CANNES, 26 mai 2007 (AFP) - Sur les marches glamour du Festival de Cannes, où les couturiers se disputent le privilège d'habiller les stars, plusieurs jeunes griffes ont bousculé l'ordre établi en se faisant une place au nez et à la barbe de prestigieuses maisons.

Le jury du 60e Festival de Cannes le 16 mai 2007 - Photo : François Guillot/AFP

Avec plus de deux cents photographes et presque autant de chaînes de télévision, sans compter des centaines de magazines avides, la plus grande fête mondiale du cinéma est la vitrine la plus stratégique pour les créateurs.

Adepte du "chic insolent" et du "vêtement, produit de beauté", le duo Lefranc-Ferrant adoubé depuis peu par la Chambre syndicale de la Couture parisienne, est entré de plein pied dans l'autre compétition cannoise en mettant, à son tour, un vestiaire à la disposition des stars.

"Le Festival de Cannes nous permet de nous faire connaître en gagnant du temps et de l'énergie. On ne peut rivaliser avec les grandes maisons alors on joue la carte de l'inventivité en proposant des vêtements différents", a expliqué à l'AFP Mario Lefranc, qui a fait ses classes avec Lagerfeld chez Chloé, et qui s'est associé il y a trois ans avec Béatrice Ferrant (Patou, Balenciaga...).

Fanny Ardant, Ariane Ascaride et Ivana Trump ont monté les marches en Lefranc-Ferrant qui a habillé également Nathalie Morales, l'une des envoyées spéciales de la chaîne américaine NBC sur la Croisette.

Le styliste Christophe Guillarmé, 28 ans, formé à l'Ecole supérieure des Arts Appliqués de Paris, avant un parcours initiatique chez Castelbajac et Stella Cadente, est descendu à Cannes avec 80 robes proposées dans un "showroom" sur le toit d'un immeuble avec vue à 180° sur la baie.

La comédienne Firmine Richard a fait sensation sur les marches dans l'une de ses créations, tout comme l'épouse de l'acteur Michael Madsen à l'affiche du denier film d'Olivier Assayas, "Boarding gate", et la comédienne roumaine Rona Hartner vedette du dernier film de Quentin Tarantino. Séduit lui aussi, le célèbre photographe André Rau a choisi des vêtements Guillarmé pour ses prochains modèles.

Autre challenger sur le tapis rouge, le créateur Fabrizio Capriata, 32 ans, installé à Cannes et qui rêve de défiler à Paris, a réussi un joli coup en habillant le mannequin Bianca Di Sofia qui était au bras de l'acteur Alain Delon pour les marches de la cérémonie du 60e anniversaire: la photo a fait le tour du monde.

"Aucun autre événement que le Festival de Cannes n'offre autant de visibilité. Face aux grandes griffes, je joue la carte de la nouveauté", souligne ce styliste d'origine italienne dont la maîtrise du glamour hollywoodien lui a déjà valu un "Talent du luxe", prix des métiers d'art.

Fair-play, les griffes renommées voient cette concurrence comme salutaire, d'autant plus qu'elles affichent finalement un palmarès indiscutable : Sophie Marceau, Julianne Moore, Kylie Minogue et Catherine Deneuve, fidèle entre les fidèles, ont été vues en Yves Saint Laurent ; Diane Kruger en Chanel ; Naomie Campbell et Claudia Schiffer en Versace ; Maggie Cheung en Givenchy ; Sharon Stone, Gong Li et Andie MacDowell en Roberto Cavalli.

Par Jean-François GUYOT