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19 mars 2020
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Les Etats Unis déploient des moyens militaires face à l'épidémie

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19 mars 2020

Navire-hôpital militaire attendu à New York, ingénieurs de l'armée mobilisés, recours à une loi datant de la guerre de Corée : les États-Unis sont passés à une nouvelle étape jeudi face au coronavirus, et Donald Trump s'est présenté comme un président «en temps de guerre».


Le USNS Comfort au large de Saint Lucia, le 25 septembre 2019 / Navy Office of Information /AFP/ Archives



Fermeture de la frontière avec le Canada



Alors que la première puissance mondiale, qui a beaucoup tardé à lancer les tests, compte désormais plus de 7 300 cas confirmés et 115 morts, le président américain a aussi annoncé une fermeture de la frontière avec le Canada, son deuxième partenaire économique, sauf pour les déplacements jugés essentiels et les marchandises. Il a espéré pouvoir la rouvrir dans 30 jours. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau vient d'annoncer d'ailleurs, ce mercredi, un nouveau plan de 27 milliards de dollars canadiens (environ 17 milliards d'euros) d'aides directes et de 55 milliards de dollars canadiens de reports d'impôts, soit une enveloppe globale d'aides équivalente à 3 % du PIB du pays, pour aider le Canada à affronter la pandémie. Des allocations seront versées aux familles notamment.

Donald Trump, qui avait initialement minimisé l'épidémie, adopte un ton de plus en plus grave au fil des points presse de la Maison Blanche. «Toutes les générations d'Américains ont été appelés à faire des sacrifices pour le bien de la nation», a-t-il déclaré en rappelant la mobilisation des Américains pendant la Seconde guerre mondiale. «Maintenant c'est notre tour. Nous devons nous sacrifier ensemble, car nous sommes tous ensemble là-dedans, et nous en sortirons ensemble», a-t-il ajouté. Il s'est comparé à «un président en temps de guerre», face à un «ennemi invisible».

New York, l'un des États les plus touchés, pourrait avoir besoin de 110 000 lits d'ici 45 jours



Les mesures annoncées mercredi confirment ce ton nouveau : un navire-hôpital, le USNS Comfort, avec quelque 1 000 chambres, doit être envoyé dans le port de New York, a annoncé Andrew Cuomo, gouverneur de l’État de New York, l'un des plus touchés par l'épidémie. On ignorait quand le navire, actuellement ancré à quelque 500 kilomètres plus au sud, à Norfolk (Virginie), arriverait dans la première métropole américaine, mais cela pourrait prendre plusieurs semaines, selon une porte-parole du Pentagone. Andrew Cuomo a salué une «mesure extraordinaire», qui doit contribuer à renforcer la capacité d'accueil des hôpitaux - premier sujet d'inquiétude à court terme.

Il a indiqué que New York, l'un des États les plus touchés avec plus de 2 300 cas et 20 morts, pourrait avoir besoin de 110 000 lits d'ici 45 jours - contre une capacité limitée à 53 000 actuellement. Le gouverneur démocrate, très critique de la Maison Blanche au début de la crise, s'est félicité d'avoir désormais «un très bon dialogue» avec Donald Trump sur ce dossier. «Nous sommes en guerre, et nous sommes dans la même tranchée», a déclaré le gouverneur. «Je peux vous dire qu'il est pleinement engagé à essayer d'aider New York. Il est très créatif et énergique».

Le Corps des ingénieurs de l'armée (US Army Corps of Engineers), qui dépend également du ministère de la Défense, va lui aussi entrer en action, comme le réclamait depuis quelques jours Andrew Cuomo. Le gouverneur a indiqué qu'il verrait ce mercredi ses responsables pour voir comment utiliser des bâtiments existants pour y installer des lits. Le président américain a aussi indiqué qu'il allait invoquer le Defense Production Act, une loi qui date de la guerre de Corée et permet de mobiliser le secteur industriel privé pour les besoins de la sécurité du pays. «Il peut faire beaucoup de bonnes choses, si nous en avons besoin», «je vais signer ça dès la conférence de presse terminée», a déclaré le président Trump. Cette loi permettrait à Donald Trump d'accélérer notamment la production de matériels médicaux ou de toute fourniture nécessaire aux États-Unis.

Alors que beaucoup de petites entreprises sont déjà à l'arrêt et de nombreux employés au chômage forcé, le pays s'inquiète de plus en plus des conséquences économiques de cette crise mondiale sans précédent. Mercredi, Donald Trump a estimé que l'hypothèse d'un taux de chômage de 20 % aux États-Unis, évoqué la veille par son secrétaire au Trésor devant le Congrès, était seulement «dans le pire des plus sombres scénarios». Un taux de 20 % serait le double de ce qu'ont connu les États-Unis en 2009, conséquence de la crise financière, et près de six fois plus que le taux actuel de 3,5 %. «Nous en sommes très loin», a assuré le président.


«Suspension» des expulsions et des saisies immobilières



Pour réduire le choc, il a ordonné mercredi la «suspension» des expulsions et des saisies immobilières, une mesure déjà prise dans certains États comme New York ou la Californie.
Les États-Unis ont été touchés par l'épidémie après l'Asie et l'Europe, avec un décalage amplifié par le retard pris dans les tests. Malgré des progrès ces derniers jours, beaucoup de personnes aux États-Unis, bien que symptomatiques, ne peuvent toujours pas être testées, faute de tests en nombre suffisant. La Food and Drug administration, agence fédérale qui supervise les médicaments, a indiqué mercredi explorer la possibilité de tests auto-administrés par bâtonnets, qui pourraient être envoyés par la poste. Elle n'a cependant donné aucun calendrier.


(avec AFP)
 

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