Paris: Ludovic de Saint Sernin sensualise Ann Demeulemeester

Un nouveau chapitre s’est ouvert, samedi, pour Ann Demeulemeester, sous l’égide de Ludovic de Saint Sernin. Le designer, connu pour son style sensuel érotique, a pris en décembre les rênes de l’emblématique maison, détenue depuis 2020 par le détaillant milanais Claudio Antonioli. Il a dévoilé ce week-end une première collection tout en retenue, s'emparant avec douceur de l’héritage de la créatrice belge, tout en lui insufflant une nouvelle énergie.

La première silhouette en noir et la dernière en blanc, identiques, font office de manifeste. Juste une longue jupe en soie coupée dans le biais, qui glisse avec sensualité jusqu’aux pieds, et une plume en cuir en guise de soutien-gorge. Une sorte de lettre d’amour que le jeune créateur a voulu adresser à celle qui fut l’un des célèbres membres du cercle des Six d'Anvers, les six élèves de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers issus de la promotion de 1981 réputés pour leur esthétique d’avant-garde.

Une référence aussi à la lettre qu'Ann Demeulemeester écrivit en 2013 aux proches et admirateurs qui la soutenaient depuis le début pour leur annoncer qu'elle quittait sa maison, fondée en 1982. Une page blanche qu’il revient désormais à Ludovic de Saint Sernin de remplir. Pour cette première collection, le jeune styliste de 32 ans, qui prône lui aussi une mode non genrée, s’est plongé dans les archives et imprégné de l’esprit minimaliste dark d'Ann Demeulemeester, en lui insufflant sa propre vision, le côté sexy décomplexé fusionnant avec naturel avec un certain romantisme androgyne.

Ludovic de Saint Sernin va droit au but avec une collection essentielle composée de quelques pièces icones. De nombreuses silhouettes semblent ainsi se répéter, présentant pourtant à chaque fois un détail différent. Comme cette série de superbes jupes en biais portées torse nu, la poitrine tantôt cachée juste par les mains du mannequin, les bras croisés sur le torse, tantôt par différents hauts en fourrure à longs poils vaporeux, tels que vestes découvrant le ventre, manches ballons amovibles, cache-épaules.

Ludovic de Saint Sernin propose aussi de longues robes en satin, en maille ou en chiffon transparent nouées au cou ou retenues par des bretelles, de fines tuniques-tricots de corps déboutonnées jusqu’au nombril, ainsi qu’une série de pièces en cuir noir, telles chemises nouées par des cordons, pantalons et manteaux, portées indifféremment par hommes ou femmes.

Le noir domine la palette, décliné en diverses nuances, avec juste quelques pièces blanches, comme l’iconique chemise nouée par un ruban, les poignets déboutonnés dépassant de la veste ou du chandail noirs. A ces teintes neutres s’ajoutent juste quelques vêtements rouge carmin ou chocolat. Des bottes en cuir de cavalier complètent les looks, à talons hauts pour elle, plates pour lui.

Avec Ludovic de Saint Sernin, Ann Demeulemeester entre clairement dans une nouvelle ère plus actuelle et désirable, retrouvant une visibilité qui s'était perdue dans le temps. A en juger aussi par la foule de fans se pressant aux abords du lycée Carnot, où était organisé le défilé samedi soir, devant un service d'ordre digne d'un concert rock.

Paris: Ludovic de Saint Sernin sensualise Ann Demeulemeester

Voir aussi