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Marguerite Capelle
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27 janv. 2023
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Dernier jour pour la haute couture: Fendi, Robert Wun et Mugler

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Marguerite Capelle
Publié le
27 janv. 2023

La Semaine de la haute couture parisienne s’est achevée ce 26 janvier avec un défilé à la Bourse pour la puissante griffe romaine Fendi, les débuts d’un créateur chinois, et un show de prêt-à-porter rock et cinématographique dans un ancien abattoir pour Mugler.

Fendi: Alberta "Fendetti"



Beaucoup de "star power" mais pas tellement d’étincelles chez Fendi Couture, qui présentait jeudi une collection tout à fait acceptable, pour le dernier jour de la saison de haute couture parisienne.

Les paparazzi et autres influenceurs étaient à bloc pour accueillir les stars, preuve que Fendi est capable d’attirer les grands de ce monde.


Fendi printemps 2023 couture - Fendi


Les V.I.P. en question devaient traverser une nuée de fashionistas et de fans pour accéder à la Bourse, l’ancienne place des marchés parisienne. L’actrice Kerry Washington était ravissante en tailleur vert perruche, aux côtés de Milly Alcock, la star de House of the Dragon, dans une tenue bleu arctique, la même couleur que celle de Courtney Love. Et il y avait aussi la super top Amber Valletta, la rappeuse Doja Cat, et les actrices Emilia Jones et Sarah Paulson, laquelle était assise à côté de sa compagne Holland Taylor.

Toutes ont découvert une collection présentée dans un écrin blanc d’un ovale parfait, avec des bancs bleus en guise d’assise. Les spectateurs ont d’abord patienté, un peu mal à l’aise, dans un drôle de bruit blanc qui précédait le défilé. Quand soudain, l’arrivée en coulisses d’Hélène Arnault, femme de l’homme le plus riche d’Europe et propriétaire de Fendi, a donné le coup d’envoi du spectacle. En manteau de feutre rebrodé de fleurs, elle s’est installée aux côtés de Jean, le cadet de ses trois fils.

Le défilé a commencé par une série de robes longues, tenues de soirée et minirobes, sans le moindre manteau ou veste en vue: des fourreaux moulants et des robes nuisettes couleur argent, tout en transparence, souvent accompagnés de longs gants en cuir argenté et de pochettes diamantées.

En deux ans et demi, le couturier de Fendi, Kim Jones, a clairement appris à gérer un atelier de haute couture, et il y avait quantité de savoir-faire et de finitions délicates à admirer. Et aussi une série de robes micro-plissées au tissage sophistiqué, dont le drapé élégant respirait le raffinement.

Mais il y a aussi eu un dysfonctionnement: une top-modèle a trébuché à plusieurs reprises en faisant son entrée dans une robe de soie grise, qu’elle a dû remonter à deux mains pour faire le tour du podium. Vraiment pas un super moment couture.

Deux looks sensationnels en dentelle gris pâle ont relancé l’ambiance, et il y en avait bien besoin, car la bande-son était vraiment bizarre. On avait l’impression d’entendre les vrombissements et autres bruits cacophoniques qu’un type du KGB utiliserait pour torturer un agent anglais dans un roman d’espionnage de John Le Carré.

D’autre part, l’idée de balancer des échantillons de tissu assorti sur l’épaule de plusieurs mannequins n’était pas très réussie d’un point de vue stylistique. Trop souvent, les looks n’étaient pas très "Fendi". On aurait parfois pu les confondre avec du Valentino des années 1990, ou du Elie Saab des années 2000.

"Ça m’a fait penser à Alberta Ferretti", grimaçait un rédacteur de mode italien.

Objectivement, Kim Jones a été embauché pour inventer une véritable identité pour Fendi, en tant que marque, après l’ère Karl Lagerfeld où l’esthétique Fendi variait d’une saison à l’autre. Pour la haute couture, il n’a pas encore réussi à atteindre cet objectif.

On est loin de la créativité qu’il déployait chez Dior Homme, avec ses idées novatrices, ses défilés spectaculaires et ses coupes inédites, qui avaient alors fait de lui le créateur le plus influent de la mode masculine contemporaine.

