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Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
3 juin 2022
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Steven Stokey-Delay évoque le prix LVMH, son amour du théâtre et sa ville d’Aintree

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
3 juin 2022

Peu de jeunes designers ont été propulsés en première ligne de la scène mondiale aussi rapidement que Steven Stokey-Daley. Jeudi, il a remporté le prix LVMH 2022, qui récompense les jeunes designers.


Steven Stokey-Daley - Photo: Instagram - Foto: Instagram


Il y a deux ans seulement, il imaginait et cousait la première collection de sa marque S.S. Daley dans le salon de la maison de ses parents. Une petite bicoque de la classe populaire à Aintree, dans la banlieue de Liverpool, une ville plus connue pour ses courses de chevaux que pour sa culture de la haute couture.
 
Mais jeudi, il faisait partie des huit finalistes présentant des collections et des concepts à sept designers de LVMH, représentant des marques dont les revenus annuels cumulés dépassent les 20 milliards d’euros.

Malgré ses origines modestes, l’élite britannique est omniprésente dans les collections de Steven Stokey-Daley. L’une d’entre elles s’inspirait de Retour à Brideshead, le roman d’Evelyn Waugh racontant l’histoire d’une famille noble maudite ; une autre était tirée d’Un Autre pays, une sombre histoire d’homosexualité refoulée dans un internat britannique. Sa mode mêle les codes des grandes écoles huppées, sa propre sensibilité et d’élégantes illustrations, comme le montre un trench-coat en coton kaki imprimé d’esquisses d’oie dans lequel il est venu chercher son prix.

Pour son dernier défilé, S.S. Daley a fait appel à une troupe d’acteurs du National Youth Theatre. Et il faisait déjà tellement de bruit à ce moment-là que le bureau d’Anna Wintour a appelé pour demander à assister à la répétition. Avant d’étudier la mode masculine à l’Université de Westminster et d’obtenir son diplôme en 2020, Steven Stokey-Daley faisait lui-même partie du National Youth Theatre depuis l’âge (encore innocent) de 16 ans. Son école de mode avait vue sur les terrains de jeu de la très élitiste Harrow School, dont l’esthétique policée a largement influencé ses créations jusqu’à maintenant.

En deux ans seulement, S.S. Daley a réussi à se construire une base de clients fidèles en ligne, notamment grâce à son succès auprès du très influent chanteur Harry Styles. C’est son styliste, Harry Lambert, qui a découvert Steven Stokey-Daley et a demandé des vêtements pour l’artiste : un pantalon large fait à partir de rideaux en lin à fleurs et une chemise blanche en voile. Et ce dernier les a tellement aimés qu’il a choisi de les porter dans le clip de son titre “Golden“.
 
Juste après la remise du trophée doré de LVMH, nous nous sommes entretenus avec Steven Stokey-Daley, âgé de 25 ans, dans les locaux de la Fondation Louis Vuitton. Il évoque pour nous sa vision de la mode, ses sources d’inspiration et les projets que le chèque de 300.000 euros qu’il vient de recevoir va lui permettre de mettre en œuvre.
 


S.S. Daley Printemps/été 2022 - Photo: Instagram - Foto: Instagram


FashionNetwork : Comment vous sentez-vous maintenant que vous avez remporté le prix LVMH, décerné par le plus grand groupe de mode au monde ?

Steven Stokey-Daley : Sincèrement, au début, je ne me rendais pas compte, je commence seulement à réaliser. Je ne faisais pas partie des favoris, donc c’est une énorme surprise !
 
FNW : Comment avez-vous vécu cette expérience de présentation devant un jury très compétent composé de designers de talent ?

SSD : Ce sont des personnes qui m’inspirent personnellement dans ma vie, ma formation et ma carrière. J’étais intimidé, apeuré, excité. Ils ont été adorables, et j’ai vraiment apprécié de pouvoir leur présenter mon univers. C’est un grand honneur de faire ce genre de choses.
 
FNW : Que vous ont-ils demandé ?

SSD : C’est une bonne question ! Ils m’ont posé des questions concernant mon modèle de production, le sourcing des matières, mes références, mes projets pour l’avenir, ma vision de la croissance…
 
FNW : Parmi ce jury, quels sont les designers qui vous ont personnellement inspiré ?

SSD : Je me suis formé à Londres, et je crois que Jonathan Anderson est une énorme source d’inspiration pour moi. Je crois qu’il a vraiment ouvert un nouveau chemin pour la mode masculine. C’est probablement grâce à lui que je peux faire ce que je fais aujourd’hui, il a en quelque sorte tracé la route.
 
FNW : Votre grand-mère vous aide-t-elle toujours avec la production ?

SSD : Oui, elle travaillait dans une usine textile quand elle avait 15 ans, près de chez moi, à Liverpool. Maintenant, elle a fermé. Ma grand-mère a toujours été la créative de la famille. C’est l’histoire habituelle, n’est-ce pas ? Tout le monde est influencé par sa grand-mère.
 
