Alors que son grand concurrent coopérateur Intermarché achète de la part de marché au prix fort en reprenant pour le montant présumé de 300 millions d'euros Altis, le franchisé Carrefour de Pau, Leclerc peaufine sa stratégie multicanal.

Michel Edouard Leclerc. Photo AFP

L'enseigne née à Landerneau ambitionne de devenir dans les deux ans le leader français de la distribution alimentaire, devant Carrefour. Elle n'a cessé de gagner des parts de marché ces derniers mois, atteignant les 17,7% fin octobre, contre 21% pour Carrefour, lui en perte de vitesse. Grâce, non pas tant à la reprise de magasins, mais surtout à son excellente image-prix. Pour Michel-Edouard Leclerc, président de l'Association des Centres Distributeurs Leclerc (ACDLec), «un tiers de la croissance du réseau» est également due au «drive». Leclerc comptera à la fin de l'année 144 de ses points de retrait des commandes effectuées sur Internet. Soit 405 millions d'euros de chiffre d'affaires ou bien encore 1,4% des ventes totales de l'enseigne.

Un véritable «phénomène»
Fort d'un assortiment restreint de 3.500 références, à comparer aux 25.000 références de produits de grande consommation et de produits frais d'un hypermarché, le «drive» Leclerc, qui peut être accolé à un magasin (86 au total) ou déporté à quelques kilomètres du point de vente (58), affiche, selon Pascal Payraudeau, les mêmes ratios financiers qu'un magasin: 22% de marge brute, 2,5% de marge nette.

Pour Michel-Edouard Leclerc, le succès de cette forme de vente qui constitue «la réponse Internet pour l'alimentaire» va servir de base à la future stratégie multicanal de l'enseigne.

«Des places de villages»
A la question de savoir que deviendront alors les classiques magasins «en dur», le fils d'Edouard Leclerc répond sans ambage: «Ils deviendront des places de village dédiées aux achats plaisirs avec une offre enrichie et diversifiée organisée en univers de consommation». Des «Leclerc Village» pas si éloignés que cela, en réalité, des «Planet», le nouveau concept d'hypermarché de Carrefour. A ceci près, précise le patron de Leclerc, que «tant notre offre sur Internet que celle de nos points de vente de demain devront répondre à la même promesse d'enseigne: le prix le plus bas».
PHILIPPE BERTRAND