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Reuters
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Publié le
6 oct. 2011
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Mode: le ciel s'assombrit pour les acteurs du luxe
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6 oct. 2011
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Louis Vuitton printemps-été 2012 - Pixel Formula |
Si les ventes des groupes de luxe interrogés cette semaine en marge de la "fashion week" ne traduisent à ce jour aucun ralentissement et tranchent avec le pessimisme ambiant, les aléas de la conjoncture les obligent à la prudence.
Dans un bel ensemble, les dirigeants d'Hermès, Carven, Lanvin, Valentino ou Longchamp, ont assuré ne percevoir aucun tassement de la demande.
"Pour le moment, il n'y a aucun impact sur nos ventes", a déclaré à Reuters Patrick Thomas, gérant d'Hermès, ajoutant cependant que "le fait que cela ne se voit pas aujourd'hui ne veut pas dire que cela n'arrivera pas".
"Quand il y a des moments d'inquiétude macroéconomique, cela se traduit toujours dans nos métiers", a-t-il ajouté.
Thierry Andretta, PDG de Lanvin, s'est lui aussi dit "préoccupé par la macroéconomie mondiale", même si sa croissance "à deux chiffres" se poursuit.
Pour sa part, Tancrède de Lalun, directeur des marchés homme et femme du Printemps, a déclaré à Reuters avoir déjà constaté une inflexion de la consommation en septembre, venant principalement de la clientèle française du grand magasin, et a précisé s'être "mis en position de pouvoir annuler certaines commandes auprès des marques, en cas de besoin".
Avec la crise de 2009, qui avait laissé les distributeurs avec des stocks pléthoriques, les détaillants ont appris à gérer au plus près leurs stocks pour éviter les invendus.
"Il serait déraisonnable de penser que tout va bien (...) Mais il n'y a pas de panique", a-t-il ajouté.
Aujourd'hui, la plupart des analystes anticipent un ralentissement de l'économie mondiale, sans pour autant se placer dans un scénario de récession.
Pour ceux de CA Cheuvreux, la croissance interne des groupes de luxe pourrait cependant être divisée par deux l'an prochain, passant de 16,5% attendus en moyenne en 2011 à 8,5% en 2012.
Dans ce contexte, les marchés ont lourdement sanctionné un secteur qui avait été jusqu'ici largement épargné par l'hécatombe boursière entamée durant l'été.
Pour les analystes de Morgan Stanley, "la détérioration des marchés en Europe et les signes évidents d'un ralentissement aux Etats-Unis accroissent les risques d'une baisse de la demande".
Et la vigueur des flux touristiques a masqué, selon eux, une détérioration des marchés matures.
La Chine focalise aussi l'attention des investisseurs. Véritable eldorado des groupes de luxe, la "grande Chine" (y compris Hong Kong et Macao) compte aujourd'hui pour près du quart des ventes de Gucci (groupe PPR) et pour 20% de celles de Richemont.
Or les taux de croissance atteints au premier semestre (+26% pour LVMH, +30% pour Hermès et +31% pour Gucci 31%) dans cette région du monde risquent de ne pas tenir au même rythme l'an prochain.
"Si la Chine décale, il faudra shorter le secteur", avertit un trader.
En Bourse, LVMH, Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels) ou Burberry ont plongé de 20% au cours des deux dernières semaines et la correction pourrait se poursuivre.
"Il y a plus de risque de voir les multiples de valorisation baisser que de voir baisser les prévisions de résultats", estime Pierre Lamelin, analyste de CA Cheuvreux.
"L'histoire a montré que la contraction des multiples pouvait être douloureuse", ajoute-t-il.
Les valeurs du luxe (hors l'exception Hermès) se traitent aujourd'hui aux environs de 15,6 fois les bénéfices attendus pour 2012. Après la faillite de la banque Lehman Brothers, ce multiple était tombé jusqu'à 10 dans le courant de l'année 2009.
"Mais nous n'en sommes pas là", tient à souligner l'analyste.
En 2009, à l'issue d'une année particulièrement noire pour le secteur, les ventes avaient reculé, en moyenne, de 5% en données comparables et les résultats opérationnels avaient chuté de 9%.
Un autre analyste, qui a souhaité garder l'anonymat, dit quant à lui anticiper une baisse des ventes en 2012, donc des marges qui ont atteint des niveaux record en 2011.
Le consensus des prévisions de résultats pour 2012 a déjà été abaissé de 5% et pourrait, selon lui, l'être encore davantage en fonction de l'évolution de la conjoncture.
Avec la contribution d'Astrid Wendlandt, édité par Cyril Altmeye
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