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Face à la crise, la joaillerie française définit un plan d'action pour se relancer

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16 mai 2010

PARIS, 14 mai 2010 (AFP) - Touchés de plein fouet par la crise, sous-traitants et joailliers de la place Vendôme ont décidé de resserrer leurs liens pour mieux travailler ensemble afin de relancer une filière fortement concurrencée mais au savoir-faire reconnu à l'international.


"Jusqu'à l'an dernier, tout allait très bien. Depuis une dizaine d'années, la croissance des grands joailliers à l'international et l'arrivée de nouveaux entrants comme Dior, Louis Vuitton, Gucci.. tiraient l'activité", explique à l'AFP Daniel Cambour, un des sous-traitants de la place Vendôme qui emploie 95 salariés.

"Et puis la crise est arrivée et les commandes ont été bloquées ou, pour certaines, annulées", raconte-t-il.

La douche est froide pour les fabricants, qui représentent 3.500 entreprises essentiellement des PME et emploient 11.260 salariés: une baisse de chiffre d'affaires de 17% à 1,8 milliard d'euros en 2009 par rapport à 2008.

Et encore, pour certains travaillant dans le haut de gamme, plus affecté par la crise, "la baisse de chiffre d'affaires a pu atteindre -50% à -60%", souligne Frédéric Mathon, président de l'Union française de la Bijouterie, Joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (UFBJOP).

Cet organisme, qui rassemble artisans, PME et grands groupes de luxe, a fait réaliser une enquête-diagnostic sur la filière face à l"urgence" de la situation.

L'un de ses principaux enseignements est de souligner des "faiblesses structurelles" ainsi que des liens distendus entre donneurs d'ordre et fabricants depuis trente ans, quand les groupes ont commencé à remplacer les maisons familiales.

"Certains donneurs d'ordre, explique un autre fabricant sous couvert d'anonymat, préfèrent traiter avec des ateliers en Italie ou en Espagne, par manque de confiance dans des structures françaises pas assez réactives et aux moyens de production insuffisants".

Pour M. Mathon, la crise a provoqué "beaucoup de frustration chez les fabricants alors que les donneurs d'ordre étaient dans l'impossibilité de prévoir l'avenir".

Un comité de pilotage associant chaque partie a été mis en place. Un plan d'action a vu le jour dont l'un des points concerne la rédaction d'une charte de bonnes pratiques, à l'instar de celle signée dans l'habillement.

Le 22 juin sera organisé un "Speed networking" au cours duquel plusieurs face-à-face de 20 minutes réuniront fabricants et donneurs d'ordre.

"La crise a fait prendre conscience aux donneurs d'ordre que la France, leader mondial de haute joaillerie, devait conserver des sous-traitants de haute qualité, pointus, qui soient capables de répondre aux enjeux de demain, rester leader face à la concurrence de plus en plus étendue", dit Olivier Mellerio, héritier de la 14e génération de joailliers "Mellerio dits Meller".

"Il faut aussi arriver à des regroupements d'entreprises comme dans l'automobile afin que les groupes aient des sous-traitants à la mesure de leur importance", prévient-il.

Si des sous-traitants ont pu investir dans la technologie et le personnel pour satisfaire les nouvelles demandes des griffes, "les petites structures ont du mal à suivre le rythme", reconnaît Daniel Cambour qui parle parle d'un secteur "atomisé".

L'unanimité elle s'est déjà faite sur la qualité du made in France. L'UFBJOP souhaite que le label "Joaillerie de France", créé en 2006, garant de très haute qualité de fabrication, s'étende à une démarche développement durable notamment concernant la traçabilité des pierres précieuses ou de l'or. "Une demande incontournable", pour M. Mathon.Par Dominique AGEORGES

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