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Clémentine Martin
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25 juin 2018
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Thom Browne : l’esthétique des nains de jardin s’invite à Endicott

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Clémentine Martin
Publié le
25 juin 2018

Il faut bien le reconnaître, Thom Browne n’est jamais à court d’idées quand il s’agit de réinventer son fameux costume en flanelle grise fétiche, au cœur de son ADN résolument Wasp.


Thom Browne - printemps-été 2019 - Menswear - Paris - © PixelFormula


En ce dimanche parisien ensoleillé, les dandys de Thom Browne se sont momentanément changés en… nains de jardin ! Fausses barbes grises, chapeaux pointus de forme conique, pantalons à bretelles de petit garçon, rien ne manquait à l’appel. Ces faux nains très élégants sont apparus dans le jardin de l’école des Beaux-Arts de Paris avec des tondeuses des années 1950 pour tondre le gazon, occupé pour l’occasion par une grande cabane d’enfant et délimité par une clôture à piquets. De vrais petits nains blancs, des mini-moulins à vent et un jardinier distribuant des fleurs aux invités du premier rang venaient compléter ce tableau bucolique.
 
Pour sa collection printemps 2019, Thom Browne s’est largement inspiré de la Nouvelle-Angleterre, entre blazers rayés, vestes passepoilées dignes d’un film de Woody Allen dans les Hamptons des années 1930 et pantalons en coton roses et bleu ciel imprimés de baleines pour évoquer le bord de mer. Sans oublier les beaux manteaux ornés d’immenses homards brodés. Les mannequins portaient des chapeaux de clown piqués d’un pissenlit. Leurs visages étaient peints de fausses barbes orange. Ils défilaient perchés sur des richelieus bicolores classiques, mais juchés sur d’imposantes plateformes.

Trait de génie du défilé : les mannequins arrivant deux par deux vêtus exactement des mêmes looks dans des proportions différentes. Par exemple, l’un en costume de petit garçon avec une minuscule veste et un pantalon ⅞ et l’autre dans des proportions exagérément oversize. Soulignons également les vestes à damier, les blazers de cricket à rayures caractéristiques et les vestes décontractées ornées d’ancres.
 
« L’un des looks incarne mes débuts il y a 17 ans, le suivant est la silhouette de la saison », explique Thom Browne, qui ne compte absolument pas altérer les coupes pour vendre les vêtements.

Pour mesurer la popularité d’un créateur, facile : il suffit de regarder quelle proportion de son public porte ses créations. Et près de la moitié de la foule des Beaux-Arts arborait les costumes gris typiques de Thom Browne ou ses pulls couleur charbon.


Thom Browne printemps-été 2019 - Collection homme - Photo: PixelFormula


« Tout est parti des nains de jardin et tout s’articule autour d’eux, parce qu’ils sont ridicules et absurdes. Ça et l’iconographie de la côte Est très bon chic bon genre. C’est très américain de broder des crustacés sur un pantalon », ajoute le couturier, lui-même originaire des États-Unis.
 
Le défilé et l’ambiance évoquaient cependant étrangement le fameux clip « Endicott », de Kid Creole. Une chanson pop ironique racontant le destin d’une personne bien élevée de la classe moyenne américaine et nommée d’après la ville d’Endicott, spécialisée dans la confection de chaussures et surnommée La Ville des Bonnes Affaires. Mais Thom Browne ne connaissait apparemment pas ce clip et a affirmé ne jamais en avoir entendu parler.
 
Il n’a pas manqué de souligner que chaque siège était orné d’une note portant simplement l’inscription : « Voir le monde à travers mes yeux. » Et malgré le rythme peut-être un peu lent, c’est bien ce qui s’est passé aujourd’hui.
 
Thom Browne est capable de construire de merveilleux environnements et signe avec ce défilé une nouvelle esthétique intelligente et tendance. Mais les mannequins se déplaçant très lentement, ce qui se répète dans tous les derniers défilés du couturier (durant près de deux fois plus longtemps que les autres…), commencent à lasser un peu.

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