme des manifestations d’une expression artistique, utilisant des matières recyclées ou des stocks dormants. Elle a réalisé une collection originale, faisant la part belle aux fleurs, aux franges, aux imprimés audacieux et aux patchworks.

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