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20 juil. 2011
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Coup de frein sur les importations en provenance de Chine ?

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20 juil. 2011

Alors que la crise de 2008-2009 avait incité les donneurs d’ordres à privilégier les approvisionnements en Asie, la meilleure tenue de la consommation d’articles de mode et textiles sur le Vieux Continent a modifié les stratégies d’approvisionnement des distributeurs en 2010. L’amélioration de la consommation a conduit à une hausse de 7 % des importations d’habillement en valeur de l’Union européenne, alors qu’elles avaient diminué en 2009, ce qui a permis au sourcing de proximité de retrouver une meilleure orientation. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Au début de l’année 2011, la consommation a poursuivi son amélioration, notamment dans les pays du nord de l ’Europe (Allemagne et Royaume-Uni) , tandis qu’ en France , nous assistons à une certaine stabilisation de la consommation , grâce aux bons résultats observés en avril et mai. Aux Etats-Unis, les ventes d’articles de mode et textiles ont même progressé de 5 % en valeur au cours des quatre premiers mois de l’année.

Un autre élément qui a considérablement modifié la géographie des approvisionnements est la hausse des coûts de production. Amorcée en 2010, elle semble se poursuivre en 2011. Les prix du coton ont notamment connu une croissance soutenue jusqu’au mois de mars. En recul depuis cette date, ils n’en demeurent pas m oins à des n ivea ux très élevés. Les prix des autres fibres textiles ont également connu d’importantes progressions, la hausse des cours du coton ayant alimenté par un effet de report de la demande, celle des autres fibres. Du côté des coûts de main-d’oeuvre, la plupart des pays sont concerné s par l’ augmentation des salaires minimum. En Chine, ils ont crû d’environ 20 % en 2010 dans de nombreuses provinces, et ils devraient progresser de plus de 80 % au cours de la période du douzième plan quinquennal (2011-2015). En outre, les coûts de transports connaissent également des hausses substantielles.


Il n’est donc pas surprenant de constater une augmentation des prix du made in China. En outre, les producteurs de l’ Empire du Milieu réorientent de plus en plus leur activité vers le marché intérieur. C’est ainsi qu’au cours des quatre premiers mois de l’année, une fois n’est pas coutume, les importations américaines d ’habillement en provenance de Chine ont légèrement diminué en quantités (- 0,2 %), tandis qu’elles ont progressé de 9 % en valeur. Du côté européen, les arrivées en provenance de l’Empire du Milieu ont même connu une chute de 8 % en tonnages au premier trimestre 2011, contre une hausse de 15 % mesurée en euros.


Au sein de la zone Asie, le grand gagnant est le Bangladesh. Au cours du premier trimestre 2011, les importations d’habillement de l’Union européenne en provenance du Bangladesh ont ainsi connu une croissance de 50 % en valeur (+ 18 % en volume). Bénéficiant d’un accès à droit nul sur les marchés européens, grâce au système de préférence généralisé, ce pays semble bénéficier d’un regain de compétitivité en se positionnant sur le créneau des productions premiers prix, délaissé par son voisin chinois.


Dans ce contexte, marqué à la fois par une amélioration de la consommation européenne et une moindre disponibilité de l’offre chinoise, le sourcing de proximité a retrouvé une certaine dynamique. D’autant que certains distributeurs restent prudents et optent pour des petites séries qui limitent les risques de démarques importantes en fin de saison. Les importations européennes d’habillement en provenance de Turquie ont ainsi bénéficié d’un gain de 17 % en valeur au cours du premier trimestre 2011 (+ 1 % en volume), tandis que les arrivées en provenance du Maroc ont augmenté de 20 % (+ 16 % en volume). Enfin, les donneurs d’ordres ont augmenté leurs achats en Tunisie : + 3 % en valeur, soit + 5 % en volume. Ce qui révèle, contrairement à ce que l’on a observé pour les autres pays, un léger repli des prix à l’importation en provenance de Tunisie.

A court terme, la principale incertitude concerne la répercussion de la hausse des coûts de production sur les prix des distributeurs, lors de la prochaine collection. Sans doute inévitable, la hausse des prix pourrait atteindre les 10 % pour certains produits, sans pour autant être systématique pour ne pas risquer de compromettre le léger réveil de la consommation.


GILDAS MINVIELLE

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