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Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
12 mars 2019
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Jean-Marc Loubier (Delvaux) : "Nous ne sommes pas conservateurs, nous sommes classiques"

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
12 mars 2019

On dit souvent que dans le monde du luxe, ce sont les accessoires et non les vêtements qui rapportent vraiment de l'argent aux griffes. En effet, les marques les plus prestigieuses et les plus rentables sont souvent, historiquement, des entreprises axées purement sur les accessoires - on pense à Louis Vuitton et à Hermès. Mais c'est en Belgique, et non en France, que l'on trouve l'une des plus vénérables maisons en la matière. Elle s'appelle Delvaux et c'est la plus ancienne marque de maroquinerie de luxe de la planète, née à Bruxelles en 1829. Delvaux connaît actuellement une véritable renaissance. En janvier, la marque a ouvert une nouvelle boutique à l'un des coins de rue les plus prestigieux du monde, à l'angle de la cinquième avenue et de la 5e rue — avec vue sur Central Park, le Plaza Hotel et Bergdorf Goodman. Une boutique sur deux étages avec parquet vénitien, escalier sur mesure et salon en velours au niveau supérieur, qui donne sur le parc, orné d'un lustre ancien provenant d'une église flamande.

La semaine dernière à Paris, Delvaux a présenté ses derniers modèles et notamment une collaboration exclusive avec la fondation Magritte. Des porte-documents pour hommes frappés du motif « trou de serrure » du peintre ou des portefeuilles graphiques en noir et blanc, avec une découpe qui reprend la forme légendaire du chapeau melon de René Magritte par exemple. Et un tout petit sac à main sur lequel a été imprimé un jeu de mots sur l'oeuvre la plus célèbre du peintre : « ceci n'est pas un Delvaux ». Voilà une marque qui réussit à mélanger des finitions de très haut niveau, un humour décalé, une touche d'avant-garde et une créativité surréaliste, à la fois élégante et étrange, pour laquelle les Belges seront toujours admirés. FashionNetwork.com a rencontré Jean-Marc Loubier, PDG de Delvaux, un cadre de luxe très expérimenté qui a été vice-président exécutif de Louis Vuitton en charge des produits, de la communication et de la distribution, et DG de Céline puis d'Escada. Il nous a donné son point de vue sur cette marque atypique et sur le chemin qu'il compte faire emprunter à Delvaux.


Jean-Marc Loubier, PDG de Delvaux -


FashionNetwork.com : Votre dernier magasin a récemment ouvert à New York, que pouvez-vous nous en dire ?

Jean-Marc Loubier : 
Chacune de nos boutiques est différente, que ce soit à Bruxelles, à Milan ou à New York. Le nouveau magasin est situé à deux pas du restaurant d'Harry Cipriani à l'hôtel Sherry-Netherland. Dans la boutique, on peut voir d'anciens outils de coupe accrochés au mur, une console Régence que nous avons apportée aux États-Unis, autrefois propriété de la famille Gould, et bien sûr, dans l'escalier, le drapeau belge - chaque marche est noire, jaune ou rouge. L'idée est de jouer avec l'histoire de la maison, ainsi qu'avec le blason de la famille royale de Belgique. Nous comptons parmi les fournisseurs officiels de la Cour. Et de là-haut, il y a une vue magnifique sur Central Park. Souvent, les gens aiment rester à l'intérieur du magasin. C'est un lieu extraordinaire.

FNW : Qui a fondé Delvaux ?

JML : Charles Delvaux en 1829, un an avant la Belgique ! Dans les années 1930, une famille belge, les Schwennicke, a racheté Delvaux. Puis j'en ai fait l'acquisition en 2011, avec mes partenaires de First Heritage Brands - la famille Fung et le fonds Temasek à Singapour.
 
FNW : Quelle est l'échelle de votre entreprise ?

JML : Vous savez, lorsque j'ai racheté Delvaux, la marque ne réalisait que 3 % de son chiffre d'affaires en dehors de la Belgique. Aujourd'hui, près de 90 % de notre chiffre d'affaires s'effectue à l'étranger... Je ne peux pas vous donner le chiffre d'affaires exact, car nous n'avons pas besoin d'être cotés en Bourse, mais il se situe entre 100 et 200 millions d'euros par an. C'est beaucoup plus que les quelque 10 millions d'euros générés par la marque quand nous l'avons achetée. Depuis, nous avons multiplié les ventes par dix.

FNW : Quelle est votre stratégie de croissance ?

