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30 mars 2022
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Le tricoteur Henitex se mue en pionner français du vêtement sans coutures

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30 mars 2022

Confronté depuis 2017 à une chute de son chiffre d'affaires, le spécialiste du tricotage Henitex se lance aujourd'hui dans la production de produits finis. Et pas n'importe lesquels: l'entreprise de Riorge (Loire) devient la première société française à produire localement des pièces seamless (sans couture), via huit nouvelles machines, bientôt rejointes par quatre supplémentaires.


Henitex



"On allait dans le mur !" confie le dirigeant de l'entreprise, Christian Schmidt. Il y a quinze ans, le tissu Henitex générait 15 millions d'euros de chiffre d'affaires et employait jusqu'à 88 personnes. En 2019, ces chiffres tombaient à 5,2 millions d'euros et 40 personnes. Il y a cinq ans s'était lancée une réflexion pour diversifier l'activité. Un temps, la direction envisage de se tourner vers le tissu technique, avant de renoncer. "C'est un marché qui demande un long temps d'investissement, alors qu'il y avait pour nous urgence", se souvient le dirigeant.

Le déclic vient en janvier 2021 via un échange au sein de la communauté Façon de Faire (alors "Savoir-Faire Ensemble"), quand la directrice commerciale du Slip Français, Léa Marie, demande où trouver une production de pièces sans coutures en France. Face à la pertinence de la question, Christian Schmidt, alors dirigeant de l'IFTH (Institut français du textile-habillement) lance les recherches. "Il y a 40.000 métiers seamless dans le monde, 26.000 en Chine, 1.500 en Italie, 500 au Portugal, quelques-uns en Allemagne et Italie… mais rien en France", détaille le responsable. "C'était le signe que j'attendais".

Pour se lancer dans ce chantier, Henitex peut s'appuyer sur les 4,5 millions de masques produits par l'entreprise en 2020, et qui ont permis de générer un chiffre d'affaires hors-norme de 17 millions d'euros. Au final, c'est 1,2 million d'euros qui sont mis sur la table pour transformer le fournisseur de tissus en fabricant de pièces. Rencontré, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes mobilise autour du projet 220.000 euros, dont 60.000 dédiés aux formations, auxquels s'ajoutent 80.000 euros venant de l'État.

Et face à la possibilité de produits sans couture locaux, limitant friction et fragilité, les commandes ne tardent pas. Le Slip Français se positionne comme premier client, avec une commande initiale de 2.500 pièces (boxers, culottes, brassières…), suivi par la marque Franc-Jeu crée par 1083 et le tennisman Paul-Henri Mathieu (t-shirt, leggings, brassières, culottes…). S'ajoute à cela la marque d'équipement pour moto Dixon, qui commande des sous-combinaisons pour la compétition (les coutures étant le point faible des protections anti-feu). Henitex lorgne par ailleurs sur le marché en croissance des culottes menstruelles, et se prépare à répondre un appel d'offre pour des sous-vêtements dédiés à la gendarmerie nationale.


Les premières pièces sans coutures produites pour Le Slip Français - Henitex



"Pour nous, ce métier est vraiment une découverte" explique Christian Schmidt. Avant d'ajouter, amusé: "Quelque part, heureusement que j'avais un peu sous-estimé le problème avant qu'on se lance". Le dirigeant relève que les machines seamless réduisent de 30% la consommation d'eau et les chutes de tissus. Et fait également part du plaisir de ses salariés à apprendre un nouveau métier, complémentaire aux savoir-faire du tissage dont ils étaient déjà porteurs. Pour l'heure, c'est l'activité tissu qui va continuer de porter l'entreprise, qui devrait cette année atteindre les 6 millions d'euros de chiffre d'affaires, via des clients comme Saint James, Le Slip Français, Adidas, Puma, Salomon ou Rossignol. Avec, selon le rythme de développement de l'activité seamless, une possibilité d'élargir la surface de production, de 4.000 mètres carrés aujourd'hui.
 
Comme toutes les entreprises du textile-habillement, Henitex surveille pour l'heure les fluctuations des coûts en tous genres. L'entreprise voit ainsi ses partenaires spécialisés dans la teinture souffrir des coûts de l'énergie. Côté approvisionnement, Christian Schmidt indique être moins touché que d'autres: Italie, Espagne et Portugal représentant la majorité de son approvisionnement.

Présentation de l'activité tricotage Henitex


"Les coûts de transport, en faisant monter les coûts des productions lointaines, jouent en faveur du Made in France", juge le responsable, pour qui l'industrie est passée dans un monde où tout n'est que court terme. "Et le court terme, cela exagère tout, dans un sens comme dans l'autre", estime le patron d'Henitex, pour qui il va donc falloir prendre le temps d'appréhender pleinement les conséquences des derniers mois.
 

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