Louis Vuitton et Rosalía enflamment le Louvre

Tirons un coup de chapeau à l’équipe de création masculine de chez Vuitton: ça fait un an qu’ils n’ont pas de directeur artistique, et ils arrivent quand même à nous offrir un défilé sensationnel, dans le froid glacial de ce jeudi après-midi.

Au moins, ils ont eu l’occasion de venir saluer lors du final, sous la houlette de Colm Dillane, connu pour KidSuper, et qui vient d’achever une saison de collab’ avec Louis Vuitton. Tous ont posé avec Rosalía, la chanteuse catalane qui venait de livrer une performance électrique sur scène.

Flash mob de préados en folie devant le défilé, où deux mille fans poussaient des glapissements à chaque fois qu’un rappeur, acteur ou artiste émergeait d’une limousine. À l’intérieur, un énorme décor composé de plusieurs salles connectées, du salon au séjour en passant par la cuisine, rappelait ceux des feuilletons télé destinés aux jeunes. C’était Euphoria au Louvre.

Parvenus à la chambre la chanteuse Rosalía est partie en live: après avoir chanté juchée sur une voiture, elle s'est tortillée à qui mieux mieux sur le lit, tandis que les tops passaient devant elle pour aller prendre la pose devant la fosse des photographes.

C’est le grand chamboulement chez Vuitton, dont le PDG Michael Burke -ultra chic en costume noir impeccable – est venu faire un tour du premier rang, pour sa dernière saison masculine. Après une décennie de brillants succès à la tête de la marque de luxe la plus rentable du monde, Michael Burke grimpe d’un étage, pour travailler sur des projets spéciaux directement auprès du roi du luxe en personne, le boss de LVMH Bernard Arnault. Son successeur, Pietro Beccari, quittera Dior d’ici peu pour prendre son poste chez Vuitton.

"Ne vous en faites pas, je ne serai pas loin", souriait Michael Burke, affichant une barbe et une moustache toutes neuves, à la Van Dyke.

Pour en revenir au podium, la collection s’ouvrait sur des costumes. Car le Vuitton de Robert Burke est aussi devenu une excellente source en la matière : cette saison, les vestes sont précises et les pantalons gigantesques. Le tout coupé avec des pinces et des fentes légèrement décalées, et complété par des ceintures en tissu assez impressionnantes, et globalement assez magistrales. Jusqu’à ce costume extravagant composé d’une superposition de pages de roman.

Une tendance marquante de la mode masculine, c’est le pantalon outrageusement large, et Vuitton remporte à nouveau la mise dans cette catégorie, en particulier avec un superbe ensemble patchwork d’imprimés monogramme et damier, mélangé avec du denim gris et anthracite.

Les couleurs sont euphoriques: des manteaux en laine feutrée présentent des imprimés fruits géants, où les pommes et les citrons sont deux fois plus grands que nature. Et le top du top, ce sont ces fabuleux manteaux en tissu imprimé façon photos pixellisées, certains juste avec un œil unique et énorme.

En résumé, cette collection aurait sans doute eu besoin de quelques coupes substantielles, mais y aurait sûrement perdu son côté couillu et anticonformiste.

Pratiquement tous les tops avaient un sac à la main. On est tout de même chez Vuitton, après tout. Et on entendait déjà sonner les tiroirs-caisses, ou plutôt biper les téléphones portables, en découvrant les cabas et sacs fourre-tout en toile argentée, les besaces d’hommes en métal broyé façon sculpture de tôle froissée à la John Chamberlain, et même cette adorable housse pour caméra 18mm vintage. Et on passe carrément à l’orgasme du sac avec ces cabas patchwork en intarsia, arborant des tableaux portraits recomposés en cuir.

Et tout cela avant que Rosalía ne remonte le podium en dansant à reculons, tandis que l’intégralité de l’équipe venait applaudir le public.

Il n’y a peut-être pas de directeur artistique chez Vuitton, mais en matière de mode masculine, la créativité des dirigeants maison est incontestable.

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