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8 juil. 2022
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Novesta: visite de l'usine en Slovaquie où sont produites ces baskets qui parcourent le monde

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8 juil. 2022

Les 2, 3 et 4 juillet derniers, au parc floral de Paris, la marque de sneakers slovaque Novesta participait au salon dédié à l’univers de l’enfant Playtime Paris. Si le label avait fait le déplacement pour exposer ses collections "kids" lancées en 2017, son univers, tout comme son héritage, sont bien plus vastes. FashionNetwork.com s’est rendu dans l’ouest de la Slovaquie, pour visiter l’usine de production Novesta, un lieu érigé dans les années 30 et intrinsèquement lié à l’histoire mouvementée de la région.


A gauche une partie de l'usine Novesta; à droite le caoutchouc pour produire les chaussures. - FashionNetwork.com


Partizánske, à environ 110 kilomètres de la capitale Brastislava: c’est ici qu’est installée depuis près d’un siècle l’usine Novesta. Avec ses hauts bâtiments de briques rouges, ses fenêtres usées par le temps, ce lieu digne d’un décor de cinéma est comme figé dans le temps. Une impression qui se poursuit en pénétrant dans l’enceinte de la fabrique, où les 400 ouvriers à l'œuvre travaillent selon des méthodes traditionnelles, sur des machines presque centenaires.

Ici, chaque année, près d’un million de paires de sneakers sont produites. Une basket en toile de coton bio dotée d’une robuste semelle en caoutchouc naturel, signature du savoir-faire de Novesta. Car en ces lieux qui ont par d'autres temps accueillis une production de pneumatique, le caoutchouc est roi et, outre les baskets, 350.000 paires de bottes de pluie y voient le jour également annuellement. Une grande partie de la production est d'ailleurs destinée à d'autres marques, Novesta travaillant actuellement avec une dizaine de labels partenaires.

Au sein de l’usine répartie dans quatre bâtiments, le caoutchouc naturel certifié VFCS (un label garantissant la gestion durable des forêts), qui arrive du Vietnam, est ainsi successivement teint, moulé pour en faire des semelles ou des bottes, et cuit à 130 degrés dans de grands fours.

Le montage des semelles et de la toile, ainsi que les opérations de couture, sont effectués dans les étages où officient les ouvriers, garants d'un savoir-faire séculaire.


A gauche un des deux fours permettant de fixer la forme du caoutchouc et à droites les ouvriers et ouvrières qui montent les différentes parties d'une bottes de pluie - FashionNetwork.com


C’est Jan Antonín Bata, cordonnier de profession et demi-frère de Tomas Bata, le fondateur des chaussures Bata, qui est à l’origine de ce site de production, baptisé dans les années 30 Novesty.

Lors de Seconde Guerre mondiale, l’usine participe à l’effort national, avant d’être nationalisée sous le régime communiste. En 1980, ce sont 38 millions de paires de chaussures qui y sont produites, notamment pour l’armée.

A la chute du bloc soviétique, l’entreprise est à nouveau privatisée mais la famille Bata, propriétaire des actifs, ne souhaite pas conserver le site. Après être passée entre plusieurs mains, c’est finalement Igor Grosaft, patron d’une agence de presse indépendante, qui reprend l’usine au début des années 2000.
 

A gauche, l'opération de pressage de la semelle sur la toile; à droite, les sneakers phares de Novesta vendues en moyenne 65 euros - FashionNetwork.com


L’homme d’affaires slovaque détient aujourd'hui 70% du capital de Novesta, aux côtés de deux associés. "Le nom Novesta est apparu est 1993, mais c’est depuis 2010 qu'il a vraiment une portée internationale", raconte Igor Grosaft.

La marque Novesta réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, dont 98% à l’export.  "Le Royaume-Uni et la France sont parmi nos principaux marchés pour les baskets en toile. La Corée du Sud et le Japon sont plus tournés vers la botte de pluie, alors que la Chine est le principal marché de la Novesta Marathon, une chaussure de course", détaille le dirigeant.

A l’image de ses voisins européens, la marque Novesta a successivement été impactée par la pandémie de coronavirus, l’inflation et la hausse du prix des matériaux, mais aussi la guerre en Ukraine, un pays avec qui la Slovaquie a une frontière commune. Mais Igor Grosaft regarde vers l’avenir et l’export, et principalement les nouveaux marchés qui, au cœur de la pandémie, ont représenté un véritable relais croissance. La fabrication en private label permet également à l'usine d'atteindre un chiffres d'affaires total de 12 millions d'euros. 

Le dirigeant veut également insuffler plus d'écoresponsabilité dans ses productions. Mais l'homme reste pragmatique, expliquant par exemple que la marque n'ira pas regarder vers la teinture végétale car il faudrait aller jusqu'en Allemagne pour effectuer cette opération, nécessitant du transport supplémentaire. "Il faut prendre des décisions qui ont du sens", clame-t-il.

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