Robert Wun fait ses débuts place Vendôme



Lauréat du dernier prix spécial de l’Andam, le trophée des jeunes talents que tout le monde suit de près, Robert Wun a fait ses débuts haute couture ce jeudi soir et, pour une première fois, il tape très fort.


Robert Wun - Printemps-été 2023 - Haute Couture - France - Paris - © ImaxTree


Wun a clairement beaucoup de technique, une imagination fertile et du talent pour interpeller visuellement dans ce défilé mixte.

Surtout, il est très doué pour fabriquer des images – son look "ramoneur anglais chic" en imper cristallin, bottines et maxi-parapluie façon Pinball Wizard était digne d’un Dali. Tout comme la geisha moderne du créateur chinois, avec sa crinoline géante argentée, et son monumental chapeau en forme de pagode.

Trop souvent, cependant, c’est à peine si les tops pouvaient marcher, tant les robes étaient ajustées. Pas beaucoup de vision féministe dans ce défilé, mais quand même un peu de tendresse – jusqu’à la mariée, incarnée par un mec noir dans une volumineuse robe à capuche, décorée de plumes blanches.

Mugler: lumières, caméra, mode



Le revival Mugler continue et prend rapidement de la vitesse, alors que l’énergique créateur de la maison, Casey Cadwallader, présentait son premier défilé live depuis la pandémie.


Mugler - Automne-Hiver 2022 - 2023 - Prêt-à-porter féminin - France - Paris - © ImaxTree


Cinématographique, sexy, hédoniste, avec pléthore de stars historiques des podiums: le fondateur Thierry Mugler aurait sûrement adoré. Depuis le début du confinement, Casey Cadwallader s’était contenté de présentations vidéo. Voilà un retour au réel qui en a dans le ventre.

Le défilé était présenté à la Grande Halle de la Villette, un ancien abattoir monumental, et il a fait un véritable triomphe. Chaque top passait sous les spots, suivi par une équipe de tournage installée sur un chariot de travelling, tout le long d’un podium de 50 mètres, avant de faire une pirouette devant les photographes, et de disparaître à nouveau dans l’obscurité. Puis, retour sur un podium parallèle, avec un autre chariot de travelling, et projection sur écran géant.

Amber Valletta en fourreau moulant avec des inserts transparents, et Eva Herzigova en robe de dominatrice, ont récolté les applaudissements les plus nourris.

Le tout était porté par une bande-son énergique, accompagnant le casting mixte et toutes les stars en transition et filles à pomme d’Adam proéminente qui déferlaient sur le podium. Pratiquement que du noir – cuir, dentelle et stretch – avec une pointe de blanc et de rouge: comme sur la mannequin Mariacarla Boscono, qui a captivé la salle en nuisette de dentelle de femme fatale.

"C’est un défilé prêt-à-porter présenté pendant la saison couture, mais ce n’est pas une collection couture. Mugler ne doit pas être une marque discrète. Il faut que ce soit audacieux, dramatique, excitant. On doit créer des icônes!", insistait Casey, après avoir embrassé Kylie Minogue.

"Ces dernières années, j’ai beaucoup appris. J’ai appris à propulser Mugler grâce aux films. Alors je voulais ces gens formidables, capables de faire bien plus que marcher en ligne droite. Je voulais qu’ils regardent le public, qu’ils regardent la caméra. Et qu’on s’amuse, parce que Mugler, c’est du fun, de l’amour, se sentir représenté", expliquait le créateur.

Cette nouvelle approche Mugler a plus de volume, de texture, et des tenues de soirée, mais sans robes longues. La marque a clairement repris de la vitesse sous l’égide de Casey Cadwallader, avec un tout nouveau sac plein de courbes, une ligne de chaussures et des maillots de bain, déjà dans les tuyaux.

Les affaires sont manifestement florissantes, comme le montre ce spectaculaire moment de mode, et ainsi que le soulignait gaiement le jovial directeur général Pascal Conte-Jodra: "On profite d’une croissance à trois chiffres depuis trois ans. Peu de marques peuvent se vanter de ce genre de chiffres!"
  
 

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