Immobilier commercial: à Cannes, le Mapic s'ouvre entre effervescence et sobriété

Auteur :

Marion Deslandes

Publié le
29 nov. 2022

Le 29 novembre, sous la bruine cannoise, s'est ouverte l'édition 2022 du Mapic, qui réunit la filière du secteur de l'immobilier commercial. Dans le Palais des Festivals, le salon organisé par RX France affichait une ambiance plus positive que la météo, avec deux halls bourdonnant comme une ruche (contre un seul espace l'an dernier, pour la reprise post-Covid). 5.000 visiteurs sont attendus pour cette session, qui se déploie néanmoins dans une configuration plus restreinte qu'avant la crise, avec des stands souvent moins grands et plus sobres.

L'heure est à l'efficacité. Chez le développeur immobilier Nhood (Ceetrus), actif dans une dizaine de pays, on est passé de 30 personnes avant pandémie à six personnes actives sur le stand (pour la France), mais les rendez-vous sont plus ciblés et mieux organisés en amont. "On rencontre directement le directeur général ou le directeur immobilier d'une enseigne, et les décisions sont quasi-immédiates. Avant, sur le salon, il y avait plus de tergiversations et d'intermédiaires", décrit Olivier Hatron, directeur commercial France de Nhood. "Le Mapic reste un moment privilégié pour rencontrer physiquement tous les acteurs du retail, et permet d'accélérer la conclusion de discussions en cours pour la signature d'un bail".

Dans les allées, le Mapic se veut plus international qu'historiquement, en raison de l'absence de grandes foncières françaises n'ayant pas pris de stand, comme Carmila, Klépierre ou URW, mais aussi du dynamisme d'acteurs venus d'Europe et du Moyen-Orient. L'Ouzbékistan est par exemple présente avec le Tashkent city mall, tout comme Arabian Centers (Arabie Saoudite). En outre, les outlets s'imposent comme un contingent important.

Laurence Paganini, présidente de Kaporal et de la fédération Procos, décrit un démarrage de salon "très actif". Une file d'attente se forme parfois à l'entrée des stands. Sur le 'retail village', nouveauté de cette session 2022, une salve de marques sont en quête de nouveaux magasins à ouvrir. Chez l'enseigne de seconde main Kiloshop, on espère "développer le réseau à l'international, en propre comme en master franchise", tout comme la chaine de cosmétiques Adopt', qui opère déjà 180 magasins dans l'Hexagone. "Nous sommes au Mapic pour faire nos premiers pas retail à l'étranger, et cherchons des partenaires en Espagne, en Italie ou au Royaume-Uni", énumère Nicolas Pellegrini, responsable expansion France et Europe.

Au sein même des entreprises présentes sur place, exposantes et ou visiteuses, le Mapic s'envisage également comme un lieu de réunion. "Toutes les filiales de Nhood sont sur place, cela nous permet de créer des synergies entre les pays, en s'apportant mutuellement des enseignes en quête de nouveaux développements", exprime Olivier Hatron. Chez Primark, il s'agit d'un rendez-vous idéal pour rassembler la division immobilière de l'enseigne à bas prix: "80% de mes rendez-vous sont dédiés à mes collègues des autres marchés, c'est l'occasion d'échanger directement, car on se voit souvent peu dans l'année", indique Vincent Combet, directeur immobilier de Primark France.

Durant la table-ronde matinale d'ouverture, l'optimisme était de rigueur. "Le secteur du retail a réussi à naviguer durant cette période extrêmement difficile de la crise sanitaire. Il a montré sa résilience", a réagi Chris Gardener directeur retail EMEA de CBRE (conseil en immobilier). Mengxing Zhang Caia, analyste de BNP Paribas Real Estate, renchérissant: "Le retail va continuer à se réinventer au fil des ans, du low cost au luxe".

Malgré tout, l'inflation qui secoue l'économie impacte la consommation en Europe, et donc les lieux de commerce, qui n'ont pas retrouvé leur trafic d'avant-crise. Lors d'une conférence, Eurelia (fédération européenne des enseignes) a souligné que la fréquentation des points de vente européens reste inférieure de -10 à -20% par rapport à 2019. Les enseignes interrogées par la fédération sont 60% à prévoir des fermetures de magasins en 2023, mais elles continueront néanmoins d'en ouvrir (pour 80% des sondés). A l'international, l'option privilégiée est de poursuivre le développement dans les pays où les enseignes sont déjà installées (65%), plutôt que d'entrer sur un nouveau marché (35%).

Alors que leur corporation rencontre des difficultés, surtout sur le créneau milieu de gamme, les enseignes du prêt-à-porter sont présentes au Mapic, cependant il s'agit surtout de celles "qui ont du cash et planifient des développements internationaux, livre Olivier Hatron. Dans les galeries commerciales, on est passés de 60 à 40% de textile en quelques années". La mode n'est donc plus omniprésente dans les pôles de shopping, et cela se traduit aussi dans les allées du salon, avec une place plus conséquente offerte aux acteurs des loisirs, via l'espace LeisurUp', créé en 2021.