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15 sept. 2015
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Givenchy : Riccardo Tisci, moments d'introspection à New York

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15 sept. 2015

​Pour la première fois en 63 ans, Givenchy a quitté Paris pour mettre en scène un défilé spectaculaire lors de la Fashion Week de New York. Dans un entretien exclusif accordé à CNN Style et rediffusé par FashionMag.com, le directeur artistique de Givenchy Riccardo Tisci révèle les raisons de ce changement, ses sources d’inspiration, sa passion pour l’art et son amour pour New York.
 

 



Pourquoi le défilé Givenchy s’est tenu à New York cette saison ?

Les Etats-Unis est le premier pays à avoir cru en moi. C’est aux Etats-Unis que Givenchy a commencé à avoir un gros succès, avant même d'en avoir en Europe. C’est assez étrange, mais c’est aussi une coïncidence que pour le fondateur Hubert de Givenchy, le grand pas à franchir pour Givenchy dans les années 50 était les Etats-Unis.

Givenchy et le street style 

Givenchy est bien sûr une maison de couture. J’ai amené la haute couture dans la rue, et c’est cette touche que j’ai apportée au street style. Cela m’a rendu différent. J’ai été l’un des premiers à avoir ramené les sweatshirts, les baskets et les rendre plus Givenchy, plus luxe. Je suis le premier à faire de la haute couture que l’on peut porter dans la rue de façon plus décontractée et déconstruite.

Sur sa perception des Etats-Unis alors qu’il a grandi dans le sud de l’Italie

Il y avait deux choses importantes à mes yeux : la liberté d’expression et le fait de pouvoir arriver ici pour changer ma vie. En Italie, vous avez de nombreuses personnes qui, parties de rien, sont allées aux Etats-Unis pour ensuite figurer parmi les plus grands : Sophia Loren, Frederico Fellini. On peut s’exprimer librement aux Etats-Unis. C’était mon American Dream.

Sa passion pour le basketball : source d’inspiration de son rêve américain

Le basket occupe une place particulièrement importante dans ma vie. C’est à l’école que j’ai commencé à pratiquer ce sport, et que j’ai pu découvrir ce tout nouveau monde. C’en est devenu mon obsession. Depuis mon plus jeune âge, je me disais : "Un jour, j’aimerais faire un défilé à New York". Mon rêve américain était d’organiser un défilé de mode dans la rue, parce que c’est de là d’où je viens. C’est pourquoi j’ai décidé que ce serait un défilé ouvert à New York, pour que les gens puissent voir le show. Les journalistes et les acheteurs vous soutiennent et participent à votre succès, mais le véritable succès vient de la rue. Ce sont des gens vrais qui achètent et qui comprennent ce que vous souhaitez exprimer. Je me sens chez moi dans la rue. La rue est où tout se passe et où tout s'est passé.

Sur les images et les symboles qui ont influencé son travail

 J’ai utilisé Bambi, le drapeau américain, et beaucoup d’éléments liés à la culture américaine. C’est amusant car n’importe qui peut aimer un animal de Walt Disney, tout comme le drapeau américain. Je suis obsédé par la symbologie de l’Amérique et des grands colosses qui y sont nés : McDonald’s, Marlboro, Coca-Cola, Nike. Ils sont si forts d’un point de vue culturel dans le monde. Ils ont changé la culture.

 Sur la signification d’être issu d’un milieu pauvre
 
Quand vous êtes issu de la pauvreté, que vous mourrez de faim et que vous souffrez, ce qui en ressort le plus est votre créativité. Vous appréciez davantage chaque chose. Vous accordez de l’importance aux couleurs, aux matériaux, aux messages et à tout ce que font les gens. La plupart des grandes figures de l’histoire qui sont si fortes pour la société et la culture comme Frida Kahlo, Madonna, viennent toutes des milieux pauvres et c’est ce qui les rend plus honnêtes.
 
Sur la culture urbaine aux Etats-Unis et à New York
 
Pour moi la culture urbaine est plus forte lorsqu’elle est honnête, lorsque les gens se fichent de ce que la mode impose, mais portent ce qu’ils aiment et sont fiers du rendu final. Au Japon tout comme en Angleterre, la street culture est cool, mais reste encore très lisse, très consciencieuse. Ce que j’adore à propos de New York c’est cette honnêteté : Ils savent porter ce qui leur va le mieux, ils connaissent les proportions, les couleurs, accorder les couleurs et les matières. C’est fantastique. C’est du génie !

Sur ses débuts à New York 

Je suis féru de musique et d’art, alors je suis arrivé à New York à l’âge de 19 ans surtout en quête de nouveautés, de découvertes. C’était les années 90 entre boîtes de nuit, Body & Soul, house, hiphop…C’était la fin du rock, et le hiphop et Rnb faisaient leurs débuts. Je me souviens de mon arrivée : il s’agissait de la première fois que je voyais une machine vérifier deux fois si on avait des armes dans un club. Dedans, la mixité des cultures, la façon dont  les gens s’habillaient à la fois très cool, casual, et décontracté. Quant à la musique, elle était géniale.

Ce qui m’a le plus marqué à New York était la liberté, le fait de pouvoir partager ce que vous vouliez avec n’importe qui, votre façon de vous habiller… C’est à mon arrivée à l’aéroport, que je me suis dit : "Un jour, je vivrai dans ce pays".

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