Du 16 au 18 juin se tenait à Tunis le salon Texmed. L’occasion de revenir avec ses exposants sur le phénomène de la fast fashion et son avenir.

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Quelque 3000 professionnels étaient venus rencontrer les 250 exposants de Texmed. Avec pour ambition de devenir le rendez-vous de toute la zone euro-méditerranéenne, Texmed est plus que jamais au cœur du phénomène de la fast fashion. La Tunisie est en effet le cinquième fournisseur de l’Union Européenne en habillement. En 2009, le pays exportait ainsi 2,25 milliards d’euros de vêtements vers le Vieux Continent, en progression de 12,7 % (chiffre Euratex). Entre l’émergence des pré-collections et le prix croissant des transports, l’industrie européenne a trouvé au Maghreb le cadre idéal pour réaliser des collections courtes en un temps parfois record.

"Avant on commandait de 3 à 6 mois en amont. Aujourd’hui, on en est à 15 jours, et cela peut se porter sur seulement 50 modèles", résume Nidhal Benhammadi, chef du service commercial de VTL. Ce confectionneur, qui compte parmi ses clients Adidas, Lacoste, Puma, Décathlon ou Lafuma, a clairement modifié son mode de fonctionnement pour suivre le mouvement. "Les équipes de production sont à présent bien différentes. On a dû créer des lignes de production réduites, mais dont les travailleurs savent maîtriser une production du début à la fin".

Pour Doss Kamel, la fast fashion n’est pas pour autant un mal. Technico-commercial de la société de traitement du textile ITS (Impression et Teinture du Sahel), il y voit une bonne réponse à la hausse du prix des matières premières. "Entre la crise et le prix des fils en hausse de parfois 30 %, la diminution des bénéfices était telle que la fast fashion nous a beaucoup aidés. Mais on sent quand même que le phénomène a tendance à se calmer. La taille des commandes s’étoffe aujourd’hui, mais les clients restent très exigeants sur les délais".

"Les acheteurs européens sont plus que jamais en quête de pièces plus élaborées"

"Nous avions senti l’évolution il y a un peu plus de cinq ans", se rappelle Faycal Laadhar, Directeur commercial de La griffe, fabricant d’étiquettes pour l’habillement, officiant notamment pour Etam ou Celio. "Cela a clairement correspondu aux grandes vagues de délocalisation vers l’Asie. C’est un peu un traitement d’épicier. Mais on parle régulièrement d’un retour des commandes vers l’Euromed, suite aux déceptions rencontrées notamment en Chine." Un retour des grosses commandes vers le Maghreb que beaucoup évoquent mais que peu attendent à moyen terme.

Le salon Texmed 2010

La fast fashion semble, quoiqu’il advienne, avoir eu un effet collatéral des plus appréciables sur la création. "Pendant que la production de basiques se fait en Orient, les acheteurs européens sont plus que jamais en quête de pièces plus élaborées" explique Aymen Soussi, designer pour le bureau de style tunisien Ulysse Fashion. "De fait, la mode tunisienne n’a pas perdu au change, car le savoir-faire et l’imagination des designers locaux sont de plus en plus demandés".

Un constat qui satisfait Abdelaziz Dahmani, Président de la Fédération nationale du textile. "Nous avons lancé bon nombre d’instituts et de centres de formations pour les jeunes designers", explique ce dernier. "Car, pour que la fast fashion marche, il faut savoir produire de nouvelles collections. Nous fondons beaucoup d’espoir sur ces jeunes créateurs. Et cela a déjà commencé à payer".