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8 févr. 2023
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En 2023, la pression s’accroît sur les comptes d’exploitation des enseignes

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8 févr. 2023

Si l’année 2022 du commerce spécialisé se termine plutôt bien, avec un niveau de ventes en magasin qui retrouve le niveau de 2019 (+1,3%) et s’avère en progression de 14,7% par rapport à 2021, la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (Procos) alerte sur la santé financière de certaines enseignes du secteur (mode, beauté, sport, déco…). Car la baisse des volumes et les coûts en hausse continuent d’attaquer leurs marges, alors que la problématique du pouvoir d’achat est toujours prégnante chez les Français. 


Shutterstock


L’an dernier, la fin d’année a été meilleure que le début, avec un été médiocre, et une amélioration continuelle à compter de septembre. “Nous n’avons pas connu de fort effet rebond post-crise”, livre Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, qui signale qu’il faut retrancher 3 à 4 points de croissance des ventes pour avoir la réalité du niveau d’activité en volume, les prix de vente ayant augmenté dans ce contexte d’inflation.


Ventes par secteurs par rapport à 2019 - Procos


Surtout, la dynamique est différente selon les secteurs: sur l’année, les ventes physiques pour l’alimentaire spécialisé (+9,7%), de l’équipement de la maison (+5,5%), et de la beauté-santé (+2,3%) sont en hausse par rapport à 2019, mais l’habillement (-2,6%) et la chaussure (-8,5%) restent en retrait. 

Une fréquentation toujours en berne



De plus, le trafic en points de vente demeure en fort recul comparé à l’avant-crise, de l’ordre de -19,5% en 2022, comparé à 2019 (+0,3% vs 2021). “On ne reviendra jamais aux chiffres de fréquentation d’avant-crise. Les gens viennent moins souvent sur les lieux de vente, mais dépensent plus. Nous nous orientons d’une logique de volumes vers une logique de valeur”, observe-t-il.


Procos


Après un essor dû à l’effet crise sanitaire, les ventes web sont rentrées dans le rang en 2022, elles sont en repli de 12% pour l’ensemble des enseignes par rapport à 2021. Il s’agit tout de même d’une hausse de 40% par rapport à 2019. 

80% des chefs d'entreprise du commerce ne vont pas investir en 2023



L’incertitude est -encore- le mot-clé qui domine ce début d’année 2023. Les coûts (transport, énergie, matières, salaires, loyers…), qui ont fortement progressé l’an dernier pour les entreprises, continuent de peser sur leurs bilans, même si la fédération observe aujourd’hui un repli des contraintes d’approvisionnement et du prix de l'énergie.

Les chefs d’entreprises du commerce sont 80% à indiquer qu’ils ne vont pas investir en 2023 (sondage OpinionWay), alors que la filière a besoin de se transformer (et donc de lancer des chantiers côté RSE par exemple). La hausse des taux d’intérêt inquiète également, de même que le remboursement des PGE à honorer. 


Procos


Selon Laurence Paganini, présidente de Procos et dirigeante de Kaporal, cette dégradation de la trésorerie des enseignes agit comme l'un des facteurs clés dans les récentes déconvenues connues dans l’habillement (Go Sport, Cop.Copine, Kookaï…). “Nous ne sommes pas étonnés par ce qui se passe, cela fait dix-huit mois que nous alertons d’un risque de défaillances. Nous espérons avoir enfin une écoute des pouvoirs publics, afin d’être soutenus et d’obtenir une vraie politique en faveur du commerce”. 


La hausse des loyers est l'un des facteurs pressurisant les marges des enseignes - Procos


Le commerce milieu de gamme souffre d’avantage. “Les entreprises du luxe, du discount et à forte image prix sont dans des situations plus favorables. Les premières parce que le consommateur est moins sensible au prix, les deux suivantes parce qu’en période de forte inflation et d’inquiétude pour le pouvoir d’achat, les consommateurs privilégient le prix pour reconstituer du pouvoir d’achat”, analyse la dirigeante.

En janvier 2023, les ventes physiques des acteurs du commerce spécialisé se fixent en hausse de 11,5% par rapport à il y a un an, mais cette référence de janvier 2022 était très mauvaise (en raison des mesures Covid-19 et du télétravail). “Finalement, avec une hausse de 4% des prix consommateurs, les volumes vendus en janvier sont en baisse d’environ -4% par rapport à janvier 2019”, nuance Procos. Pas de quoi démarrer l’exercice sur une note très positive. D’autant que 2023 est qualifiée par la fédération comme “l’année de tous les dangers”. 

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