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4 déc. 2020
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Le début des soldes d'hiver est reporté au 20 janvier

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4 déc. 2020

La période des soldes d'hiver commencera le 20 janvier au lieu du 6, a annoncé vendredi le ministre délégué aux PME Alain Griset, suite à une demande de report de plusieurs associations de commerçants. Une mesure saluée par les indépendants mais dénoncée par les grandes enseignes, qui exigent désormais de Bercy facilite des ouvertures dominicales lors des deux premiers week-end de rabais.


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"Je pense qu'aujourd'hui il est utile de reporter, donc les soldes commenceront le 20 janvier", a déclaré le ministre sur Sud-Radio, ajoutant qu'"on avait de par la loi la possibilité de commencer le 6".

"J'ai consulté les associations du commerce, et elles sont nombreuses, j'ai aussi consulté les associations de commerçants (...) Certains demandaient le 27. Moi je considère que le 20 janvier est une date qui est correcte", a-t-il ajouté. M. Griset a rappelé que le 20 janvier est aussi "la date espérée par tous les restaurateurs" pour la réouverture de leurs établissements.

La durée de soldes sera de quatre semaines, a-t-on précisé au ministère des PME. Les soldes d'hiver commencent habituellement en France dans la première moitié du mois de janvier. Mais la Confédération des commerçants de France (CCF) et les Commerçants artisans des métropoles de France (CAMF) notamment avaient demandé mardi au gouvernement un tel report.

Ils avaient jugé "vital" pour les commerces "de pouvoir vendre au juste prix, sans réduction de prix, pendant plusieurs semaines d'hiver afin de pouvoir reconstituer de la trésorerie", après les fermetures administratives imposées du 30 octobre au 27 novembre pour cause d'épidémie de coronavirus.

"Merci Alain Griset pour ce report des soldes", réagissait vendredi matin sur Twitter le président de la Fédération nationale de l'habillement, Eric Mertz, qui représente les indépendants du secteur. Une position qui, comme le révélait récemment FashionNetwork, ne fait pas l'unanimité parmi les commerces. L'Alliance du commerce (grands magasins, enseignes mode et chaussures) ainsi que la fédération pour le commerce spécialisé Procos s'étaient en effet exprimées sur leur souhait de voir les soldes maintenus aux dates prévues.

Les dimanches en contrepartie du report ?



Réagissant à l'annonce du report, le délégué général de Procos, Emmanuel Le Roch, ne cache pas son inquiétude: "Il faut maintenant espérer que l'activité de décembre sera bonne pour que les stocks début janvier ne soient pas trop importants! Sinon les problèmes de trésorerie vont se tendre!", écrivait-il vendredi matin sur Linkedin.

Vendredi midi a ainsi été publiée un communiqué commun réunissant Alliance du Commerce, Procos, Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), Fédération Française de la Franchise (FFF), Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA), Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC) et Union Sport&Cycle. " Les représentants des principales organisations professionnelles dénoncent la décision de reporter les soldes", annonce le document.


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"Alors que les entreprises traversent une crise économique sans précédent, le maintien des dates de soldes d’hiver était décisif pour permettre aux enseignes d'assurer l'écoulement de leurs stocks (...), de reconstituer leur trésorerie (...), de contribuer à la nécessaire relance de la consommation (...), de préserver les autres périodes commerciaux (notamment la Saint-Valentin le 14 février) et de ne pas "mordre" sur les vacances scolaires".

Les organisations demandent notamment au gouvernement de tirer les conséquence de son choix, en particulier concernant les ouvertes de commerce le dimanche. Le communiqué pointe en effet que de nombreux maires avaient déjà autorité par arrêté les ouverture dominicale pour les dates initiales de soldes. Pour les fédérations, les délais ne permettront pas d'effectuer à temps une procédure permettant d'ouvrir aux nouvelles dates. Et demandent que soient reportées de manière automatique les autorisations aux dimanches 24 et 31 janvier. Une alternative proposée à la complexe procédure actuellement en place.

"L’instruction adressée aux Préfets par la Ministre du Travail le 25 novembre ne prévoit aucune facilité pour les ouvertures dominicales du mois de janvier mais uniquement le recours au droit commun", explique ainsi le communiqué. "Or celui-ci exige que les entreprises fassent une demande individuelle à la Préfecture et qu’elles disposent d’un accord collectif ou, à défaut, d'une décision unilatérale prise après référendum. Elle nécessite également l’organisation d’importantes consultations. Cette procédure représente une charge administrative lourde pour les entreprises et leurs représentants qui, après plusieurs mois de crises sanitaires, doivent pouvoir se concentrer pleinement sur la relance de l’activité".

Changement d'équilibre dans les rapports Etat/Commerces ?



L'année 2020 marquera au final un tournant dans les relations entre l'exécutif et les commerces. Traditionnellement, Bercy s'en remettait aux enseignes sur ces questions de dates de soldes, objet de bras de fer récurrents et parfois enflammés entre les acteurs du retail. Mais, face à la situation laissée par le premier confinement, le ministre de l'Economie avait au printemps décidé de plutôt suivre l'appel des commerces indépendants, et repoussé les soldes d'été au 15 juillet, là où ils étaient attendus au 24 juin.

C'est donc la deuxième fois en un an que le commerce indépendant obtient gain de cause quant aux soldes. Sans oublier l'implication du gouvernement dans le report du Black Friday, qui était aussi l'occasion pour l'exécutif de pacifier ses échanges avec une catégorie de commerces classés "non essentiels" fermés en dépit de leurs précautions sanitaires, et qui ont vécu le second confinement comme une décision injuste et injustifiée.


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Pour Bruno le Maire, cette décision est "une façon de donner un peu d'air aux petits commerçants qui ont moins de marges".

"J’espère que ça marchera et que les Français privilégieront les petits commerces", souligné vendredi matin sur BFM TV le locataire de Bercy. Un message similaire à celui lancé par le ministre charge des PME: "Le petit commerce a besoin du soutien des Français. Je pense qu'il y a un choix à faire à un moment donné. Je crois que ce soutien doit se manifester dans l'acte d'achat".

Les soldes d'été 2020 avaient occasionné un résultat mitigé, selon les CCI et fédérations du commerce. Une analyse de la fréquentation des points de vente aux niveaux national et local montrait que la période avait été marquée par une chute notable de la fréquentation des commerces, en recul de 38,4% par rapport aux soldes d’été 2019. Un recul disparate selon les régions, et qui avait touché en particulier les grandes métropoles tricolores, selon le spécialiste de l'analyse des flux Stackr.


(avec AFP)

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