FNW : D’où venez-vous, à Liverpool ?

SSD : Je suis de la banlieue de Liverpool, un endroit qui s’appelle Aintree. J’ai même travaillé à l’hippodrome en tant que serveur pendant les courses, mais j’avais 16 ans, à l’époque.
 
FNW : Vos créations ont une esthétique plutôt sensible. Comment définiriez-vous cet ADN ?

SSD :
Je m’inspire de vieilles idées dépassées et kitsch de la tradition britannique, qui sont souvent réservées à une frange spécifique de la société. Je leur donne une nouvelle vie, un nouveau souffle : je les transpose dans un contexte moderne depuis ma propre perspective ouvrière, je crois.


S.S. Daley Printemps/été 2022 - Photo: Instagram - Foto: Instagram


FNW : Que s’est-il passé avec Harry Styles et son clip pour Golden ?

SSD : Ça a été un grand moment pour moi. Cela m’a vraiment donné l’opportunité de me projeter, de penser comme une marque. Cela a joué le rôle d’un tremplin, d’où prendre mon élan pour imaginer une collection entière puis présenter un défilé. Harry Styles porte une chemise et un pantalon à nous dans ce clip, et à partir de ce moment-là, nous les avons proposés en pré-commande sur notre boutique en ligne. Cela nous a donné la marge financière nécessaire pour commencer une collection. Il porte toujours nos vêtements et il commande beaucoup chez nous. Il est vraiment génial, c’est un grand soutien. À titre personnel, Harry est aussi une personne véritablement adorable.
 
FNW : Plusieurs membres du jury se sont dits impressionnés par votre esprit d’entreprise. Ils ont salué le fait que vous ayez eu le courage de lancer votre marque en pleine pandémie.

SSD : C’est agréable à entendre. Nous continuons à fonctionner de la même façon, à travailler localement et à utiliser beaucoup de matières britanniques. Cela s’est révélé très intéressant, car pendant le confinement, nous ne pouvions pas nous approvisionner en-dehors du Royaume-Uni. Donc j’ai pris l’initiative de faire des recherches concernant l’artisanat en Grande-Bretagne. Nous avons visité une petite filature familiale, qui fonctionne depuis les années 1700. Évidemment, les machines ont beaucoup changé depuis, mais ils ont des archives qui retracent toute leur histoire depuis le début. Nous avons aussi travaillé en étroite collaboration avec des filatures de laine en Écosse et des filatures de lin en Irlande.
 
FNW : Quand pourra-t-on découvrir vos prochaines idées ?

SSD : En septembre, je pense. À Londres, pendant la prochaine saison du prêt-à-porter féminin. J’adorerais défiler à nouveau. Nous avons présenté des défilés en février et en septembre. D’ailleurs, en septembre, nous avons collaboré avec le National Youth Theater pour proposer un événement inspiré d’une pièce de théâtre, une décision plutôt courageuse, je pense. Un soir, nous avons reçu un appel du bureau d’Anna Wintour, qui voulait assister à la répétition. Je me disais, “Oh mon Dieu, je suis sûr qu’elle n’a pas compris que c’est une pièce de théâtre et pas un défilé“. Mais au final, tout s’est bien passé. J’aime explorer cette relation avec la façon de montrer la mode et proposer de nouvelles idées.
 
FNW : Vous n’avez jamais hésité à dénoncer l’élitisme du secteur, la lutte des classes et à rappeler d’où vous venez. Aujourd’hui, vous arrivez à un niveau symbolique, aux côtés des grandes maisons. Alors, comment pensez-vous résoudre cette possible contradiction dans vos prochains projets et collections, tout en restant fidèle à vos principes ?

SSD :
C’est intéressant, parce que je ne me considère pas comme un opposant agressif envers un groupe de personnes. Depuis mes débuts, j’ai été confronté au monde de Harrow School, la deuxième grande école la plus chère du Royaume-Uni. Je me mettais à la fenêtre de mon studio et je regardais ce monde différent qui s’étalait sous mes yeux. Je me suis toujours placé comme un observateur, pas comme un agitateur. Cela m’a simplement fait réaliser à quel point certains sont aisés, un monde que je ne connaissais pas du tout.
 
FNW : Rien à voir avec la lutte des classes, alors ?

SSD : Non, et je n’essaye pas de changer le monde. Vous voyez ce que je veux dire ? Je fais des observations sociales. C’est tellement évident par rapport aux références avec lesquelles j’ai commencé, basées sur ces grandes écoles. C’est intéressant de regarder cet univers qui est tellement porté aux nues dans la culture britannique élitiste, et qui ne l’est pas du tout dans un contexte ouvrier. J’ai toujours adoré le théâtre et c’est ce qui m’a tiré vers le bas à l’école, à Liverpool. Mais le théâtre est vu complètement différemment dans ces grandes écoles. Je trouve que ce contraste est très intéressant à explorer et à étudier.

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