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12 mars 2021
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Filatures de lin: les dessous du retour de Safilin en France

Publié le
12 mars 2021

Quinze ans après son départ de France, le filateur Safilin vient d'annoncer le développement d'une filature de lin dans les Hauts-de-France. Pas une relocalisation, comme l'explique à FashionNetwork.com son dirigeant, Olivier Guillaume, mais bien une expansion s'appuyant sur l'évolution des attentes de marques et consommateurs. Un défi qui doit notamment passer par le réapprentissage d'un savoir-faire perdu par la France, et par la concurrence des filatures chinoises qui captent la très grande majorité de cette matière première complexe à obtenir.


Safilin



La filature était connue comme le dernier maillon manquant d'une chaine d'approvisionnement de vêtements en lin réalisés à 100% en France. Allant des champs de l'axe Caen-Calais, où se concentre la majorité de production mondiale de lin, jusqu'aux façonniers locaux. Né en 1778 dans le nord, Safilin avait fait le choix de cesser son activité française au milieu des années 2000. Ses deux sites polonais, à Szczytno et Mikakowo, qui comptent plus de 500 collaborateurs et génèrent 4.500 tonnes de fils par an, continuaient cependant d'opérer à 95% à partir de lin français. Premier élément qui allait poser les bases d'un retour prochain dans l'Hexagone.

"L'idée remonte à il y a quelques années, quand nous avons commencé à voir des 'signaux faibles' qui, avec le temps, ont été de moins en moins faibles", raconte ainsi Olivier Guillaume à FashionNetwork.com. On a progressivement vu des marques ayant pignon sur rue venir nous solliciter pour des fils Made in France, tandis que l'on voyait grandir l'intérêt des consommateurs pour le Made in France. Nous avions l'appréhension que seul le haut de gamme et le luxe seraient intéressés. Mais nous avons aussi vu arriver des marques de milieu de gamme qui, mises en danger, cherchaient à se repositionner par la qualité et la responsabilité. Avec toutes les barrières se levant progressivement, est arrivé il y a environ deux ans le moment où nous ne pouvions plus passer à côté de ce sujet-là".

Safilin avait très vite rejoint le projet Linpossible, porté par les marques 1083, Splice et Le Slip Français, et dont l'objectif est d'inciter les marques à s'engager à soutenir en retour la réapparition des filatures de lin en France. Pour préparer le retour de Safilin en France, la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC) avait pour sa part en septembre emmené trois députés visiter l'activité polonaise de l'entreprise. Au cœur des discussions, ce projet d'un bâtiment de 6.000 mètres carrés, qui prendra place dans un lieu encore non dévoilé des Hauts-de-France, pour un investissement de cinq millions d'euros. Y seront installés 14 métiers à filer, dont douze dédiés à une production "au mouillé" (utilisée principalement pour la confection textile) et deux filatures "au sec" (fil plus épais, notamment destiné à la décoration, mais aussi à des pièces épaisses), pour 350 tonnes produites par an. Des machines qui seront acheminées depuis les sites polonais de Safilin. Le futur dispositif permettra de générer 350 tonnes de fils par an.

"Il ne s'agit pas d'arrêter des lignes de production en Pologne, de déshabiller notre activité polonaise", insiste Olivier Guillaume. "Je n'aime pas étudier des développements sans être en capacité de l'assumer ensuite. Alors que se précisait notre projet, nous nous sommes progressivement dotés d'une réserve de capacité de production, qui n'était pas exploitée, mais à même de répondre dans un futur proche à une demande croissante", pointe le responsable. Qui explique que les filatures au sec permettront au site français d'opérer aussi sur le marché d'ameublement, diversification de nature à sécuriser selon les fluctuations de marché de l'habillement.

Plan de formations et sources de matières premières



Reste qu'avec le départ des filatures de lin, la France avait perdu ce savoir-faire spécifique. Créant chez Safilin une situation des plus ironiques: là où quelques années plus tôt des formateurs français étaient allés former des professionnels polonais, ce sont aujourd'hui ces derniers qui vont faire le chemin vers l'Hexagone pour enseigner à une nouvelle génération de filateurs tricolores. "Nos formateurs polonais sont extrêmement fiers de bientôt venir redonner ce savoir-faire", confie le dirigeant de l'entreprise. Qui pointe que, en l'absence de cursus existants sur cette activité spécifique, Safilin va déployer son propre programme de formation.


Olivier Guillaume - Safilin


À ce jour, 90% des fils de l'entreprise sont vendus à des entreprises européennes, dont 12 à 15% à des sociétés françaises. Faut-il s'attendre à voir celles-ci se détourner du fil européen de Safilin au profit de son offre Made in France? "Pas nécessairement", indique le président. "Les marques évoquent beaucoup de scénarios différents, et certaines veulent que les fils français viennent en complément de nos autres productions. Et nous avons aussi des marques qui disent être 'passées à côté du lin' et veulent profiter d'avoir des pièces 100% Made in France pour se lancer".

Hors-Europe, le Japon capte une grande partie de l'activité de Safilin, la nature respirante de la matière se prêtant bien aux canicules locales. Outre l'Inde et la Corée du sud, l'entreprise a aussi eu la surprise voilà deux ans de commencer à recevoir des commandes de Chine, lui-même pays exportateur de fils en lin. Pas moins de 85% du lin cultivé en Europe est en effet capté par les grands filateurs locaux, prêts à négocier à prix d'or la fibre libérienne. Une concurrence à la matière première qui n'inquiète pas Olivier Guillaume.

"Ce que je peux vous dire, c'est que le peu de filature qu'il reste en Europe n'ont jamais eu de problème d'alimentation. Et ceci même quand, comme cette année, la sécheresse vient contrarier les récoltes", insiste le dirigeant. "Le lin est un petit monde, avec une grande proximité entre les professionnels. Nous vivons avec les tailleurs au rythme des saisons. Et ils ont évidement tout de suite indiqué qu'ils étaient prêts à nous suivre dans notre retour en France. C'est aussi cela qui nous donne cette capacité à se réinstaller en France".

Multiplication des filatures de lin en France



L'annonce du retour de Safilin en France s'inscrit dans une période riche en réapparition de filatures de lin en Europe. Et en particulier au Portugal et en France, avec notamment le projet Natup de Saint-Martin-du-Tilleul (Normandie), ou le déploiement récent de la filature au sec Velcorex/Emmanuel Lang, pilotée par l'entrepreneur alsacien Pierre Schmitt.


Safilin



"Cette accumulation de projet est particulièrement enthousiasmante", commente Olivier Guillaume. "Quand on est tout seul à se lancer dans une aventure, il est important d'y croire. Mais quand on réalise qu'on est plusieurs, cela confirme la pertinence de se lancer. Le potentiel de ce marché va aller croissant. Les marques nous expriment leur volonté d'être moins dépendantes du grand import. Pour répondre aux attentes responsables des consommateurs. Mais aussi parce qu'elles sont désormais en concurrence avec des marques locales pour la production en Asie. Et les marques vont surtout vers un modèle plus vertueux, avec des collections plus courtes pour éviter de vendre 30-40% du stock en soldes. Le proche import, dans lequel le lin s'inscrit, va jouer son rôle".

La filière européenne du lin se compose aujourd'hui de 10.000 entreprises réparties dans 14 pays. Pas moins de 85% du lin teillé produit mondialement provient d'une bande côtière allant de Caen à Amsterdam. En juillet dernier, quelque 80 députés tricolores avaient apporté leur soutien à la filière française, face aux risques posés par la crise sanitaire aux exportations et au stockage des productions.

 

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