Tesco : le bénéfice annuel bondit de 30 %

Tesco a publié mercredi un bénéfice annuel supérieur aux prévisions qui conforte son redressement et arrive à point nommé sur fond de contestation par certains actionnaires de son offre récemment annoncée sur le grossiste Booker.

Le bénéfice d'exploitation avant éléments exceptionnels du numéro un britannique de la distribution a progressé de 30 %, à 1,28 milliard de livres sterling (1,50 milliard d'euros), sur l'exercice clos le 25 février, contre 944 millions de livres sur la période précédente. Les analystes prévoyaient en moyenne 1,26 milliard de livres, selon les données de Reuters.

Sur le marché britannique, les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont progressé de 0,9 % sur l'exercice, leur première hausse en sept ans.
Elles sont en hausse de 0,7 % sur les 13 semaines au 25 février, période correspondant au quatrième trimestre fiscal de Tesco, affichant ainsi un cinquième trimestre consécutif de croissance.

« Nous sommes confiants sur le fait que nous pouvons tirer parti de cette solide performance au cours de l'année à venir », a déclaré le directeur général, Dave Lewis.

Les investisseurs ont pourtant mal réagi aux résultats, à en croire la baisse de 3,63 % du titre vers 9h10 GMT, à 188,50 pence - le plus fort recul du FTSE-100 à Londres et du FTSEurofirst 300 paneuropéen.

Le broker Liberum note en particulier une contraction des marges à l'international, de 46 points de base sur l'exercice après une baisse de 30 pdb au premier semestre, qu'il attribue au durcissement de la concurrence en Europe orientale et à une faiblesse passagère des ventes en Thaïlande.

Des traders évoquent surtout des prises de bénéfice alors que le titre s'est apprécié de 6 % sur les cinq dernières séances.

245 millions de livres d'amendes pour le scandale de 2014

Dave Lewis, en poste depuis septembre 2014, a stabilisé l'activité de Tesco en baissant les prix, en réorganisant l'offre de produits, avec notamment un accent mis sur la qualité des produits frais, et en améliorant le service client.

Il a parallèlement soigné les relations avec les fournisseurs et cherche maintenant à se développer dans le segment des services aux restaurants, aux cafés et aux pubs avec l'acquisition de Booker, annoncée fin janvier pour un montant de 3,7 milliards de livres.

Il s'agit de l'opération de croissance externe la plus audacieuse annoncée par Tesco depuis le scandale comptable qui l'a plongé fin 2014 dans la plus grave crise de ses 100 ans d'histoire, mais elle est contestée par certains gros actionnaires du groupe qui la jugent trop coûteuse et potentiellement dangereuse pour son redressement.

Dave Lewis estime au contraire que le projet sera bénéfique pour les actionnaires et apportera des synergies substantielles en permettant à Tesco d'accéder au marché en pleine croissance des repas pris à l'extérieur.

Les résultats annuels intègrent une charge ponctuelle, déjà annoncée, de 245 millions de livres en lien avec le scandale comptable de 2014.

Tesco est parvenu en mars à un accord amiable avec le Serious Fraud Office (SFO) en vertu duquel il s'acquittera d'une amende de 129 millions de livres et assumera les coûts de l'enquête de deux ans et demi de l'agence de lutte contre la fraude.

Le groupe va par ailleurs indemniser les investisseurs à hauteur de 85 millions de livres aux termes d'un accord conclu, en mars également, avec la Financial Conduct Authority (FCA), qui veille aux bonnes pratiques sur les marchés.