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20 janv. 2021
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Peu d'affluence au premier jour des soldes mais les commerçants gardent espoir

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20 janv. 2021

Masques, couvre-feu... Le public sera-t-il au rendez-vous des soldes qui démarrent mercredi, malgré les contraintes? Les commerçants ne comptent pas sur un miracle mais espèrent tout de même finir en douceur cette saison hivernale bousculée par la crise sanitaire.


AFP


A Bordeaux en milieu de matinée, dans la rue Saint-Catherine, plus longue artère commerçante piétonne d'Europe, ce n'était pas l'euphorie des grands jours. Malgré les entrées désormais ralenties par le passage obligé devant la borne de gel hydroalcoolique, il n'y avait pas la moindre queue devant les mastodontes tels que Zara, H&M ou les Galeries Lafayette.

"D'habitude, le premier jour des soldes, c'est bondé ici! Le matin on fait des chiffres énormes, mais là il n'y a même pas la moitié des gens que l'on voit d'habitude", regrette Colas Michard, directeur général du magasin de chaussures Michard Ardillier, une entreprise familiale qui a pignon sur rue depuis 1878.

Constat similaire à Lyon, où peu de monde arpentait les principales artères commerçantes de l'hyper centre de la ville. Sara et Jean-Christophe Bouchard, 54 ans et 49 ans, se réjouissent du calme: "ce n'est pas bon pour les magasins, mais pour nous c'est super agréable!"

Dans le magasin d'une enseigne de prêt-à-porter espagnole, une vendeuse reconnaît que la fréquentation n'est "pas au rendez-vous": "D'habitude, au premier jour des soldes, avec 50% de réduction, il y a de longues files d'attente aux caisses. Là, presque personne. Il faut dire que les cabines d'essayage sont fermées et que le couvre-feu à 18h, ça n'aide pas !"

Le couvre-feu, un moindre mal



Dans un contexte où la circulation du virus reste importante en France, la fermeture des portes imposée partout à 18h depuis samedi est toutefois "un moindre mal", comme l'a indiqué à l'AFP Francis Palombi. Pour le président de la Confédération des commerçants de France (commerçants indépendants), les soldes peuvent même "être plutôt un rebond".


Première matinée des soldes d'hiver, le 20 janvier 2021 sur le boulevard Haussmann à Paris - FNW/OG



Le gouvernement avait décalé le début des soldes pour permettre aux commerces de vendre quelques semaines supplémentaires sans promotion, afin de reconstituer des trésoreries plombées par le reconfinement.

"La plus grande crainte était d'être confiné" alors que les soldes d'hiver représentent une "période cruciale", a renchéri mardi lors d'une conférence de presse Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce. Cette période de promotion a notamment assuré 13,5% du chiffre d'affaires 2019 des enseignes d'habillement.

Incertitude



Mais cette année, les commerçants sont dans le flou: "On s'attend à tout et à rien, on ne sait pas trop s'il y aura du monde ou pas", avoue Aurélie, 35 ans, responsable d'une boutique Caroll à Lyon.

Le rebond ne s'est pas pour l'instant confirmé à Paris où les grands magasins du boulevard Haussmann, qui accueillaient historiquement un représentant du gouvernement et la presse le premier jour des soldes, connaissaient une ambiance calme mercredi matin, malgré les jusqu'à -50% affichés au Printemps et les -60% annoncés aux Galeries Lafayette. Au sein des grands magasins, la clientèle privilégiait, en milieu de matinée, les espaces dédiés à la bijouterie et à la maroquinerie, plutôt que les niveaux consacrés aux vêtements et au Luxe.

"On frôle un troisième confinement, les gens n'ont peut-être pas envie de sortir pour faire des achats et puis, au niveau budgétaire, ça coince peut-être aussi", suggère Marie Sigogne, manager d'une boutique de chaussures Geox à Bordeaux, qui ouvrait exceptionnellement plus tôt ce mercredi.

Environ 73% des Français comptent profiter des soldes d'hiver, contre 80% l'an dernier, selon un sondage Spartoo/Ifop réalisé au début du mois sur un échantillon de 1.002 personnes représentatif de la population française. Point positif: ils prévoient de dépenser en moyenne 197 euros, un budget quasi équivalent à celui de l'an dernier.

Les soldes d'hiver "vont être un rendez-vous extrêmement important pour pouvoir atterrir" après une année 2020 très éprouvante pour les commerçants, observait récemment Céline Choain, spécialiste du secteur mode et distribution au sein du cabinet Kea & Partners.

L'univers des commerces a été bouleversé par la crise sanitaire l'an passé. Certains segments ont particulièrement souffert, à l'image de l'habillement. Les enseignes de ce secteur ont perdu près d'un quart de leur chiffre d'affaires annuel (22,6%), selon une étude du cabinet Retail Int. et de l'Alliance du commerce.

Face à la crise sanitaire et aux restrictions pour freiner l'épidémie, les habitudes des Français ont aussi évolué: ils ont privilégié les zones commerciales situées en périphéries des agglomérations, délaissant les boutiques des centres-villes. Un changement qui a particulièrement pénalisé Paris.

Des commerçants "désabusés" à Paris



Dans la capitale, les commerçants sont résignés et semblent "désabusés", indique la CCI Paris dans un communiqué. Ils appliquent déjà de forts rabais, jusqu’à -70% dès le coup d’envoi pour certains.

Au matin du premier jour, les files d’attente étaient "quasi inexistantes, même dans les boutiques situées sur les grandes artères commerçantes parisiennes comme le boulevard Haussmann. Les grands magasins, face à l’absence quasi-totale de touristes internationaux, n’ont pas ouvert à 8h comme ils le font habituellement", relève la Chambre de Commerce.

(Avec AFP) 

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