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22 oct. 2014
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Sourcing : les professionnels d'Asie s'interrogent sur leur futur

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22 oct. 2014

Le 21 octobre, le salon Intertextile organisait à Shanghai un tour de table réunissant les représentants des différents marchés asiatiques. L'occasion d'un passage en revue d'un marché contrasté, où les investisseurs chinois sont largement courtisés par des pays affrontant leurs enjeux domestiques.

Les représentants des marchés asiatiques ont échangé leurs regards souvent divergents sur le devenir de leur filière - Photo : Matthieu Guinebault/Fmag


"A la Chine se pose plusieurs défis : hausse des salaires, accroissement de la population, économies d'énergie, concurrence de pays low cost..." a d'entrée rappelé Lin Yunfeng, vice-président de la chambre de commerce chinoise du textile (CCPIT Tex). "Deux solutions : le global manufacturing layout, par lequel les entreprises chinoises vont déployer leur appareil de production à l'étranger ; ou la value chain breakthrough, qui se traduit par une montée en gamme des productions, des poussées technologiques et la création de marques propres".

Ce que confirme Justin Huang, secrétaire général de la Taiwan Textile Federation. "La Chine n'est plus un pays low cost" rappelle t-il. "Ce qu'il est possible de faire pour continuer à y travailler est de monter en gamme".

Mais, face à des États-Unis ayant réduit leurs importations, à une Europe convalescente et à des acteurs asiatiques souvent désordonnés, le responsable a une métaphore : celle du patient se plaignant de ne pouvoir dormir dans le froid de l'hiver, face à un médecin lui suggérant de simplement se blottir contre sa partenaire.  

"J'espère surtout que nous trouverons davantage de partenaires contre qui nous blottir", renchérit son compatriote Elmas Wu, vice-président global marketing du groupe New Wide. Pour ce dernier, la politique chinoise concernant le prix du coton, comme la surproduction de polyester, pose problème aux industriels. "Il faut aussi évoquer les délais de paiement, qui peuvent atteindre 200 jours" pointe t-il. "Et la loyauté est faible dans la filière. Pour l'heure, nos clients ne prêtent en outre pas attention aux problèmes économiques et écologiques que pose la teinte des produits".

Un constat largement partagé par M. HL Ding, président du fabricant chinois Hemp Fortex Industry. Face à la hausse des salaires, ce dernier prône l'optimisation de l'activité des entreprises chinoises. "Une meilleure productivité doit passer par une meilleure formation des équipes, et par la qualité du management", indique t-il. "Le développement de produits eco-responsables permet également de doper la valeur des productions. Face à la dépréciation, il faut améliorer l'existant".

Directeur de la fédération indienne du textile, Texprocil, Mr RK. Dalmia voit dans les enjeux actuels une conséquence du "Gipsy Industry Effect", par lequel un secteur déplace régulièrement sa production de pays en pays. "Tout comme l'Europe a commencé à délocaliser en Chine par l'entrée de gamme, la Chine se tourne désormais vers ses voisins", explique t-il. 

Fort de son prix du coton (fixé par l'État en deçà du prix du marché) comme de son important marché domestique, l'Inde mise très largement sur les investissements chinois pour doper son industrie textile. Preuve en est l'annonce par les autorités de zones industrielles exclusivement dédiées aux entreprises chinoises. "Cette implication de l'Inde dans le sourcing chinois va créer la production textile la plus compétitive au monde", pour RK. Dalmia.

Là où l'Inde était venu jouer la séduction, Ramon Bangun a quant à lui joué la transparence auprès des possibles partenaires. Directeur du textile au ministère indonésien de l'industrie, le responsable a dressé le portrait d'une filière locale sous-équipée. "La plupart de nos machines ont plus de vingt ans", déplore t-il, montrant que, selon les étapes de fabrication, les équipements sont entre 64 et 93 % à attaquer leur 3ème décennie. "Un investissement de 321 millions de dollars a été débloqué" annonce le directeur, venu à Shanghai à la rencontre d'industriels locaux dont l'aide complémentaire serait précieuse.

"A l'avenir, nous produiront plus proche des commanditaires", assure de son coté Karin Malmstrom, directrice Chine de Cotton USA. "Nous voyons la naissance d'un bloc asiatique, avec au centre la Chine et l'Inde en grand marché de consommation. Et l'Europe va rétablir la route de la soie vers l'Asie, tandis qu'arrive l'Afrique, dont on a jamais autant parlé. La nouvelle carte du sourcing est très loin de se limiter à l'Asie, et des surprises sont à venir". 

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