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Publié le
17 janv. 2011
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Soldes: un premier bilan morose, sauf pour le luxe et internet

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Reuters
Publié le
17 janv. 2011

PARIS (Reuters) - Cinq jours après le démarrage des soldes d'hiver en France, le premier bilan se révèle morose pour les ventes des grandes enseignes d'habillement, tandis qu'internet et le luxe tirent leur épingle du jeu.
Le climat n'était pas à la fête après le premier week-end de rabais qui donne traditionnellement le la de la tendance, alors que la consommation intérieure continue, selon l'Insee, de tourner au ralenti et que le redoux météorologique a freiné les achats de "grosses pièces" comme les manteaux.
"Nous avons du mal à décoller et je pense que nous serons en terrain négatif. Vendredi, le chiffre d'affaires était en baisse de 4% et la tendance, week-end compris, devrait être très proche de cela", a déclaré à Reuters Jean-Marc Genis, président exécutif de la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH) représentant les grandes chaînes de prêt-à-porter (Zara, H&M, Etam, Celio ou Camaieu).
La FEH représente 24.000 points de vente dans l'Hexagone, avec un chiffre d'affaires cumulé de 19 milliards d'euros.
Ce recul des ventes par rapport à l'an dernier s'explique par "la morosité économique et le pessimisme ambiants, dont tout le monde parle", a estimé Jean-Marc Genis. "Les clients boudent beaucoup. On n'est pas dans un très bon cru."
Le marché français de l'habillement, tous circuits de distribution confondus, est évalué à environ 30 milliards d'euros, selon l'Institut français de la mode (IFM).


les soldes ont démarré mollement (photo Pixel Formula)
Les périodes de soldes et de promotion ont pris une part grandissante dans le chiffre d'affaires des distributeurs et sont devenues cruciales. Alors qu'elles ne représentaient que 20% des ventes du secteur de l'habillement en 2000, elles atteignent aujourd'hui 33%.
"La consommation de textile reste très dépendante de la tendance de fond de l'économie. Avec une consommation globale des ménages en hausse de 0,5% ou 0,8%, la consommation de textile ne peut pas être très soutenue", commente Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'IFM.
Pour la Fédération nationale de l'habillement (FNH), qui regroupe près de 45.000 boutiques indépendantes multimarques, "les soldes d'hiver vont être un cru moyen".
"C'est plutôt mou et, pour certains magasins, au-dessous du niveau de l'an dernier", a commenté son président Charles Melcer.
Pour sa part, l'Union du grand commerce de centre-ville (UCV) fait état d'une évolution contrastée entre Paris, où les ventes ont été stables de mercredi à samedi, et la province où elles ont progressé. L'UCV regroupe des enseignes comme les Galeries Lafayette, le BHV, Habitat ou C&A, dont le chiffre d'affaires cumulé atteint 10 milliards d'euros.
"Le climat a joué. Il a fait beau et les gens ont préféré s'aérer", a dit Claude Boulle, président exécutif de l'UCV, précisant que le redoux avait aussi empêché les achats de grosses pièces comme les parkas, vestes chaudes et manteaux.
Le calendrier tardif (les soldes ont commencé le 12 janvier au lieu du 8 janvier en 2010) mais aussi la concurrence d'internet et des soldes "privés" sont également incriminés.
Nombre de commerçants disent aussi souhaiter la suppression des soldes "flottants", un dispositif institué en 2009 qui permet une période de promotions complémentaire en plus des soldes d'été et d'hiver et qui a été maintenu pour 2011.

En revanche, le secteur du luxe et les ventes sur internet ont tiré leur épingle du jeu, même si le commerce en ligne n'a pas connu l'explosion que certains attendaient.
Au Printemps Haussmann, qui s'est repositionné l'an dernier sur les grandes griffes de luxe, les ventes réalisées de mercredi à samedi ont augmenté de 6%, tirées par les accessoires (+20%), principalement les sacs et la petite maroquinerie.
Les achats ont été dominés par la clientèle internationale, (ventes en hausse de 20%), avec une explosion de la demande chinoise (+200%), suivie par le retour des clientèles japonaise (+43%) et russe (+40%), a précisé à Reuters Pierre Pelarrey, directeur du Printemps Haussmann.
Le grand magasin parisien réalise 12% de son chiffre d'affaires annuel pendant les soldes d'hiver.
Les ventes y ont été positives dans la mode et la maison (+8% et +7% respectivement), tandis qu'elles ont baissé dans la beauté, les enfants et la lingerie.
"Nous avons plutôt une bonne performance par rapport à l'an dernier qui était stable, et aussi compte tenu du décalage du calendrier, les soldes ayant eu lieu une semaine plus tard que l'an dernier", s'est félicité Pierre Pelarrey.
Sur internet, les ventes ont signé une progression de 11% (à périmètre constant) le premier jour des soldes, une progression identique à celle de l'an dernier, selon la Fédération du e.commerce et de la vente à distance (Fevad).
La Fevad regroupe 700 sites adhérents, qui comptent pour environ 80% d'un chiffre d'affaires total de 30 milliards d'euros réalisé dans les ventes en ligne dans l'Hexagone.
"On peut dire que les internautes sont au rendez-vous. Il y a eu une fréquentation exceptionnelle au premier jour et certains sites ont battu des records historiques de fréquentation", a observé Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, précisant que le panier moyen avait progressé de 3% à 115 euros.
"On est sur une tendance comparable à celle de l'année dernière. Nous avons une bonne progression mais pas une euphorie triomphante", a-t-il ajouté.
Les soldes d'hiver, qui s'étalent sur cinq semaines, s'achèveront le 15 février.
Pascale Denis (Avec Dominique Vidalon, édité par Dominique Rodriguez)

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