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Clémentine Martin
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9 oct. 2019
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Montblanc s’habille de rouge et mise sur la maroquinerie

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Clémentine Martin
Publié le
9 oct. 2019

Un rouge vermillon intense habille la façade de l’imposant bâtiment du 152 de l’avenue des Champs-Élysées. La boutique de la maison Montblanc sur la célèbre avenue parisienne revêt temporairement cette nouvelle teinte à l’occasion du lancement de (Montblanc M) RED, une ligne créée par la marque de luxe en collaboration avec (RED), l’association de lutte contre le SIDA. Cette nouvelle collection comprenant des articles d’écriture et une valise cabine a été lancée le 8 octobre, à l’occasion de la sixième conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le SIDA, la tuberculose et la malaria à Lyon à laquelle a participé le président Emmanuel Macron.


La boutique de Montblanc sur les Champs-Élysées s’est vêtue de rouge pour l’occasion - Montblanc / Anthony Ghnassia


« Ce projet fait partie d’une stratégie démarrée il y a très longtemps chez Montblanc. Notre origine est liée à l’écriture, à la culture et à l’éducation et nous avons toujours voulu nous associer à des charités pouvant nous permettre de nous exprimer dans un domaine authentique pour la maison », explique Nicolas Baretzki à FashionNetwork.com.

Le PDG de l’entreprise depuis 2017 tient à souligner l’importance de la sensibilisation dans le combat contre le VIH. Le lancement du premier programme de Montblanc avec l’Unicef date d’il y a près de 20 ans, et la marque participe à la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial qui a l’objectif de récolter 14 milliards de dollars ces prochaines années. L’association (RED), quant à elle, a été montée en 2006 par le chanteur Bono et l’activiste Bobby Shriver.

Le voyage, moteur de l’industrie du luxe



Fondée en 1906, la maison Montblanc s’est construite autour de son savoir-faire dans le domaine des articles d’écriture. Historiquement associée aux belles plumes, la maison a diversifié son offre au fil des années et touche maintenant aux secteurs de l’horlogerie, de la papeterie, de la maroquinerie et des accessoires.

« Nous sommes nés à Hambourg, une ville qui était un port international. La notion du voyageur et de l’exploration est véritablement à l’origine de Montblanc et fait partie de l’ADN de la marque », soutient Nicolas Baretzki, qui rappelle que « le voyage, aujourd’hui, c’est un domaine dans lequel Montblanc est complètement légitime. D’ailleurs, nous y sommes de plus en plus présents physiquement : on nous trouve dans quasiment tous les aéroports ».


L’objectif ? « Proposer une expérience complète à nos clients », allant des valises aux sacs à dos en passant par les montres connectées et les blocs-notes. « Selon notre vision de l’avenir, certains segments vont être de plus en plus légitimes dans le monde du luxe. Comme les bagages, notamment », analyse le responsable de cette entreprise qui fait partie du groupe Richemont. « On ne peut pas avoir de beaux objets de luxe et une valise complètement dépareillée. C’est pour cela que nous sommes convaincus de la nécessité d’avoir notre propre ligne de bagages », ajoute-t-il avec un sourire.

Et apparemment, la nouveauté est la clé pour réussir dans le luxe. « C’est un secteur particulièrement sensible aux projets innovants », commente Nicolas Baretzki, prenant l’exemple des nouvelles technologies et des nombreuses innovations autour des montres connectées sur lesquels travaille la maison. Il défend également la diversification de l’offre de sa firme. « Quand nous entrons dans un nouveau secteur, nous ne le faisons jamais par opportunisme. Nous y dédions vraiment des équipes qui ne font que ça et qui travaillent la verticalité » explique-t-il, citant le cas de l’horlogerie mécanique classique, très différente du développement des montres connectées.


Nicolas Baretzki, le PDG de Montblanc - Montblanc


Selon les dernières données publiées, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 370 millions d’euros en 2017. Sans entrer dans le détail des chiffres, le dirigeant paraît satisfait du développement actuel de ses différentes catégories. « Les articles d’écriture restent en tête de nos ventes, car il s’agit de notre catégorie d’origine, mais la part de la maroquinerie et notamment des bagages est de plus en plus importante », se réjouit-il.

Un comportement susceptible de varier en fonction des marchés. « Je crois que la France est une terre de culture et d’écriture où il y a encore un avenir radieux pour les articles d’écriture, plus que dans d’autres pays. Tout ce que je peux dire, c’est qu’actuellement, toutes les catégories comptent. Aucune d’entre elles ne représente moins de 20 % de notre chiffre d’affaires », souligne-t-il.

Un secteur imprévisible



Concernant l’internationalisation, la stratégie est claire. « Montblanc a toujours été une maison de proximité qui s’est développée dans les pays en travaillant directement avec la clientèle locale », explique le dirigeant, citant des décennies de travail en Inde ou au Brésil. La Chine en est un autre exemple : la marque s’est implantée sur ce marché il y a plus de 20 ans et il fait aujourd’hui « partie de nos principaux marchés », constate Nicolas Baretzki. Le pays représentait déjà 15 % des ventes totales de l’entreprise en 2014.

Selon le PDG, le contexte actuel du secteur du luxe est « imprévisible », une opportunité selon lui. « Je crois que nous sommes dans une période propice au luxe. Nous sommes dans une phase très créative où nous avons l’opportunité de connaître de nouveaux clients qui veulent découvrir des nouveautés. Il y a de plus en plus de personnes qui ont accès à des produits de valeur, d’histoire et d’artisanat », assure-t-il avec optimisme.

Parmi eux, la coqueluche de toutes les marques, le "millennial", que la maison essaye elle aussi de conquérir via des collaborations, comme celle de cet été avec la marque japonaise Bape. « C’est sûr qu’avec des collaborations avec des marques comme Bape, les clients que nous touchons ne sont pas nos habitués. Ça a notamment été le cas en Chine. Ce genre de projets nous aide à toucher un public plus jeune », reconnaît-il. Mais cette relation est organique, assure le dirigeant. «  Nous n’avons pas une stratégie particulière de ciblage des millennials. Notre logique consiste plutôt à penser que les millennials font partie de notre clientèle et à chercher ce que nous pouvons faire pour eux. Ce n’est pas la même démarche », insiste-t-il.

« Je suis convaincu qu’un peu de disruption est nécessaire de temps à autre et qu’il faut pouvoir surprendre. Peut-être que c’est aussi une logique qui plaît aux millennials », conclut le grand patron de Montblanc après quelques instants de réflexion. Il n’y a qu’à voir son bâtiment rouge vermeil éclatant (et très photogénique) pour s’en convaincre. En tout cas, pendant quelque temps, la boutique des Champs-Élysées sera en tenue de gala.

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