JML : À l'époque, nous avions une dizaine de boutiques, aujourd'hui, nous en avons 42. Nous travaillons essentiellement avec nos propres magasins. Le luxe s'est normalisé, il y a une certaine massification dans la consommation de ce type de produits. Nous apportons un peu de fraîcheur et quelque chose d'inattendu, le mélange de notre savoir-faire et d'une créativité radicale. Nous appliquons une politique dynamique d'ouverture de magasins ; pour la décoration intérieure, nous n'avons pas de principe fixe. Il est essentiel que chacun d'entre eux soit différent. Nous ne voulons pas agencer toutes nos boutiques selon le même moule.


Le showroom Delvaux à Paris


FNW : Comment différenciez-vous votre marque sur le marché actuel ?

JML : Le sens du détail et un certain esprit décalé ; nous aimons que les gens sachent que nous sommes belges. Des artisans travaillent en interne sur le concept du mobilier flamand, un peu sombre, assez lourd, en essayant d'alléger ses lignes. D'ailleurs, les meubles qui équipent nos magasins sont plutôt en bois clair désormais. Nous aimons expliquer notre ADN. Nous sommes nourris par notre héritage et par notre culture. La singularité de notre marque, c'est l'aspect historique de la maison, l'innovation et nos artisans. Et sa capacité à raconter une histoire.

FNW : Où fabriquez-vous vos collections ?

JML : Nous avons trois ateliers. Le premier à Bruxelles, un autre dans le sud de la France, près de Valence, et un troisième dans l'est de la France, près de Besançon, où nous employons déjà 120 personnes que nous avons formées. À terme, 250 personnes y travailleront. Je suis fier de pouvoir dire qu'au cours des dernières années, j'ai réussi à créer 500 emplois dans le secteur manufacturier, entre nos usines et tous nos sous-traitants. Sans compter le nombre d'emplois que nous avons créés dans notre réseau de vente au détail ! À mon avis, les meilleurs fabricants de maroquinerie sont encore en France : Hermès, Delvaux, Vuitton et Chanel. En Italie, ils font de belles choses, certes, mais avec une vision plus « mode ». Au plus haut niveau d'excellence, c'est encore la France qui conserve la première place.

Nous avons également beaucoup investi dans notre siège à Bruxelles. Nous avons même créé un musée. Il retrace trois histoires : celle de Delvaux, celle de la Belgique et celle du sac à main. Comment le sac à main était d'abord un accessoire destiné aux hommes, avant de se répandre très largement, puis les premiers sacs en cuir à la fin du 19e siècle... Delvaux a joué un rôle clé dans ce développement. Delvaux est la première marque à avoir déposé un brevet pour un sac à main, en 1908. Celui-ci s'appelait la Princesse. Nous sommes donc de véritables pionniers du secteur.

FNW : C'est cher un sac Delvaux, non ?

JML : Pas du tout ! Nos sacs sont vendus entre 2 000 euros et 130 000 euros.


Au showroom Delvaux à Paris - Photo : Delvaux


FNW : Quelle est votre clientèle ?

JML : Je dirais qu'elle est plutôt jeune pour le monde du luxe. Demandez à Barneys, notre partenaire de vente aux États-Unis. Nous sommes présents dans cinq de leurs grands magasins. Et ils vous diront que de toutes leurs marques de luxe, nous avons la plus jeune clientèle.
 
FNW : Côté numérique, quels sont vos projets ?

JML : Pour nous, il est primordial de raconter notre histoire. Mais nous ne vendons encore rien sur Internet. Pourquoi ? Parce que je veux que les gens comprennent d'abord en quoi nous sommes différents. Il ne s'agit pas seulement de l'odeur de notre cuir. Nous voulons que les gens aient leur première expérience de Delvaux dans nos magasins. Nous avons trouvé notre voix et elle parle d'une réalité différente des autres marques. Nous respectons nos concurrents, mais avant tout, nous sommes une marque belge. La Belgique est le pays de la mode la plus radicale, mais aussi d'une tradition ancestrale. Il y a donc toujours cette ambiguïté, ce chaud et froid dans nos collections : elles sont à la fois sérieuses et espiègles. D'où notre collaboration avec le musée Magritte. C'est notre univers. Ce n'est pas une question de look, mais de forme et de construction. La qualité du cuir et de nos boucles métalliques. Une sorte d'élément subliminal, qui laisse une longue impression. Nous ne sommes pas dans la mode, mais nous jouons avec la mode. Nous ne sommes pas conservateurs, nous sommes classiques. Classique, c'est ce qui vous permet de vous exprimer sur le long terme et de laisser une place à la créativité.

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