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21 janv. 2019
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Gilets jaunes : focus sur l’impact géographique pour les enseignes

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21 janv. 2019

Novembre et décembre 2018 ont constitué un vrai défi pour les commerces spécialisés. Avec des comportements d’achat très changeants, notamment influencés par les différentes mobilisations organisées par les gilets jaunes, à Paris et en région. En novembre (recul de 6,8 % des ventes), une forte rupture a été constatée par les enseignes à partir du 17, relève Procos, et la baisse d’activité a été plutôt répartie les jours suivants. En décembre (-3,9 %), les pertes de chiffre d’affaires se sont davantage cristallisées les samedis, tandis qu'« un rebond très significatif est intervenu à partir du 17 décembre, soit juste avant Noël avec les derniers achats pour les fêtes, et juste après, avec de très fortes démarques proposées car les stocks s’étaient alourdis », précise Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération pour la promotion du commerce spécialisé. Du 1er au 17 décembre, la baisse d’activité enregistrée étaient tout de même de -12 %. La toute fin d'année a donc permis de limiter la casse.


En décembre 2018, les galeries marchandes ont vu leur fréquentation baisser de 5,1 %. - DR

 
En décembre, les secteurs de la beauté/santé (-7,3 %), de l’équipement de la personne (-4,9 %) et de la chaussure (-4,5 %) ont été les plus touchés, quand la restauration (+2,6 %) et l’équipement de la maison (+1,4 %) ont tout de même réussi à sortir leur épingle du jeu. Les conséquences sur le commerce ont surtout été diverses selon les villes et régions, notamment selon les lieux d’action des gilets jaunes. La baisse de la fréquentation des magasins a été prégnante en Centre-Val de Loire (-7,8 %) et dans les Hauts-de-France (-5,2 %), mais a été relativement moins marquée en Ile-de-France (-2,9 %) ou en Occitanie (-0,9 %). Seule région dans le vert en décembre 2018, celle d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui affiche une fréquentation stable (+0,1 %).


Des déconvenues fluctuantes selon les régions - Procos


Plus en détail, et selon les observations de la fédération, le pôle commercial ayant connu la plus forte baisse de visiteurs dans les boutiques est celui d’Avignon Le Pontet en novembre et en décembre (-26,3 et -17,3 %). Suivent en novembre le centre commercial de Mondeville 2 (-18,6 %), la zone commerciale de Plan de Campagne (-18,2 %) et celle de Rouen-Tourville (-18,1 %). En décembre, les Champs-Elysées débarquent sur le podium à la deuxième place avec un recul de fréquentation de 14,4 %, suivis par le centre parisien d’Italie 2 (-13,4 %) et Mondeville 2 à nouveau (-12,1 %). Ont été également notablement impactés les centres-villes d’Albi, Montauban et Nice en novembre, et de Lille et Lyon (Part-Dieu) en décembre.

La taille des villes est aussi à prendre en compte dans ce panorama : les plus touchées le mois dernier étaient les agglomérations moyennes de 500 000 à un million d’habitants (-5 %), quand Paris a été plutôt résiliente (-3 %), tout comme les villes de 100 à 200 000 habitants (-2,3 %) et surtout celles de moins de 100 000 habitants (+0,1 %). Moins d’impact donc dans les territoires ruraux.

Et pour les enseignes interrogées par Procos, il n’y a en outre pas eu de transfert d’activité vers Internet : celles-ci ont vu leurs ventes en ligne augmenter de 8,9 % en décembre, alors que la moyenne annuelle de progression du e-commerce avoisine plutôt les 14 %, selon la Fevad.

L’inquiétude des chaînes retail est palpable, notamment parce que le mouvement des gilets jaunes reste encore actif. Procos a lancé un appel à l’union sacrée du commerce, en demandant notamment une souplesse du côté des bailleurs et des banques, et espère que l’accès aux magasins sera libre dans les prochaines semaines. « Il y a un risque majeur sur les emplois à prendre en compte, avertit François Feijoo, le président de Procos et PDG d’Eram. Beaucoup d’entreprises sont en difficulté et c’était déjà le cas avant les gilets jaunes. Si la consommation ne repart pas - sachant que février et mars sont traditionnellement des mois guère dynamiques -, il ne sera pas écarté d'assister à des suppressions de postes très importantes voire des disparitions d’enseignes et des dépôts de bilan de commerçants. »

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