Les pays méditerranéens ont souffert en fin d'année 2011

Si au premier semestre 2011, les préoccupations des entreprises se sont principalement concentrées sur la hausse des coûts des approvisionnements, à partir de la rentrée, les inquiétudes se sont davantage cristallises sur le repli de la consommation observé un peu partout en Europe. Il n’en demeure pas moins que les coûts de s approvisionnements sont restés élevés tout au long de l’année dernière. La hausse des coûts salariaux s ’est en effet poursuivie dans de nombreuses régions de production et le coton a affiché en 2011 un cours moyen d’environ 1,5 dollar. Selon l’enquête effectuée par l ’IFM auprès des distributeurs en fin d’année dernière, les stratégies d’adaptation face à la hausse des coûts d’approvisionnements se sont concentrées sur trois types de réponses : 90 % des distributeurs ont augmenté leurs prix de vente, 75 % ont modifié leur offre (en proposant, par exemple, davantage de mélanges de fibres dans leur collection, au détriment du 100 % coton) et 68 % ont modifié la structure de leurs approvisionnements.

Dans ce contexte qui s’est caractérisé à la fois par des coûts de production relativement élevés et des inquiétudes grandissantes sur les perspectives de consommation, comment ont évolué les politiques d’ approvisionnement des distributeurs ?

Les statistiques du commerce extérieur de l’Union européenne, indiquent qu’au cours de l’ ensemble de l’année 2 011, les importations d’habillement ont enregistré une croissance de 8,3 % en valeur par rapport à 2010. S’agissant des prix à l’importation des articles d’habillement, ils ont connu une hausse de 7,5 % , ce qui correspond à une augmentation comparable à celle observée en 2010 (+ 6,8 %).

La croissance des importations d’ habillement de l ’Union européenne a connu un ralentissement sensible au deuxième semestre, par rapport à la hausse de 17,3 % observée au premier semestre 2011. Ce ralentissement de la hausse des importations est lié au repli de la consommation intervenu au deuxième semestre 2011 et l’on observe une corrélation de plus en plus forte entre l’évolution de la consommation et celles des importations. Les distributeurs multiplient les achats tardifs et limitent, autant que possible , la prise de risque liée aux commandes de long terme. Selon l’étude réalisée par l’IFM pour le Défi en 2010, 36 % des achats des grandes marques et enseignes mondiales concernent des achats tardifs, dont 23 % s’apparentent à des réassorts et des actualisations déclenchés après le démarrage de la saison.

C’est ainsi qu’au quatrième trimestre 2011, les importations ont enregistré un recul de 3,9 % en valeur par rapport au même trimestre de 2010. Au cours des trois derniers mois de l’année 2011, les distributeurs ont considérablement réduit leurs achats d’actualisation et de réassort en raison du retournement brutal de la consommation intervenu à la rentrée. Ce sont les pays méditerranéens - bien positionnés pour répondre aux commandes de réassort et d’actualisation - qui ont le plus souffert de cette situation. Les importations d’habillement de l’Union européenne ont ainsi connu une chute de 9,1 % en provenance de cette région au quatrième trimestre 2011.

Les achats en Asie ont également connu un recul au quatrième trimestre 2011 mais
d’ampleur plus modeste (- 3,3 % en valeur par rapport au quatrième trimestre 2010). Si les importations d’habillement en provenance de Chine ont diminué de 6,9 %, celles issues du Bangladesh ou du Viêt-Nam ont connu des croissances respectives de 5,6 % et 11,6 %.

Les perspectives pour l’ensemble de l’année 2012 restent très incertaines même si l’année n’a pas si mal commencé sur le front de la consommation en France. En janvier, les chiffres d’affaires des distributeurs sont en effet restés stables par rapport au premier mois de l’année dernière : il s’agit du premier résultat positif depuis le mois de juin 2011. Les pays méditerranéens pourraient dans ce contexte retrouver un meilleur courant d’affaires, d’autant qu’ils semblent bénéficier de deux « coups de pouce » : une météo pour l’instant favorable, et des coûts de transport en hausse sensible en ce début d’année, ce qui pourrait favoriser le sourcing de proximité.


GILDAS MINVIELLE