Primark: le message d’un ouvrier textile sur une étiquette ?

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
25 juin 2014

Une cliente galloise a découvert sur l’étiquette de sa robe Primark un message: "Forced to Work Exhausting Hours" ("Forcé de travailler d’épuisantes heures"). Si la cliente y lit un appel au secours, la marque entend mener l’enquête sur d’éventuels dysfonctionnements dans les conditions de travail. Mais la marque jette le doute sur une éventuelle opération de communication.

Révélée par le South Wales Evening Post, l’affaire intervient en effet après l’anniversaire du drame du Rana Plaza. L'usine bangladaise produisant notamment pour Primark et dont l’effondrement a fait plus de 1 200 morts. Si l’enseigne fut l’une des premières à dédommager les victimes et familles, ses prix de vente extrêmement bas lui octroient un surcroit de soupçon quant à ses conditions de production.

"Nous trouvons très étrange que cette histoire se fasse jour dans ce contexte, étant donné que la robe était en vente il y a plus d'un an, sans qu'aucun autre incident de ce genre ne nous ait été signalé", a indiqué une porte-parole de la marque au portail Fashionista. "Nous serions reconnaissants si cette cliente nous faisait parvenir la robe en question, afin que nous puissions mener une enquête".

La cliente en question, très sollicitée par la presse britannique, a en effet pris rapidement fait et cause pour la cause des ouvriers textiles. Tout en expliquant n’avoir "jamais vraiment prêté attention à la façon dont sont produits les vêtements".

Depuis le Rana Plaza, les ONG ont fait de la sensibilisation des consommateurs une priorité. Mi-mai, Gap était victime d’un faux site officiel, annonçant contre toute vérité des mesures de soutien du groupe américain aux ouvriers bangladais.

Se pose donc la question de la véracité de ce message de l’ouvrier à la fashionista. Si elle s’avérait véridique, elle ne serait cependant pas une première: en 2012, un prisonnier chinois clamait son innocence dans un sac fabriqué pour Saks Fifth Avenue.

En revanche, difficile de mettre en doute la difficulté des conditions de travail des ouvriers textiles. En particulier dans les cas de sous-traitance sauvage, illégale et régulièrement pointée du doigt. En février, la chaîne britannique ITV qui montrait la maltraitance d’ouvriers parfois mineurs dans des usines bangladaises, fournissant notamment BHS et Lee Cooper. Plus récemment, un documentaire de Canal+ offrait une plongée dans l’univers H&M, dénonçant la réalité difficile des employées derrière le vernis des prises de positions sociales. Et, début juin, l’ONG Clean Clothes Campaign publiait une enquête menée dans neuf pays d’Europe de l’Est et en Turquie, montrant que les productions "locales" n’ont rien à envier aux conditions de travail et salaires des usines asiatiques.