PARIS, 25 jan 2007 (AFP) - Une demi-douzaine de créateurs de mode largement inconnus du grand public ont présenté jeudi 25 janvier leur travail, au dernier jour des défilés haute couture à Paris pour le printemps été 2007, bénéficiant d'une visibilité inédite et bienvenue.

Une robe-pull présentée lors du défilé haute couture du jeune créateur Nicolas Le Cauchois, le 25 janvier 2007 à Paris - Photo : AFP

Les maisons de haute couture proprement dites, c'est-à-dire membres de la Chambre syndicale de la haute couture, ont présenté leurs collections de lundi à mercredi, Jean Paul Gaultier fermant le ban. Seules huit des dix griffes qui bénéficient encore du label "haute couture" ont défilé.

En ajoutant au calendrier une journée presque exclusivement consacrée à des nouveaux venus, la couture "a choisi de donner un coup de visibilité à des marques talentueuses", a souligné le président de la Chambre syndicale de la haute couture, Didier Grumbach, en marge des défilés.

Parmi ces "jeunes talents" figure Nicolas Le Cauchois, couturier autodidacte de 33 ans établi à Rouen, où il reçoit ses clientes dans son atelier, décorateur floral entre deux commandes.

Il a proposé un vestiaire destiné selon ses termes à une "gitane-bobo" qui aime s'enrouler dans des robes-châles effrangées noires, se mouler dans des robes de dentelle, faire sauter des gris-gris colorés sur ses hanches ou sa poitrine.

Cette femme pleine d'énergie porte aussi des "vestiges de débardeur", c'est-à-dire un haut comme déchiqueté, sur un pantalon Prince de Galles laqué. Elle brille de mille feux dans une "veste trésor" en satin vieilli et rebrodé de breloques, de bijoux et de coquillages.

"C'est une femme du Sud, une femme forte (...) C'est l'idée d'une gypsie, d'une bohémienne, d'une pirate des jet-lags qui s'amuse et qui s'effondre dans des entrelacs de bijoux vestiges de ses vies luxueuses", explique le créateur à l'issue du défilé.

"On n'avait pas envie de lourdeur. Je n'avais pas envie de vêtements qui entravent trop. L'idée, c'est que la haute couture doit rester absolument jeune, facile à mettre et mettre en valeur la femme qui la porte".

Nicolas Le Cauchois souligne qu'il y a "beaucoup de travail des matières dans cette collection déclinée surtout en noir et bleu "des mers du Sud", "en plus des mousselines et des georgettes", ses matières de prédilection.

Des pulls se composent de "lamelles de lin d'un centimètre, cousues les unes aux autres et on a l'impression de voir des vestiges de pulls", explique-t-il. Le créateur n'hésite pas à enduire le lin de goudron, à tricoter des lambeaux d'étamine, aime les boutonnages dépareillés, les trompe-l'oeil.

Richard René, 34 ans, ancien assistant de Jean Paul Gaultier, multiplie les effets de surprise, dans une garde-robe uniformément noire qui joue les découpes et les contrastes de matière.

Un pantalon moulant de cuir noir s'accompagne d'une veste allongée au milieu du dos par une bande de tissu qui semble découpée dans un trench. Ce qui apparaît comme un tailleur-jupe côté face est, de dos, une mini-jupe avec un haut découpé comme un débardeur. Une robe longue devant se transforme en pantalon derrière, une robe-tunique sur le devant traîne au sol derrière, avec un dos découpé.

Transparence et légèreté pour cette robe signée du tandem Lefranc-Ferrant, lors des des défilés haute couture à Paris le 25 janvier 2007 - Photo : AFP

Le tandem de stylistes Lefranc-Ferrant (Béatrice Ferrant et Mario Lefranc) a proposé un vestiaire tout en douceur et délicatesse, riche en lin, soie smockée, dentelles de coton. Des marinières en lin marron accompagnent des jupes légères, la "gaze dévorée" se pose comme un souffle sur des robes. La taille est fine, les tonalités douces.

"La femme doit être elle-même dans ses vêtements et élégante", résume la créatrice.

Par Dominique SCHROEDER