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Publié le
12 oct. 2016
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Eric Tibusch (TY) : "En Chine, il y a de la place pour des créateurs étrangers"

Publié le
12 oct. 2016

Le créateur français Eric Tibusch, qui avait notamment officié au côté de Clio Blue et Jacques Fath, ou encore habillé les finalistes de Miss France, a décidé de quitter l'Hexagone voilà trois ans. Aujourd'hui installé à Hangzhou, il s'est associé avec l'industriel chinois Renzhonj Ying, avec qui il a fondé la marque TY, qui se veut la première marque franco-chinoise de couture, dont la première collection vient de lui valoir le prix du meilleur designer étranger à la Fashion Week de Pékin. Le styliste évoque pour FashionNetwork ce nouveau départ.

Eric Tibusch - Matthieu Guinebault/Fashionnetwork


FashionNetwork : Qu'est-ce qui a motivé ce départ vers la Chine ?
Eric Tibusch : J'ai quitté la France après ma collection Bye Bye Paris. J'avais des parrainages comme celui d'Anna Wintour pour rentrer dans le calendrier parisien, mais cela a été refusé. J'ai décidé de partir. J'étais venu en mission de prospection accompagné par la Fédération française du prêt-à-porter féminin en 2013. Et des partenaires locaux m'avaient proposé de m'installer. J'ai donc pris le pari. La Chine est le plus gros marché. En Europe, il n'y a plus de place pour les jeunes créateurs ou les indépendants. Et la Fédération Française de la Couture ne fait pas grand chose. C'est difficile pour un Français de se développer en France. Je suis donc arrivé à un Shenzhen en 2014.

FNW : Quelles ont été vos découvertes sur le marché chinois ?
ET : Toutes les marques ici soufrent de la concurrence, et de Taobao (site de vente en ligne à bas prix). La cliente chinoise est très axée sur les prix. Et la classe moyenne veut des produits très haut de gamme, de qualité, avec un goût pour les produits chinois, le sur-mesure, les produits plus exclusifs, plus mode et tendance. Mais cela reste assez flou. En Chine, les maisons ne sont pas créatives : il faut que ça se vende. Point.

FNW : La question est donc de se démarquer ? 
ET : Si on arrive en Chine en se contentant de dire "voilà comment on fait ailleurs, donc voilà comment vous devez faire", c'est très mal parti. Car on est loin des réalités de ce marché. Ici, une collection sans rouge est impensable. Il faut de l'or. Les possibilités de décolletés et dos nus sont très limités. Il faut montrer la clavicule, très appréciée des Chinois. Il faut allonger les silhouettes par des coupes particulières. Certains beiges sont fuis par les clientes car il fait ressortir le jaune de la peau. Et la cliente moyenne n'est pas mince, il faut jouer des coupes plus amples pour l'affiner et la rendre plus jolie.

FNW : L'attente du luxe est toujours dominante ?
ET : Le luxe ne fonctionnera pas. Mais le très grand luxe fonctionne très bien. Dans le luxe, les gens achètent beaucoup d'accessoires, mais peu de vêtements. Et toutes les marques, à part Vuitton, font des soldes, avec des prix allant jusqu'à - 70 % et ou - 90 %. Impensable en Europe. Mais les marques prestigieuses de luxe ont l'avantage de ne pas payer de loyer, car les malls les accueillent pour le prestige, et se remboursent sur les ventes des autres marques. La Chine n'est pas un marché stable ou rassurant. Et c'est notamment pour cela que tous les malls veulent que nous installions TY, pour voir les résultats d'une marque couture franco-chinoise.

FNW : Que signifie ce changement de carrière pour un designer européen ?
ET : Déjà, j'ai un salaire, ce que je n'ai jamais eu en France, car j'investissais tout dans ma maison de couture. Mais ici, il y a de la place pour se développer, pour un créateur étranger. Et vous êtes invités partout, et on vous fournit tout l'équipement pour les défilés. En Europe, on est incapable de faire ça. Tous les jeunes créateurs que je suis de loin me disent qu'ils souffrent. Tout coûte cher. Ici, tout est à dispo. Je dis aux créateurs "essayez !" En Chine, il est plus facile d'arriver à vendre et se faire connaitre. Toucher juste 1 % de la population, c'est toucher un marché potentiel de 12 milliards d'euros.

FNW : Pendant ce temps, les marques chinoises tentent de séduire l'occident...
ET : Certaines marques viennent défiler à Paris, y ouvrent des boutiques même en sachant qu'elles ne vendront rien, car elles savent que cela va aider à vendre en Chine. Ce n'est pour eux qu'une dépense marketing. C'est là qu'on est mauvais en France : eux savent bien nous utiliser pour vendre. Alors que la France, avec ses quantités minimes de ventes, cela ne les intéresse pas. Ils sont juste brillants sur ce point. Les créateurs européens devraient s'en inspirer.

FNW : Quel regard portez-vous sur votre nouvelle vie ?
ET : Je m'amuse plus que je ne m'amusais en France. La seule chose qui me manque, c'est la créativité. Avec TY, nous nous autorisons tout de même 10 % de produits uniquement imaginés pour l'image, et qui montreront notre savoir-faire et notre univers en vitrine. J'ai également moins l'occasion d'expérimenter, de tester de nouveaux volumes. Mais, après tout, ce n'est pas tout cela qui nous fait vivre. A Paris, les pièces les plus créatives sont là juste pour la presse. Les acheteurs eux ne prennent que les pièces aisées à vendre. Cette expérience chinoise m'a assagi, simplifié. Les idées primordiales sont toujours là : quand ça plaît, ça se vend.

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