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La bataille Hermès-LVMH s'ancre sur le terrain judiciaire

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15 mars 2013

PARIS, 15 mars 2013 (AFP) - En guerre contre l'intrusion de LVMH dans son capital, Hermès a déplacé la bataille sur le terrain judiciaire sans attendre les conclusions du gendarme de la Bourse prévues cet été et vient d'obtenir l'ouverture d'une information judiciaire. Mais on reste loin d'un dénouement.

Hermès avait déposé le 10 juillet une première plainte contre LVMH pour délit d'initié et violation des règles du marché. Puis une seconde le 17 octobre pour accélérer la procédure, avec cette fois constitution de partie civile. Et ce, sans attendre la décision de la Commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers (AMF) escomptée "dans le courant de cet été", selon le président de l'AMF, Gérard Rameix.

"Notre combat n'est pas financier", a déclaré Patrick Thomas, le patron d'Hermès

Objectif: multiplier les chances de faire entendre sa voix face au puissant LVMH, le numéro un mondial du luxe dirigé par Bernard Arnault, à la tête d'un empire d'une soixantaine de marques incluant Louis Vuitton, Céline, Givenchy, Guerlain, Parfums Christian Dior, Moët et Chandon, Dom Perignon et Sephora. La juge d'instruction Charlotte Bilger a été désignée le 20 février et une information judiciaire a été ouverte, a indiqué vendredi une source judiciaire. L'enquête préliminaire lancée par le Parquet en octobre 2012 sera versée au dossier de l'instruction.

De son côté, LVMH, qui avait accusé le sellier de chercher "à se substituer au gendarme de la Bourse", vient de riposter avec le dépôt d'une plainte pour "dénonciation calomnieuse", dont il avait annoncé le principe il y a six mois. Il s'est donné le temps de voir comment le Parquet de Paris allait traiter le cas Hermès. LVMH espère désormais que sa plainte va "rejoindre" auprès de la juge Bilger celle de Hermès, "totalement dénuée de fondement", selon son communiqué.

Un porte-parole d'Hermès a, lui, dénoncé "un leurre lancé au moment où un juge vient d'être désigné". "Nous n'avons déposé (notre) plainte qu'assurés par nos avocats de n'avoir aucun risque de commettre une dénonciation calomnieuse. Ces derniers nous ont donné cette garantie au vu du sérieux de notre plainte et de la substance des preuves dont disposera la justice", a-t-il dit.

La maison du Faubourg Saint-Honoré, fabricant des célèbres carrés de soie et sacs Kelly et Birkin, entend se battre jusqu'au bout. LVMH l'avait touchée au cœur en annonçant par surprise en octobre 2010 détenir 17,1% de son capital, grâce à l'achat de produits dérivés qui n'avaient nécessité aucune déclaration de franchissements de seuils. Depuis, la réglementation a été modifiée pour éviter un tel scénario. LVMH a ensuite continué à grappiller des actions et détient aujourd'hui 22,60% d'Hermès. Les actionnaires du sellier, en riposte, ont bloqué une majorité de leurs parts dans une holding-forteresse pour empêcher toute prise de contrôle.

"Le combat que nous menons contre la présence de LVMH dans notre capital n'est pas un combat financier, c'est un combat de cultures", avait dit le mois dernier à l'AFP le patron de Hermès, Patrick Thomas. Hermès se voit en artisan familial convoité par un industriel du luxe avide de profits, même si Bernard Arnault affirme n'avoir aucune visée hégémonique. Si le sellier a préféré agir en justice sans attendre les conclusions l'AMF, c'est que celles-ci pourraient ne pas être en sa faveur.

Gérard Rameix a fait comprendre à l'automne dernier qu'il n'y avait a priori eu ni délit d'initié ni manipulation de cours. "Cela nous étonne", avait dit en février à l'AFP Axel Dumas, l'héritier de la famille Hermès qui doit reprendre bientôt les rênes du groupe. Le dossier de l'AMF n'est toutefois pas vide puisque l'enquête ouverte fin 2010 a débouché sur une notification de griefs (sorte d'acte d'accusation). Il revient désormais à la Commission des sanctions (sorte de tribunal), indépendante du collège de l'AMF, de trancher. "On attend les conclusions de l'AMF" et "on fait confiance à la justice et aux différents organes", avait dit Axel Dumas.

Par Audrey KAUFFMANN et Beatrix BACONNIER MARTIN

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