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19 avr. 2020
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Fnac Darty : premier grand groupe soutenu par l'Etat

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19 avr. 2020

Un mois de confinement a ralenti la contagion, sans la stopper. Le nombre d'hospitalisations et d'admissions en réanimation recule depuis plusieurs jours mais le bilan continue de s'alourdir, avec 19 718 morts en France depuis début mars, soit 395 de plus en 24 heures. Mais le nombre de patients hospitalisés et en réanimation poursuit sa lente décrue, a indiqué lors de cette conférence de presse le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon..


Le Premier ministre Edouard Philippe s'exprime lors d'une conférence de presse sur le Covid-19, le 19 avril 2020 à Paris - Pool AFP


Les Français ne retrouveront «pas tout de suite et probablement pas avant longtemps» leur «vie d'avant» la crise du coronavirus, a averti dimanche Edouard Philippe en présentant «les grandes règles» qui devraient conduire au déconfinement à partir du 11 mai. «Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire», a encore prévenu le Premier ministre, tout en admettant que «nous marquons des points contre l'épidémie» et que «la situation s'améliore progressivement, lentement mais sûrement».

«Imaginez que parce la situation aurait cessé de s'aggraver et qu'elle commencerait à s'améliorer, l'épidémie serait derrière nous, ça, ce serait une erreur», a-t-il insisté lors d'un point-presse à l'hôtel Matignon.

Le Premier ministre a également rappelé que la crise économique serait «brutale» et «ne fait que commencer». «La production s'est presque arrêtée, la consommation aussi», a-t-il relevé, estimant que «jamais dans l'histoire du monde un tel arrêt aussi massif, aussi général, n'a été vécu».
 
Edouard Philippe a assuré qu'il présenterait «dans les jours qui viennent» le plan détaillé de déconfinement qui est «en train d'être travaillé» par le gouvernement, sous l'égide de Jean Castex. Mais il faudra avoir «toujours à l'idée que notre vie à partir du 11 mai ce ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement. Pas tout de suite et probablement pas avant longtemps», a-t-il souligné, ajoutant que les Français devront «apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus».

Porter secours aux grands groupes



Dans une économie paralysée, le gouvernement veut montrer qu'il portera secours aux grands groupes français. Le distributeur Fnac Darty a annoncé dimanche avoir obtenu un prêt de 500 millions d'euros dont 70 % garantis par l'Etat, afin de pouvoir redémarrer avec un socle de liquidités. C'est le premier prêt que l'Etat octroie à une grande entreprise française, a souligné le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

«Ce nouveau financement permet à Fnac Darty de bénéficier du soutien des institutions bancaires françaises de premier plan, dans un contexte de crise sans précédent», ajoute le groupe.

Le groupe a aussi annoncé plus tôt que prévu le montant de ses ventes au premier trimestre, sans surprise en nette baisse vu la fermeture obligatoire de ses magasins physiques, en particulier en France, en plein confinement. Sur les trois premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a ainsi chuté de 7,9 % à 1,49 milliard d'euros. Sur le seul mois de mars, les ventes du groupe ont dégringolé de 30 %, a également indiqué Fnac Darty, en soulignant néanmoins que ses ventes en ligne avaient doublé lors des 15 derniers jours de mars et au début du mois d'avril.

Le groupe, qui avait déjà prévenu à la mi-mars qu'il ne serait pas en mesure de tenir ses objectifs financiers pour 2020, a en outre annoncé dimanche qu'il retirait sa proposition de versement de dividende de 1,50 euro par action au titre de l'exercice 2019. Cette décision est conforme aux injonctions du gouvernement qui avait annoncé fin mars une interdiction de verser des dividendes pour les entreprises qu'il aide à surmonter la crise du coronavirus.

«Avec plus de 20 milliards d'euros de prêts accordés à 150 000 entreprises, le déploiement du prêt garanti par l'Etat est aujourd'hui une réalité pour les entreprises françaises, quelle que soit leur taille», a noté Bruno Le Maire dimanche. «Le prêt garanti par l'Etat est un levier majeur pour les aider à franchir sans heurt cette période économique difficile», a-t-il ajouté.

Front sanitaire



Sur le front sanitaire, dans l'absence de traitement pour l'instant rien n'est réglé. Les autorités craignent un relâchement à l'approche des ponts de mai après près de deux mois sous cloche. Samedi, ils étaient encore 5 833 patients en «réa», au-delà des 5 000 lits disponibles avant le début de la crise.

L'épidémie peut flamber à nouveau. «Ne relâchons pas nos efforts au moment où le confinement porte ses fruits», a insisté samedi la Direction générale de la Santé.
Les responsables politiques commencent pourtant de plus en plus à parler de l'après, ne serait-ce que pour donner un horizon la population. La maire de Paris Anne Hidalgo prévoit ainsi de distribuer gratuitement aux Parisiens en pharmacie 500 000 masques en tissu lavables dès la fin avril et plus de 2 millions courant mai.

Le ministre chargé des collectivités territoriales Sébastien Lecornu a lui déclaré samedi que les conseils municipaux élus au premier tour pourraient être installés fin mai-début juin.

Défi colossal



Le défi le plus colossal reste le retour aux travail de millions de Français sans risque d'une «deuxième vague», en conciliant les contraintes économiques et sanitaires.
Le PIB français devrait chuter d'«au moins 8 %» cette année, rappelle le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans le Journal du dimanche.
 
Le Premier ministre doit aussi déminer lors de son exposé pédagogique les différentes polémiques. Emmanuel Macron a coupé lui-même court dès vendredi à celle touchant aux séniors en appelant à ne pas les «discriminer» en prolongeant leur confinement au-delà du 11 mai, appelant à leur «responsabilité individuelle».

Le chef de l'Etat joue gros sur ce déconfinement qu'il a annoncé lundi dernier. «On jugera Macron au coup de sifflet final» dans ce «match contre la mort», estime l'ex-ministre et patron de l'OM Bernard Tapie. Seuls 46 % des Français font confiance au gouvernement pour «faire face à la crise», selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, un chiffre en nette augmentation (+8 points) mais toujours minoritaire. La question des masques pour le grand public focalise les critiques, dans l'attente d'une doctrine claire.
 
Dans une lettre dont l'AFP a obtenu copie, les principaux opérateurs de transports en commun (SNCF, RATP, Transdev, UTP, Keolis...) ont demandé au Premier ministre de rendre le port du masque obligatoire non seulement dans les transports mais dans tous les lieux publics où la distanciation sociale est impossible.
 
Les critiques touchent également l'armée après la découverte d'une vague de contamination sur le porte-avions Charles de Gaulle, où 1 046 marins ont été testés positifs, sur 1 760. Deux enquêtes ont été diligentées, sur la gestion de la crise et le processus de contamination du bâtiment d'autre part. Les procédures ont été respectées mais sans doute, avec le recul, n'étaient-elles pas suffisantes, a admis le général François Lecointre, chef d'état-major des armées samedi sur TF1.
 

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