Matthieu Guinebault
3 déc. 2013
Ouverture du dimanche: les Fédérations déplorent des propositions timides
Matthieu Guinebault
3 déc. 2013
Le 2 décembre était remis au Gouvernement un rapport sur l’ouverture des commerces le dimanche. Le document recommande l’augmentation du nombre de dimanches ouvrables sur autorisation des maires, mais prône une réflexion sur le cas des zones touristiques. Les différentes fédérations professionnelles du commerce et de l’habillement saluent des avancées jugées néanmoins trop timides, voire décevantes, quand elles ne sont pas jugées inquiétantes.
"Augmenter de cinq à dix jours (le nombre de dimanches ouvrables par an, ndlr), c’est bien, on peut s’en féliciter. Pour le reste, je ne comprends pas", explique à FashionMag.com le président de la Fédération des enseignes d’habillement (FEH), Jean-Marc Génis. "La loi est toujours aussi obscure, avec des inégalités toujours aussi grandes entre commerçants. C’est la politique du petit pas. Je n’attendais pas grand chose de ce rapport. Il était clair que le sujet n’allait pas réellement être remué juste avant les élections municipales. De plus, il faut passer devant le Parlement et ne pas froisser l’opinion publique qui réclame pourtant la généralisation des ouvertures".
La Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF) se félicite également, avec mesure, des recommandations du rapport, "première étape importante mais beaucoup trop timide". L'organisme prône en effet une libéralisation complète sous modalités afin de relancer la consommation d'habillement. "Dans un contexte de baisse de la consommation des ménages (...), tout doit être fait pour répondre à l'attente profonde des consommatrices françaises mais aussi étrangères", explique son président Daniel Wertel. "Nous souhaitons une concertation générale sur les autres dossiers liés à la relance de la consommation. Je pense notamment à la problématique des soldes flottants et promotions qui exige des prises de position courageuses et rapides".
"Combien de mois et d'années de palabres et de bureaucratie faudra-t-il encore attendre avant de créer des emplois pour accueillir et servir correctement les touristes ?", demande pour sa part Chistian Pimont, président de l'Alliance du commerce. "L'association professionnelle déplore la remise en cause des dérogations existantes, en particulier pour les zones touristiques. Une mauvaise nouvelle pour les commerces et communes "qui ont beaucoup misé sur leur attractivité culturelle, touristique et commerciale".
Le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) rappelle quant à lui que l’augmentation du nombre d’ouvertures exceptionnelles était de longue date l’une de ses demandes. "Le CNCC dans son livre blanc de la campagne préélectorale avait déjà prévenu: il demanderait pour tous les commerces un nombre de douze ouvertures dominicales exceptionnelles au libre choix des commerçants", rappelle le Conseil, qui s'inquiète également du cas des zones touristiques. "Il règne la plus grande confusion sur les zones dites PUCE et les zones touristiques, ce qui se traduit par des différences de traitement totalement incohérentes".
Un contexte délicat pour l’habillement
Cet accueil froid des propositions du rapport Bailly intervient au terme d’une année difficile pour l’habillement. Sur les 10 premiers mois de l’année, les ventes françaises affichent ainsi un recul de 1,9 % par rapport à une année 2012 dont les résultats étaient déjà difficiles. L’Institut français de la mode (IFM) se veut rassurant avec sur le mois d’octobre une "atténuation de la baisse du chiffre d’affaires des distributeurs". Néanmoins, les mauvais résultats du secteur remettent plus que jamais en question les fondamentaux de son modèle commercial.
"On ne parle donc plus de problème de météo: il y a un vrai problème de fond, nous expliquait ainsi dès septembre Bernard Morvan, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH). Nous voudrions pouvoir comprendre comment nous réinventer face à des comportements d’achat qui évoluent. Les consommateurs ont intégré des nouveaux codes dans leur manière de consommer. Il y a quelques signaux qui vont dans le bon sens, mais avant que ces derniers arrivent à nos petites unités, il faudra du temps".
Autant de données qui poussent aujourd’hui les professionnels à voir dans la timidité du rapport Bailly une chance perdue de compenser le recul des ventes. "Certains disent que, avec l’ouverture le dimanche, les commerçants étaleront seulement sur 7 jours les ventes qu’ils font en 6", relève Jean-Marc Génis. "Mais alors pourquoi ne pas les laisser choisir, du moment qu’il y a volontariat et compensation salariale ? Pourquoi vouloir absolument règlementer ce que font les commerçants. Ils savent, au regard de leur activité, s’ils ont intérêt à ouvrir ou non le dimanche. Et tous les professionnels sont d’accord: on ne demande pas l’ouverture dominicale partout. Uniquement là où les clients le réclament, en particulier en Ile-de-France et dans toutes les grandes métropoles. Ce n’est pas une décision nationale, mais un arbitrage local".
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com