Gros plan sur la collection YSL du scandale

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
15 mars 2015

Plein feu sur une collection qui a marqué durablement l’histoire de la mode. Une fois n’est pas coutume, la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent ne propose pas de rétrospective, mais une exposition, « Yves Saint Laurent 1971, la collection du scandale », entièrement focalisée sur une seule et unique collection, la collection haute couture dessinée par le célèbre couturier pour le printemps-été 1971, qui s’attira les foudres de la presse internationale car inspirée des années de guerre et de l’occupation.

« Le 29 janvier 1971, Yves Saint Laurent présente la collection dite "Libération" ou "Quarante", inspirée par la mode de ces années marquées par la guerre. Robes courtes, semelles compensées, épaules carrées, maquillage appuyé : ces références au Paris de l’Occupation font scandale. Violemment critiquée par la presse, la collection donne toute son ampleur au courant rétro qui envahira rapidement la rue », explique le commissaire de l’exposition, Olivier Saillard, dans le dossier de presse.

« Une partie du public n’a pas dissimulé son aversion et a crié à l’horreur devant le spectacle d’une collection qu’il juge hideuse. Le sujet de ce trouble provient de l’inspiration revendiquée par le couturier pour l’élégance des années de guerre et d’occupation », poursuit-il.

L’exposition, qui se tient du 19 mars au 19 juillet 2015, à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent (3 rue Léonce Reynaud à Paris), réunit une trentaine de pièces de la collection, des croquis, des photos, des planches de collection, ainsi que de nombreux articles de presse de l’époque. « L'idée est de plonger dans la collection et de la décortiquer en essayant d'analyser le pourquoi du scandale », indique un porte-parole de la Fondation.

« La collection "Libération" fait entrer avec fracas la mode dans son histoire contemporaine. Elle provoque l'effondrement des cloisons qui séparent haute couture et prêt-à-porter, relègue les termes de l'élégance au rayon des considérations du passé », analyse encore Olivier Saillard.

« La collection 1971 est aussi une rupture dans la trajectoire d’Yves Saint Laurent. Papier carbone des modes "rétros" sur le point de déferler sur toute la seconde moitié du XXème siècle, elle est le miroir qui chasse de son cadre un monde disparaissant pour accueillir en son reflet une nouvelle génération », conclut le commissaire de l’exposition.