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Publié le
18 janv. 2023
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Les styles se télescopent à Paris entre Lemaire, Walter Van Beirendonck et LGN

Publié le
18 janv. 2023

Paris concentre cette semaine ce qui se fait de mieux dans la mode. Le deuxième jour des défilés masculins a offert un feu d’artifices entre les styles et les univers les plus divers. Du confort chic de Lemaire aux gentils martiens de Walter Van Beirendonck en passant par les ludiques psychopathes de Louis-Gabriel Nouchi, il y avait l’embarras du choix, mercredi.
 

Lemaire, automne/hiver 2023/24 - ph Dominique Muret


Chez Lemaire, les invités avaient été prévenus: "Prenez vos moufles". Pour affronter le froid glacial dans la grande cour de la faculté de Jussieu, qui accueille le défilé, il en faudrait en réalité un peu plus. Accueilli par thé et café, une mini-bouillotte et une couverture, le public se réchauffe comme il peut, tandis que les premiers mannequins commencent à traverser à grandes enjambées cet espace ouvert à tous vents, balayé de courants d’air acérés.
 
Hall de gare, grand parvis d’un quartier d’affaires ou entrée d’université ? Peu importe, c’est un lieu de vie qui s’anime sous nos yeux dans un ballet bien réglé, avec en guise de bande-son le trafic citadin. On se croise, se dévisage, on se salue. Certains modèles s’accoudent à une rambarde, ou s’adossent à une colonne. Ils s’arrêtent parfois discuter sur un banc, quand ils ne traversent pas le parvis en courant.

Emmitouflés dans des manteaux protecteurs, noués à la taille par une ceinture, ou dans des gilets doudounes enfilés sur d’épais chandails, vêtus de pantalons en laine ou en cuir, les mannequins passent et repassent dans un va et vient incessant. Des hommes se font un rapide signe de main, leur carton à dessins sous le bras, tandis que les femmes, en vestes de laine et jupes-pantalons, font résonner leurs bottes à haut talon sur les pavés. Elles superposent souvent pantalons, jupe, blouse, chemise et veste, le tout taillé dans une même soie légère.
 
Manteaux amples, anoraks, blousons à col fourré, pulls noués autour du cou sur un grand cardigan, duffle-coat… La collection dessinée par Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran fait la part belle aux matières chaudes et aux coupes confortables, privilégiant une certaine fluidité. Un mannequin sort même en costume pyjama, tandis que plusieurs optent carrément pour des grosses chaussettes et pantoufles. Ce côté pratique est incarné notamment par de grands sacs besace à porter en bandoulière, qu’on imagine plein de dossiers. La palette est neutre et automnale. Seule une pointe de rouge ici et là, un bleu gris et un vert feuillage égayent l’ensemble.
 

Walter Van Beirendonck, automne/hiver 2023/24 - © ImaxTree


Chez Walter Van Beirendonck, les extraterrestres se font attendre trois bons quarts d’heure, mais finissent par atterrir sur le tapis rouge de la salle Wagram. Ils sont affublés d'espèces de ventouses en caoutchouc, plantées comme des champignons sur leur tête, bras, et torse, incorporées à leurs chics costumes en tweed ou dans des tenues en vinyle monochromes, rouge, noir vert, etc.
 
Cet accessoire gonflable est décliné aussi en plastique transparent. Il est rond et petit ou bien s’allonge, s’emparant de manteaux-gilets de sauvetage. On le retrouve sous forme de poches boursoufflées sur le devant d’un blouson. Parfois, c’est la veste entière qui est composée de ces mini bouées, équipées de leur embout et bouchon pour être gonflées selon les envies afin de fixer le volume désiré. Ailleurs, un film plastique à bulles d’emballage sert à réaliser une veste imperméable.
 
Le registre marin transparaît aussi à travers une série de pièces façon filets de pêcheur aux couleurs vives parsemées de cristaux, qui emprisonnent têtes ou torse en body. Le thème est repris dans des bas résille. Le créateur fait appel aussi au faux cuir et skaï pour confectionner blousons et pantalons bouffants.
 
Ces étranges personnages viennent sur la terre en amis, comme ils le proclament sur leurs tricots aux dessins naïfs illustrés de planètes peuplées d’animaux. Comme toujours, Walter Van Beirendonck s’affiche en fervent antimilitariste dans ses slogans.


Louis-Gabriel Nouchi - ph Dominique Muret

 
Changement complet de registre chez Louis-Gabriel Nouchi, qui nous plonge dans un film d’horreur, avec lumière rouge, visages éclaboussés de sang, longs gants en latex et chemises, tee-shirts fendus, comme lacérés au cutter ou tricots en jersey dévoré. Ne manque même pas la cellophane pour emballer les cadavres, que l’on retrouve dans le drapé d’un tee-shirt moulant.
 
Louis-Gabriel Nouchi s’est inspiré du roman American Psycho de Bret Easton Ellis et de son héros psychopathe, à la fois golden boy et serial killer, pour dénoncer sa violence et "sa masculinité toxique". L’occasion, une fois de plus pour le styliste, d’amorcer une réflexion en jouant avec les éléments du genre. Ainsi, en guise d’accessoires, il propose les immanquables haches et scies tronçonneuses, mais recouvertes en cuir recyclé, donc "désarçonnées",
 
Il alterne les silhouettes d’hommes d’affaires en se concentrant sur le tailoring. Les costumes sont revus dans les proportions et les constructions avec des épaules marquées, légèrement déportées dans la manche, pour une allure Eighties. Des vestes sont pincées sur un côté pour un effet drapé. Des total looks bleu de banquier ou noirs, à longs manteaux fendus sur les côtés, laissent place à une série de vêtements activewear avec des leggings en lycra portés directement sous des chemises fluides ou des vestes.
 
Le créateur introduit cette saison le cuir en s’associant au fabricant Ecco Laser, qui a notamment développé du cuir transparent ressemblant à de la peau grâce à une méthode de tannage de parchemin, dans lequel il taille des costumes, des tee-shirts et de longs manteaux. 
 

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