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11 janv. 2017
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Les soldes d'hiver démarrent doucement en boutique, mieux sur Internet

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AFP
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11 janv. 2017

« Cela démarre un peu mou » : les soldes d'hiver ont débuté doucement mercredi en magasin et de façon plus dynamique sur Internet, mais sans déclencher d'euphorie chez des clients désormais habitués aux promotions toute l'année.


AFP Philippe Lopez


Globalement, « les soldes ont démarré en demi-teinte » avec une fréquentation au mieux stable par rapport à l'an dernier, a indiqué mercredi après-midi Yves Marin, expert en consommation au cabinet Wavestone, après avoir interrogé plusieurs commerçants.

Au vu de cette première journée et du contexte général peu porteur pour l'habillement, les professionnels se montrent « très réservés » sur le succès des soldes, et s'attendent à un « petit cru » cette année.

Seul point d'optimisme : un rafraîchissement des températures attendu ce week-end pourrait faciliter l'écoulement des grosses pièces hivernales.

Pour ce commerçant bordelais, l'engouement pour les soldes d'hiver qui pouvait exister il y a quelques années n'est plus de mise. « Habituellement au premier jour des soldes on a 50 personnes qui attendent à la porte, là il y en avait une quinzaine », explique Colas Michard, gérant de l'enseigne de chaussures Michard Ardillier. « Le consommateur est pollué, changé dans ses habitudes d'achat, par des chaînes qui font des promotions (...) toute l'année, des ventes privées. Quand arrivent les soldes, les gens ont dépensé la moitié du budget », remarque-t-il. « Les soldes, ce n'est plus un événement », témoigne Laurence Cristol, gérante de la boutique Pince à Linge à Bordeaux. Il y a des « soldes toute l'année. Ca casse le commerce », explique-t-elle.

Même son de cloche du côté de la CCI de Paris Ile-de-France, qui a interrogé mercredi une centaine de commerçants parisiens. Avec la généralisation des « soldes avant les soldes », « pour les clients, la confusion règne ».

A Paris mercredi, les files d'attente étaient « rares, même dans les boutiques situées sur les grandes artères commerçantes ». En fin de journée, le bilan apparaissait très mitigé. « Après un démarrage poussif à l'ouverture des magasins, la fréquentation était en hausse lors de la pause de midi », relate la CCI Paris IDF.

Pas de frénésie cependant : il y avait « plus de monde juste après Noël que maintenant », témoignait, dépité, un commerçant parisien en fin de journée.

Au Printemps Haussmann, après une baisse de 10 % ce matin, le recul s'était un peu résorbé vers 18 heures, à -5 %. « C'est monté en puissance à partir de 13h30, on espère que ça va continuer ce soir, avec la sortie des bureaux », indique le directeur, Pierre Pellarey. Selon lui, les ventes privées ont « probablement un peu asséché le premier jour des soldes », mais « cela pourrait se rattraper dans les prochains jours ». « Je reste optimiste, c'est dimanche qu'on verra vraiment si c'est un bon cru ou pas », conclut le dirigeant.

Toujours à Paris, David Mamane, gérant de la boutique indépendante Naracamicie, ne se faisait guère d'illusions. « Je n'attends pas de miracle. La fréquentation (...) baisse chaque année. (...) Le premier jour ne suscite plus vraiment d'intérêt. On fait aujourd'hui 30 à 40 % de chiffre d'affaires en moins par rapport à il y a cinq ou six ans. Le mois des soldes est devenu un mois normal pour nous en termes de ventes. »

En revanche, au Forum des Halles, le directeur Oliver Delamarre se montrait plutôt satisfait. « A 11h30, on enregistre un flux piéton en hausse de 15 % par rapport à l'an dernier », rappelant toutefois que le centre était alors en travaux. « On sent une forte appétence des Parisiens, d'autant que les commerçants proposent déjà des réductions importantes, à-50, -60 %. »

Dans le centre-ville de Lyon. Liliane, 66 ans, était l'une des rares à s'être levée exprès. « Après il y a trop de monde et on ne trouve plus de tailles. Mais je suis déçue, d'habitude c'est plus intéressant », constatait-elle.

Internet semblait tirer son épingle du jeu : en fin d'après-midi, le site Brandalley faisait état d'une progression de 10 % de ses ventes, de même que le site de vente de chaussures Sarenza. Spartoo réalisait lui des ventes en hausse de 7 % dès la première heure.

Selon la société Eulérian, qui analyse le trafic sur 40 % des sites de vente en ligne français, la fréquentation était en hausse de 4 % par rapport à l'an dernier vers 15h.

Le site de vente en ligne PriceMinister affichait une hausse de 32 % de son volume d'affaires à 18h. Son président Oliver Mathiot estime toutefois que, de manière générale, « les soldes ont moins d'impact que les années précédentes car la libéralisation des ventes privées et des promotions toute l'année désacralise ce rendez-vous ».

Pour tenter de doper la fréquentation, certaines enseignes proposaient déjà mercredi des rabais de -60 à -70 %, mais aussi des animations. Les Galeries Lafayette accueillait ainsi la comédie musicale Saturday Night Fever pour rythmer l'ouverture des soldes.

La secrétaire d'Etat au Commerce, Martine Pinville, avait elle aussi fait le déplacement. Pour elle, « les soldes restent un moment important » malgré la multiplication des promotions toute l'année. Ils ont valeur de repère pour les consommateurs, les incitant à consommer. Côté clients, c'est surtout les touristes qui avaient fait le déplacement mercredi matin à Paris, attirés par les rabais de marques de luxe, qui ne font quasiment jamais de réductions par ailleurs.

Par Delphine PAYSANT, avec les bureaux de Lyon et Bordeaux

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